Publié
J’ai accouché avant terme : Nombreuses sont les mamans qui accouchent avant terme, de quelques jours à quelques semaines. La fin de grossesse est toujours un mélange d’excitation et d’angoisse pour la future maman qui peut se sentir coupable de n’avoir pu « garder » son tout petit bien au chaud. Merci Camille pour ce témoignage !
Un joli mariage, puis la joie d’être enceinte quelques mois plus tard. Quelle grâce ! Nous étions si heureux à l’annonce de la grossesse, nous désirions tellement ce bébé. Nous venons d’emménager ensemble dans le sud est de la France, loin de toute notre famille. Mon mari est très occupé par son métier de militaire mais il a pu être présent lors de l’accouchement. De plus, au vue de la situation compliquée, son emploi du temps a été assoupli ce qui lui a permis d’être avec nous une bonne partie de la journée. Par chance, la semaine où j’ai accouché, mes parents étaient venus nous rendre visite. Je crois que dans ces moments, nos parents jouent un rôle très important et j’étais rassurée de les savoir près de nous.
J’ai toujours eu l’intime conviction que j’irai au bout de ma grossesse, même si j’étais en MAP. Lorsque Diane a décidé de nous rencontrer, je n’y croyais pas. De fait, je ne me suis pas préparée à un accouchement aussi tôt, c’est brutal. Sincèrement, j’ai très mal vécu le fait d’accoucher avant terme. D’une part j’étais très inquiète pour ma fille, d’autre part c’est la culpabilité qui s’installe. Pourquoi moi ? Pourquoi les autres femmes arrivent à terme et moi non ? Je ne suis peut-être pas assez forte pour protéger mon bébé et le garder au chaud ? J’ai dû faire quelque chose de mal pendant ma grossesse pour que bébé arrive avant (trop d’activité, pas assez de repos). Pourtant cette idée est totalement fausse puisque j’ai été alitée une grande partie de ma grossesse. Des multitudes de questions me viennent et je culpabilise.
Le papa a été formidable. Il m’a énormément soutenu et a réussi à détendre la situation avec son humour et sa bonne humeur ! Heureusement, qu’il était présent ! Sans lui qui est le pilier de ma vie, tout aurait été plus difficile à supporter. Malgré son sourire, il était tout aussi inquiet que moi, pour Diane, puis pour moi. Il voyait que je me renfermais dans cette culpabilité qui n’avait pas lieu d’être.
Évidemment, je n’ai pas échappé aux maux de grossesse des premiers mois. Ceux-ci ont été accompagnés d’un décollement du placenta, qui m’a valu d’être alitée les trois premiers mois. Trois mois : le décollement s’est résorbé, les maux ont disparu.
Enfin, je vais pouvoir profiter de ma grossesse pleinement ! C’était sans compter sur l’apparition de quelques contractions, qui se sont intensifiées au cours du 5ème mois. Mais je ne m’alarme pas, c’est une première grossesse, je ne suis pas certaine que ce soit de réelles contractions.
À six mois, je commence les cours de préparation à l’accouchement. Lors du premier cours, j’explique à la sage femme que j’ai l’impression d’avoir de nombreuses contractions. En effet, elle m’explique que mon col est totalement modifié, raccourci, ouvert. Alors que mon col était parfait deux semaines auparavant. Le mot d’ordre est : Repos alitée. Je respecte à la lettre cette recommandation de la sage femme. Cependant, ça n’inquiète pas le gynécologue qui dit selon lui : « votre bébé n’arrivera pas avant 3 semaines, il sera viable », et je serai qu’à 6 mois et 3 semaines.
À 6 mois et demi, les choses s’accélèrent malgré le repos total. Lors du mon rendez vous mensuel, le gynécologue n’a pas l’air serein aux vues des nombreuses contractions douloureuses qui agissent sur mon col et d’un bébé qui a un retard de croissance in utero.
En 15 min, je me retrouve dans une chambre et on m’explique que je suis hospitalisée, qu’il est nécessaire d’effectuer une piqûre pour la maturation des poumons de bébé. À ce moment, je me demande pourquoi nous ? Pourquoi toutes ces complications alors que j’ai fait si attention ? Et je me laisse déborder par mes émotions, j’ai peur pour mon bébé, que j’aime déjà tant.
Cette hospitalisation n’a duré que 48h, à la condition d’être suivie par une sage femme à domicile tous les deux jours et de prendre un traitement pour arrêter, tout du moins, limiter les contractions. Les monitos se ressemblent tous, contractions régulières. Pourtant je passe mes journées allongées à lire, regarder des séries, manger, dormir…
7 mois, je tiens bon !
Samedi 13 mai, la sage femme m’explique que mon col est totalement effacé, et pourtant dans ma tête j’irai jusqu’à la fin de ma grossesse.
Dans la nuit du 15 au 16 mai, les contractions sont de plus en plus douloureuses à partir de 2h du matin. 6h, cela devient insupportable, nous partons à la maternité et avec toute ma naïveté, je pense rentrer chez moi. La sage femme pense à un faux travail mais non ! « Madame vous êtes à trois doigts ! Comment ça ? C’est pour aujourd’hui ! »
Je ne peux retenir mes larmes, j’ai peur. Peur que mon bébé soit trop faible pour affronter la vie.
On m’installe en salle de naissance, je suis chamboulée. La sage femme m’explique que nous irons en néonat mais que nous ne serons pas séparés longtemps (si mon bébé est en forme) puisqu’il y a une chambre mère-enfant disponible.
Pose du cathéter, premier malaise. L’anesthésiste arrive pour la péridurale, second malaise. Ensuite, je suis plus apaisée. Notre bébé a décidé que c’était pour aujourd’hui, alors il vaut mieux être dans la joie que dans la peur. Quelques heures plus tard, quelques poussées et nous entendons les premiers cris de notre bébé ! « Vous pouvez attraper votre bébé Madame », ma première réaction est de dire que mon bébé est si petit.
C’était le choc, je n’imaginais pas un bébé aussi petit. Nous avons voulu garder la surprise du sexe, et je n’ai même pas pensé à regarder si c’était une fille ou un garçon. Mon mari me dit « c’est une fille c’est une fille », deux secondes sur maman et on m’enlève déjà ma fille. À ce moment là, je me suis sentie vidée, seule.
L’attente fût longue avant le retour de Diane et mon mari. 1,990kg, Diane ira en couveuse, l’équipe soignante me laisse lui faire un câlin de deux minutes puis me l’arrache encore une fois. Quel sentiment affreux pour une maman qui se doit de protéger son bébé.
3h plus tard, je retrouve ma fille. Elle est si petite et me fend le cœur. Elle est branchée mais je peux quand même lui donner le sein. Malheureusement, ce sera avec beaucoup de regret que l’allaitement ne se passe pas au mieux. Diane manque de force et se fatigue très rapidement en tétant, nous avons tenu une semaine avant de passer au sein et au biberon pour éviter qu’elle ne s’épuise. Le but étant qu’elle prenne du poids rapidement.
Diane ne pesait que 1,990kg, et forcément avec un petit poids de naissance on s’inquiète. L’alimentation a toujours été difficile avec Diane, la tétée/biberon pouvait durer une heure et elle ne finissait pas la quantité de lait qui était prévue (45ml). Nous devions la réveiller toutes les trois heures jour et nuit pour qu’elle puisse boire ; autant dire que nous dormions que très peu.
À proprement parler, je n’ai pas eu de peur concrète pour la santé à l’exception de l’alimentation et la prise de poids de Diane. Cependant, j’étais inquiète du retard de développement qu’elle pouvait avoir. Il est vrai que les deux premiers mois, Diane était encore très petite et dormait énormément. Nous avons vu ce retard jusqu’à ses 8 mois, passé ce cap, Diane s’est développé correctement et personne ne voit que c’est un bébé prématuré (mis à part qu’elle est encore petite et fine mais c’est une fille !).
Aucune séquelle pour Diane ni pour moi.
Lors de notre séjour en neonat, deux jours après mon accouchement, on m’a proposé d’être interviewer pour l’émission La maison des maternelles. Je refuse, c’est bien tôt pour moi. Cependant, j’ai eu la visite d’une maman d’un petit garçon prématuré, qui est à la tête de l’association les Fées prémas et cette visite m’a fait du bien, de voir que je n’étais pas la seule dans cette situation.
Concernant le corps médical, le pédiatre qui s’occupait de Diane était très à l’écoute et prenait le temps de nous expliquer. C’est important pour les parents.
Les débuts de vie avec un bébé né à terme sont déjà compliqués, je suppose, alors avec un bébé né prématurément cela est encore plus compliqué. Alors n’écoutez que votre cœur, vous êtes la maman, personne ne sait mieux que vous ce qu’il faut pour votre bébé. Il faut vous faire confiance. Profitez de votre bébé et ne culpabilisez pas.
De Camille Cosson
Préparation à l’accouchement : qu’est-ce que la méthode Bonapace ?