La communication dans le couple est un art… qui s’apprend ! Au fil des années, mieux on se connaît, mieux on communique. Mais cela nécessite de la volonté et des ajustements.
Quand j’étais jeune, on m’avait raconté l’histoire de ce vieil homme avouant à sa femme, sur son lit de mort, que, par amour, il avait mangé sans se plaindre les épinards qu’elle lui préparait avec tant de joie chaque semaine depuis plus de 60 ans. Elle s’était alors écriée qu’elle ne les avait cuisinés que par amour pour lui qui semblait tellement heureux de les manger, car elle les détestait tout autant !
La conteuse évoquait avec émotion cet oubli de soi pour le bonheur de l’autre qui lui semblait exemplaire. Mais comment imaginer qu’un amour véritable puisse reposer solidement sur une erreur si longue, une telle méconnaissance de l’autre, une absence flagrante de communication ? Certes, l’exercice de la vertu est toujours profitable, mais ne vaut-il pas mieux le faire en vérité pour en retirer les bénéfices. Sans compter qu’être heureux n’a jamais fait de mal !
Accepter sans mot dire une décision avec laquelle on n’est pas d’accord ou une étreinte quand on n’en a pas envie n’est pas de la communication : au mieux c’est du sacrifice, au pire, c’est de la faiblesse, de l’indifférence ou la peur de communiquer. Remplir l’agenda, inonder le frigo de Post-it ou annoncer en partant à son conjoint que l’on rentre à telle heure n’est pas de la communication, c’est de l’information. Balancer les assiettes à la figure de l’autre lors d’une dispute, ou partir bouder, est une preuve que la communication a échoué.
Et si la déclaration, l’information, les gestes d’amour, le silence ou l’insulte sont des éléments de communication, ils ne la définissent pas. Mais qu’est-elle alors ?
Le verbe « communiquer » a une étymologie surprenante… Il tient son côté partageur du latin cum, qui signifie « avec ». Et le reste est de la même famille que le verbe munio qui signifie en premier lieu « faire un travail de terrassement, de maçonnerie », mais aussi « construire des fortifications » et qui a donné le nom moenia qui signifie « remparts ».
Communiquer, c’est donc construire une relation, en faisant rentrer l’autre chez nous, dans nos remparts, et en rentrant dans les siens. Si l’un des deux reste à l’extérieur, pas de communication ! Et c’est la guerre ou l’ignorance ! On comprend mieux tout le vocabulaire militaire lié à cette entreprise pas toujours réussie : on évoque des cibles, des objectifs, on parle d’entrer en contact, d’attaquer de front, de se retirer dans sa tour d’ivoire, de camper sur ses positions, de rester dans ses retranchements. Et que dire des « polémiques » et des « stratégies » quand on sait que polemos, en grec, c’est la guerre et strategos, le chef de guerre !
Communiquer, c’est donc rentrer en contact et échanger. Et que faut-il pour y parvenir ?
Tout cela suppose un savoir-faire et des outils, le danger étant de penser que l’amour des débuts puisse dispenser d’un apprentissage. Trop de couples s’y sont abîmés.
Le merveilleux, c’est que notre époque dispose d’un grand nombre de moyens. On n’a que l’embarras du choix pour améliorer sa communication verbale et non verbale ! Aristote ou Quintilien, dès l’Antiquité, ont posé les bases et établi des règles qui sont toujours d’une incroyable actualité.
Plus proche de nous, différemment, les nouvelles sciences de l’information et de la communication se développent depuis plus de quarante ans et différents programmes et techniques sont mis au point au fur et à mesure du développement des sciences humaines et sociales, chacun apportant son éclairage : Ecole de Palo Alto, PNL, analyse transactionnelle, communication non violente…
Les couples ont donc la chance d’avoir à leur disposition des soutiens qui s’inspirent de toute cette richesse…
L’important, étant de faire attention à soi et à l’autre, de le regarder (le mot « respect » vient de là), de se parler, de s’écouter pour mieux s’entendre (la fameuse écoute active !), de prendre du bon temps ensemble pour construire son bonheur.