Lors du mariage, il y a eu engagement, et donc lien, symbolisé par l’alliance. Or, qui dit anneau, dit attache, nœud, chaîne… Le mariage serait-il synonyme de perte de liberté ou faut-il comprendre autrement cette symbolique ? Quelle est la vraie nature de ce lien qui unit les époux ?
Il est souvent de bon ton d’évoquer le mariage et ses chaines, la corde au cou, la cage dorée…, et les bons mots amers sont légion. « Les chaînes du mariage sont si lourdes qu’il faut être deux pour les porter. Quelquefois trois.« , ironise Alexandre Dumas fils. « Le mariage, c’est charger son cœur de plus de chaînes qu’il n’en saurait porter. », ajoute Jacques-Henri Meister (De la morale naturelle, 1788). Le frère d’une amie, quant à lui, plaisante : « Le mariage est une forêt qui compte plus de chênes que d(e)’hêtres ! »
Tout cela n’est pas très engageant, il faut bien l’avouer … Et l’on peut comprendre ceux qui ne s’y risquent pas. Peut-on imaginer de s’engager librement pour perdre sa liberté ?
Mais pourquoi alors contracter cette union, pourquoi rechercher un acte qui engage totalement les individus ?
Sans doute parce qu’il y a différentes façons d’utiliser une corde. On peut s’en servir pour étrangler, ligoter, étouffer quelqu’un ou au contraire pour le guider, le sauver, le préserver.
Un garde-fou, diraient certains, pour éviter de sombrer en empruntant ce beau chemin si escarpé qu’est la vie à deux. Le mariage conditionne la structure de la famille et de la société. Il est là pour protéger les femmes en rappelant aux hommes qui l’oublieraient plus facilement (pour certains) que les enfants n’ont pas été faits seuls et qu’ils doivent en assumer la responsabilité partagée… Pour obliger les conjoints à ne pas juste profiter des plaisirs en oubliant les devoirs mutuels (assistance, respect, secours, fidélité). Pour construire une base solide à l’amour quand la tentation serait de papillonner…
Mais cette vision est encore assez réductrice. Un barrière de sécurité, pour être sécurisante, n’a rien d’exaltant.
Mais alors, pourquoi d’autres sont-ils si désireux de se lancer dans l’aventure ? Sans doute parce si la corde peut servir de garde-fou, elle permet aussi de s’encorder pour monter jusqu’au sommet.
C’est sans doute là qu’il faut chercher la vraie signification du mariage.
« Je ne marie pas avec toi, parce que je t’aime, écrivait Jean Guitton, mais je me marie avec toi pour mieux t’aimer. »
Et comment le mariage pourrait-il être une aide à l’amour ? C’est ce morceau de papier, ce contrat, qui fait de si belles choses, direz-vous ? On peut s’aimer véritablement sans être mariés, et certains mariages s’écrasent lamentablement.
C’est certain, mais la force du mariage n’est pas dans le contrat écrit, mais dans l’engagement pris librement. C’est un garde-fou, certes, car la cordée empêche l’un ou l’autre de tomber dans l’abîme. C’est aussi un panneau indicateur pour ceux qui hésiteraient sur la marche à suivre, sur le chemin à prendre, car les bonnes intentions ne suffisent pas. Mais c’est aussi et surtout un lien qui, s’il est soigné, permet à deux personnes (et à leurs enfants) de progresser plus facilement vers un idéal, vers des sommets d’amour. Pour les atteindre, les conjoints sont obligés de donner le meilleur d’eux-mêmes. Il y a lien d’amour, non de dépendance. Or, il n’y a pas d’amour sans liberté. Enlevez l’amour, le mariage devient cage. Cultivez-le, c’est un paradis.
Le mariage est la fusée, certes étroite et fermée, mais puissante et irremplaçable pour arriver aux cieux. Son carburant c’est l’amour. Le vrai amour. Lui seul peut nous propulser à des hauteurs stratosphériques (d’ailleurs, les catholiques ajoutent que l’amour ne fait pas tout s’il n’a pas le booster de la grâce divine, de l’aide de Dieu, envoyée lors du sacrement).
Reste à définir ce qu’est l’amour… Tout un programme !