Un collège catholique d’Alsace annule la projection du film Tomboy après avoir reçu plusieurs plaintes et réclamations des parents. Alors qu’en est-il réellement ?
Cette situation n’est pas récente et la polémique est récurrente. En 2012, le film était présent dans le projet école et cinéma.*
Suite à ce projet, en 2013, des parents d’élèves avaient exprimé leurs craintes à propos de la diffusion de ce film. Des pétitions avaient alors eu lieu pour que les élèves ne puissent pas le voir.
C’est donc une polémique déjà vue qui s’est déroulée en ce mois de mai au sein d’un collège catholique du Bas-Rhin.
Tomboy est un film sorti en 2011, primé au festival de Berlin l’année de sa sortie.
Réalisé par Céline Sciamma, il raconte l’histoire de Laure, jeune fille un peu « garçon manqué », fraîchement arrivée dans son nouveau quartier. Elle décide de se faire passer pour un garçon. Durant l’été, Lisa, une des filles de son nouveau groupe d’amis, tombe amoureuse du garçon qu’elle croyait connaître.
Le film est accusé de promouvoir la théorie du genre auprès d’un public jeune. D’autres y voient une ouverture sur des sujets complexes d’actualité auxquels sont confrontés les élèves.
Suite à l’annonce par le collège de la diffusion prochaine du film, des parents ont contacté la direction de l’Enseignement Catholique d’Alsace pour exprimer leurs craintes.
La Direction Diocésaine de l’Enseignement Catholique a alors affirmé : « Après-réflexion, nous avons estimé que la question du genre n’avait pas valeur à être traitée par des enfants de 6e si eux-mêmes n’ont pas posé de question sur le sujet à leurs parents ».
Outre le fait d’avoir un avis sur la diffusion ou non de ce film, ce type de situation met en lumière une problématique plus profonde :
Selon la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948, « Les parents ont, par priorité, le droit de choisir le genre d’éducation à donner à leurs enfants ». Pour confirmer cela, la Convention Européenne des Droits de l’Homme précise : “L’État se doit de respecter le droit des parents d’assurer cette éducation et cet enseignement conformément à leurs convictions religieuses et philosophiques”. Si nous suivons ce précepte, il appartient aux parents d’aborder ces questions de la manière qui leur convient en fonction de leurs croyances religieuses et philosophiques.
Il ne faut pas oublier que l’âge est un facteur important.
Est-ce que les collégiens sont suffisamment matures pour se créer leurs propres avis sur des problématiques aussi complexes ? Les parents sont-ils les mieux placés pour savoir si un sujet est adapté ou non à leurs enfants ? La position des parents au premier rang dans l’instruction des enfants n’est-elle pas en train d’être remise en cause ?
Prenons par exemple les nouvelles contraintes (interdiction ?) de l’instruction en famille. Pratiquer l’école à la maison est aujourd’hui plus compliqué. Ce choix prend aujourd’hui la forme d’une demande qui doit être dûment justifiée et approuvée par l’État. (Pour information, auparavant une déclaration suffisait.)
Les contraintes et injonctions éducatives abondent de tous côtés et parfois s’imposent aux familles. Comment les parents peuvent-ils, dans ce contexte, rester les premiers éducateurs de leurs enfants ? Est-ce que ces contraintes favorisent une homogénéité au sein des classes, une égalité des chances ? Ou au contraire appauvrissent-elles le quotidien des enfants en oubliant le contexte familial ?
Pas de réponses absolues, mais des questions qu’il est intéressant (et nécessaire !) de se poser pour le bien : des enfants, des familles et aussi des équipes pédagogiques qui évoluent dans un contexte de plus en plus anxiogène.
Le dialogue est à privilégier. Communiquer avec les enseignants et autres intervenants, afin de connaître les motivations et de leur parler librement de ses craintes. Nous ne pouvons que vous encourager à être les plus présents possible dans l’environnement scolaire de vos enfants. Rencontrez régulièrement les professeurs ou institutrices, accompagnez les sorties pour connaître les encadrants et les élèves, prennez le rôle de parent délégué… Toutes ces actions nous permettent de « rentrer dans l’école » et de sentir l’ambiance et les idées qui y règnent.
Il est aussi important de se souvenir qu’en mettant son enfant dans une école, les parents font confiance à l’équipe. Il faut donc aussi les laisser travailler, sans pour autant s’exclure de l’éducation des enfants. C’est un équilibre fragile qui peut être parfois difficile à trouver.
*Ce projet vise à amener les élèves au cinéma pour ensuite discuter des œuvres vues. L’œuvre cinématographique est ainsi étudiée sous toutes les coutures.
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