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Ado, vous entendiez déjà les adultes se plaindre de votre génération – qui semblait se résumer à une bande de jeunes inconscients, produits parfaits d’un nouveau credo national, la liberté à tout prix, et bien loin des principes éducatifs inculqués jadis par les anciens. Quid de nos enfants aujourd’hui ? Vont-ils prendre ce chemin en pente fatale qui semble inéluctable ? La bonne éducation est-elle définitivement derrière nous, impossible à appliquer désormais ?
Hésiode écrivait déjà en 720 av J.-C. ne plus avoir « aucun espoir pour l’avenir de notre pays si la jeunesse d’aujourd’hui prend le commandement demain parce que cette jeunesse est insupportable, sans retenue, simplement terrible ». Le mythe de la bonne éducation semblait déjà faire partie des vestiges d’un passé ô combien regretté. Ce discours ne vous dit rien ? Il résonne pourtant et pourrait être issu de la bouche d’un de nos propres parents.
Charger la jeunesse de tous les péchés, c’est d’abord éviter de se remettre en cause en tant qu’éducateur. Nos enfants ne peuvent être jugés que par le fruit qu’ils produisent, et c’est nous, parents, qui donnons à nos jeunes plantes en devenir la sève et l’eau nécessaires à leur bon épanouissement. Car l’enfant est un don, qui crée en nous des devoirs. Apprendre à nos bambins les règles de la politesse, leur inculquer les bases d’une bonne conduite et le respect des autres, c’est là toute la beauté de la vie familiale : l’union du vieux con et du jeune abruti. Parce qu’il ne faut pas se leurrer, oui, nous passons pour de vieux cons réactionnaires lorsque nous obligeons nos enfants à demander pardon ou à saluer nos amies d’un cordial « bonjour madame ». Être parent, c’est aussi cela. Accepter d’inculquer à nos enfants des règles qu’ils considèrent comme inutiles mais qui feront sens chez eux des années plus tard. Et quelque soit l’époque à laquelle nous vivons, c’est un fait inéluctable.
« D’accord, mais il ne faut pas se leurrer, on a beau faire de notre mieux à la maison, l’école d’aujourd’hui est nettement moins performante, nos enfants n’apprennent plus rien ! » L’école instruit mais n’éduque pas. Encore une fois, arrêtons de décharger tous les torts sur autrui… Nos enfants seront bien éduqués si nous prenons notre rôle de parent-éducateur au sérieux. Faire de son mieux, rater quelque fois mais toujours persévérer pour tenter de leur apporter le meilleur de nous-même et faire jaillir le meilleur de leurs petites personnes, c’est notre devoir. Les enseignants de nos enfants ne sont pas là pour les éduquer à notre place. Chacun son rôle !
Dénigrer la jeunesse en se plaignant de ce qu’elle est, c’est aussi l’envier. Oscar Wilde avait cette lucidité lorsqu’il écrivait que « la nouvelle génération est épouvantable. J’aimerais tellement en faire partie. » Ne jouons pas éternellement au vieux con, acceptons le rôle qui est le nôtre et fonçons. Pas tête baissée, mais sans se plaindre. En cherchant le meilleur partout.
Chateaubriand s’interroge en 1809 dans ses Mémoires d’outre-tombe : « la vérité est qu’aucun système d’éducation n’est en soi préférable à un autre système : les enfants aiment-ils mieux leurs parents aujourd’hui qu’ils les tutoient et ne les craignent plus ? ».
Alors non, vos enfants ne seront pas moins bien éduqués que ne l’étaient vos arrière-grands-parents si vous le décidez. Mais pour cela, il faut accepter de passer pour la méchante de temps en temps, d’échouer parfois, mais de les faire grandir toujours. Vous verrez, la route est belle et elle vous mènera très haut, vous et vos enfants. Faites-vous confiance et ayez confiance en eux ! Votre modèle éducatif est le meilleur s’il est pensé pour le bien de vos enfants. Haut les cœurs !
Photo ©Caroline Blue Cicada x Lisette Made in Cannes pour MAMAN VOGUE
Estelle de Fougerolle
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