J’ai deux garçons, qui ont 11 ans et de 2 ans. Ils sont les hommes de demain. Mon mari et moi (et tout le village, puisqu’il faut un village pour élever un enfant) avons la responsabilité de les éduquer aujourd’hui, pour qu’ils soient demain des hommes formidables. Pour ce sujet, j’ai voulu interroger mon ami Julien car avec sa femme ils ont six garçons, dont plusieurs déjà adultes. Quand je vois leurs enfants, les hommes qu’ils deviennent, je me dis qu’ils ont réussi leur rôle de parents ! Alors je fonce prendre des conseils. Julien, merci d’avoir accepté de me parler de toi et tes six gars.
« Très tôt, quand on a failli perdre notre premier enfant. J’étais dépossédé de mes capacités face à ce drame. A ce moment là, j’ai réalisé que ce garçon ne m’appartenait pas, qu’il avait sa propre vie. C’est comme ça que j’ai compris que mon rôle était d’aimer mes enfants et de les éduquer, mais qu’ils ne m’appartiennent pas. Cela a crée une juste distance. Je me suis dit que j’étais essentiel pour eux, mais que je n’étais pas tout pour eux. »
« A cause de mon passé, nous avons choisi de très vite les sensibiliser au sujet de leur corps. Que leur sexe est quelque chose d’intime, de privé et même sacré. Qu’ils sachent qu’il leur appartient et que personne ne peut le toucher. Sans en faire tout un plat, mais ça se manifestait dans des petites choses. Par exemple on ne les laissait pas courir nus partout. Le plus tôt possible on leur a donné l’intuition que leur sexualité était quelque chose de précieux, de sain. Parce que tout le reste du monde leur dira que le sexe est un jeu, qu’il y même une dimension de compétition, de conquête. Je voulais rapidement leur enseigner une saine pudeur autour de la sexualité. Pas un tabou en revanche, parce qu’on répond à toutes leurs questions. Cela leur a permis d’ailleurs de venir nous parler de tout ce qui concernait ce sujet. »
« L’autre décision que l’on a pris, c’est d’arranger nos emplois du temps pour être le maximum présents avec eux. Certes, cela a nécessité beaucoup de changements, notamment de niveau de vie. Mais nous avons eu la majorité des déjeuners et des soirées présents avec eux pour nouer une relation plus qualitative. Se sont ainsi crées des zones de débriefing, des temps de communication pour les aider dans leur construction personnelle. C’est en les voyant évoluer, qu’on peut les aider un maximum dans leur quotidien. Ils ont leurs jardins secrets bien sûr ! Mais ils nous partagent aisément tout ce qu’ils traversent, même ceux qui sont maintenant adultes. Ils sont vrais, authentiques, parce que c’est ainsi qu’on les a élevés depuis qu’ils sont tout-petits. Tous savent qu’avec nous, ils peuvent être vulnérables, à cœur ouvert, sans avoir besoin de se bâtir une carapace. J’essaye moi-même d’être un modèle pour cela. »
« J’ai toujours été très attentif lors des transitions, je prenais du temps seul à seul avec chacun, parce que les différentes étapes de la vie sont importantes pour l’enfant. On a crée des rites selon les âges. Vers l’âge de 13 ans ils deviennent plus autonomes, donc on passe un temps privilégié avec eux. On les emmène deux jours à l’étranger ou alors on organise des rencontres spéciales où on sait qu’on va pouvoir parler de certaines choses pendant ces moments à part. Tous les vendredis soirs, on se retrouve en famille. Les enfants savent qu’ils sont attendus dans la cellule familiale. On partage un temps tous ensemble et ça c’est un repère dans nos relations. C’est aussi le lieu où l’on décompresse, où l’on se valorise, et cela participe à une maintenir notre famille en bonne santé. »
A chaque fois que j’écoute Julien parler je suis encouragée à mettre en premier ma relation avec mes enfants, même si ma carrière m’attire, même si mes passions m’appellent, même si je dois sacrifier certains aspects de ma vie. Ce n’est que pour un temps. Ils seront vite adultes et responsables de leurs propres vies. Que je puisse être présente, attentive, à l’écoute et disponible pendant les années où ils se construisent.
Priscille – Encourageuse sur Instagram @dépasséemaisheureuse