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Pour élever ses enfants et leur permettre de s’épanouir, il est nécessaire de déterminer un cadre.
Ce cadre composé de règles protectrices et bienveillantes les aide à savoir comment se comporter en famille et en société. C’est également grâce à ces règles que les enfants s’émancipent lorsqu’ils sont adolescents.
Or, de facto, lorsqu’il y a une règle, la nature humaine cherche à la contourner.
Négocier fait partie de la vie courante.
Il suffit d’observer un enfant pour constater que, dès le plus jeune âge, il communique et grandit, notamment, au travers de la négociation. C’est la négociation intuitive, celle que nous pratiquons tous.
Si certaines règles doivent être imposées à notre enfant (sécurité, hygiène, politesse etc.) d’autres peuvent en revanche être négociées !
Mais au jeu de la négociation, mieux vaut avoir un coup d’avance car nos petites têtes blondes nous donnent du fil à retordre !
« Il y a deux façons extrêmes de voir la négociation […]. On peut l’envisager comme un bras de fer, où le plus fort, le plus rusé l’emporte au détriment de son adversaire. On peut, au contraire la considérer comme un processus d’échange, une opportunité pour imaginer et construire ensemble des solutions qui donnent aux deux protagonistes, même de façon inégale, un sentiment de satisfaction » écrit Maurice BERCOFF dans son ouvrage L’art de négocier avec la méthode Harvard.
Malheureusement, très souvent, lorsque nous négocions, nous sommes dans le 1er cas de figure. Nous restons campés sur nos positions et tentons d’obtenir l’avantage. Dans ce cadre-là, il y a donc une absence totale de discussion et se crée une situation de blocage.
L’art de négocier est une compétence subtile et complexe qui nécessite un savoir-faire autant qu’un savoir-être.
Quand elle est maîtrisée, la négociation est un moyen idéal pour prévenir ou gérer les conflits.
Tout d’abord, rappelons qu’aucune négociation n’est possible sans relation.
Le 1er écueil à la négociation est donc l’affect, et ce, a fortiori avec nos enfants.
Lorsque nous sommes dans l’affect, nous nous laissons guider par nos émotions. Or ces dernières annihilent notre capacité de réflexion et nous empêchent de prendre les bonnes décisions, d’avoir les bonnes attitudes.
Alors bien sûr, il est naturel de ressentir de l’affect, qui plus est avec nos enfants, mais une prise de distance est nécessaire si l’on veut conduire une négociation saine et raisonnée.
Dit différemment notre enfant n’est pas le problème, c’est son comportement qui nous pose un problème.
Pour cela, nous allons pratiquer, ce que le psychologue américain Carl Rogers appelle, l’écoute active.
C’est une forme d’écoute qui implique d’être dans l’empathie envers notre enfant et d’accepter de voir la situation de son point de vue. Autrement dit, mettons-nous à sa place.
Grâce à ce changement de perspective, nous distinguerons les points de blocage, source de conflit, mais également les portes de sortie à la situation de crise.
Pour négocier, il faut se mettre au même niveau que notre enfant et ne pas être dans une relation dominant-dominé. Lorsque nous sommes dans l’échange avec notre enfant, nous lui permettons de prendre une décision et ainsi nous le valorisons tout en imposant un cadre.
Grâce à cet équilibre, notre enfant se sent respecté et l’on peut réfléchir sereinement à des solutions. Soyons créatifs !
Négocier ne signifie pas céder mais débattre, discuter.
Un accord gagnant-gagnant n’est pas forcément un accord équilibré. Ce qui est primordial c’est que notre enfant accepte la solution trouvée et que ni lui, ni nous ne soyons dans le mensonge car la confiance est indispensable à la discussion.
Pour autant la confiance n’exclue pas le contrôle. Faire reposer notre accord sur des éléments concrets facilite son application et en cas de manquement nous permet d’intervenir sans que cela semble injuste et inapproprié à notre enfant.
Bon, voilà ce qu’il en est de la théorie… maintenant pour la pratique : bonne chance et haut les cœurs !
Ségolène TROUSSET
Photo ©Virginie Hamon pour MAMAN VOGUE