Publié
Éduquer, faire respecter les règles, donner du sens aux interdits, rester ferme tout en gardant de la souplesse, s’adapter à chaque enfant et à son caractère, entendre et apprendre des remarques extérieures … Quel travail, quelle charge mentale et quelle endurance pour les parents en charge de faire grandir sereinement des petits d’homme !
Mais si on lâchait un peu de lest pendant les vacances ? En espérant secrètement peut-être qu’en les laissant tranquille, eux aussi nous laissent un peu tranquille et que, par la grâce des chaleurs d’été et des douces soirées en famille ou entre amis, ils s’assagissent et prennent conscience, seuls, de ce qui est bon, ou pas, pour eux… Si seulement …
Comme il est bon que les vacances le soient tout de même pour tout le monde, comment trouver un bon équilibre entre repos de l’esprit, du corps et de la « charge mentale éducative » et mission parentale non dérogeable ?
La « trêve estivale » est un concept qui a probablement été inventé par des personnes qui n’ont pas d’enfant(s), pensent beaucoup de parents. Car, quand on est parents, que l’on soit en vacances ou pas, la charge éducative, la responsabilité parentale, l’animation sociale, la stimulation intellectuelle, la recherche de nouvelles découvertes, persistent voire augmentent ! On rêve parfois de vacances un peu différentes que celles que l’on a l’habitude de vivre, partagées entre espérance de paix entre les enfants, et désir de calme d’une journée sans crises ni larmes.
Pendant les vacances, le rythme change, les horaires bougent, le programme évolue et les surprises surgissent. Rien que ça ! Vos enfants, vont non seulement beaucoup apprendre de ces moments-là, ce sont des souvenirs qu’ils garderont toujours, des ambiances qui s’imprégneront en eux. Tout cela va faire bouger les choses dans leur rythme et peut-être même en eux. En effet, changer de rythme et d’ambiance permet de sortir d’un quotidien difficile ou d’un engrenage négatif qui peut entrainer d’importantes remises en question.
Cependant, soyons bien clairs, malgré toutes les illusions, vous êtes parents, pour le meilleur et parfois (souvent ?) le pire et malgré tous les désirs miraculeux d’apaisement de chaque parent, personne ne pourra faire le boulot à votre place, et d’ailleurs, même si quelqu’un le faisait, votre enfant viendrait quand même par ses douces bêtises et colères vous signifier qu’il attend que ce soit vous qui le fassiez, ce boulot. Et oui, car c’est ainsi qu’il peut être bon de voir les choses : votre enfant, parce que vous êtes sa figure d’attachement de prédilection exige beaucoup de vous, et il exige principalement que vous-même soyez très exigeants avec lui. Lorsque l’on aime, on exige, on demande, on insiste, on limite. Et ça les enfants le savent.
Éduquer c’est avant tout rendre libre et montrer à nos enfants le chemin du bien. Ainsi, vous comprenez que ce chantier ne peut pas prendre de vacances. Il est trop important !
Et si au contraire, l’été s’avérait être le moment particulièrement propice pour éduquer, pour ne pas « laisser tomber », pour panser les difficultés et résoudre pour de bon tous les petits nœuds, toutes les fois où on a laissé passer certaines choses par manque de temps, de patience ?
En effet, quelle belle activité de vacances de mener nos enfants vers ce chemin du bien. C’est une mission rude avec parfois la sensation de monter une côte sans jamais la descendre. Ainsi, il est nécessaire pour bien éduquer nos enfants de ne pas être seul et ça tombe bien car, souvent, l’été est le moment de l’année où les papas sont présents, et où le rythme se calme, laissant de coté les soucis du quotidien, la vie professionnelle bien remplie, nous empêchant parfois d’être pleinement présents et disponibles avec nos enfants. C’est le moment idéal pour participer activement ensemble à cette mission éducative conjointe et essentielle, c’est l’heure idéale pour mieux comprendre votre enfant et mettre en place les mesures nécessaires à son éducation.
Lâcher trop de lest risquerait de rendre la rentrée très difficile et de vous décourager dès les premiers instants de reprise après les vacances.
Soyez fermes sur vos règles essentielles, qui doivent être définies au préalable avec le père de vos enfants, évidemment. Malgré les changements de lieu, de rythme, ces règles-là serviront à votre petit de base, de socle réassurant sur lequel il pourra s’appuyer pour aller explorer sereinement et vivre les aventures estivales qui s’offrent à lui. Par exemple, la politesse, les repas correctement assis et dégustés, le coucher sans discuter, sont des temps essentiels pour vos enfants dont ils ont besoin évidemment, tout autant pour leur rythme interne physiologique (comment profiter de la mer quand on est trop fatigués ?) mais aussi pour leur apaisement psychique interne. Quand on cadre un enfant, qu’on lui donne des limites au sein desquelles il peut vivre sereinement, et au-delà desquelles il risque de se mettre en danger ou d’aller dans une mauvaise direction pour lui (les crises de colère incontrôlables peuvent déjà le mettre en danger mais n’ont surtout absolument aucune utilité pour la connaissance de soi et le développement des émotions) on lui donne des repères et on lui indique avant tout que nous prenons en charge ses débordements, et cela est pour lui infiniment rassurant. Puisque mes parents s’occupent de cela, je peux déborder, je peux extérioriser et faire mon travail d’enfant, je ne suis pas obligé de tout garder en moi et créer ainsi des angoisses. Au fur et à mesure, votre enfant aura acquis cela pour toujours et débordera beaucoup moins !
S’accorder du temps seule, sans enfants est essentiel. Permettre à d’autres, y compris votre conjoint de prendre le relais sur certaines choses est important aussi. Reconnaitre qu’à certains moments, nos paroles et nos actes ne sont plus très ajustés et qu’il est essentiel de prendre un peu de temps, sans les enfants, c’est aussi une décision responsable. Accepter l’aide que l’on vous propose, et même parfois la demander est essentiel ! si vous êtes en couple, N’oubliez pas que passer du temps en couple est essentiel pour mieux se parler, se comprendre, se connaitre donc s’aimer et être plus efficace dans sa parentalité.
Donc n’oubliez pas, chers parents, que si l’école, la guitare, le piano, le yoga, les soirées du samedi soir s’arrêtent pendant l’été, le développement psychique de votre enfant et son exigence, lui, n’arrête pas de grandir, de changer et d’évoluer, accompagné de toutes les exigences dont il a besoin pour avancer sereinement. Alors, pour vous reposer, prenez du temps sans vos enfants, déléguez, répartissez, mais n’oubliez pas cette responsabilité infinie qui vous incombe et dont aucun parent ne peut se dérober, se désister : celle de guider ses enfants vers la sociabilisation, vers le bien, bref, éduquer !
Lénaïg Steffens, Psychologue clinicienne
Photo : AnnaClick
10 choses à faire pendant les vacances pour émerveiller ses enfants
Astuces de nos amis Danois pour des enfants épanouis
Le casse-tête des vacances : le mode de garde !
Avoir des enfants et continuer à voyager…en famille! Témoignage