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Infertilité / Couples en attente d'enfant : comment mieux les entourer ?

 
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Tous ou presque, nous connaissons dans notre entourage, amis, famille ou proches, un couple concerné par l’ infertilité. Derrière la froideur de statistiques croissantes (rapport Inserm 2012) se cache une situation générant à la fois une grande souffrance et de nombreux tabous.
Autour d’un sujet si intime et délicat, nous nous sentons réciproquement désarmés.

Comment communiquer mutuellement ? Quelles attitudes adopter pour mieux entourer ces couples ?

Joséphine et Olivier, 31 ans, mariés depuis 6 ans, nous confient leur témoignage.

Comment abordez-vous le sujet de l’infertilité avec votre entourage ?

Joséphine : “Pour nous, cela a évolué au fil du temps. Au début, nous fuyions le sujet. Et puis, tout simplement, c’était tabou, personne n’osait en parler. Quand  parfois certains proches tendaient des perches, nous les évitions. C’était trop tôt pour nous.

Olivier : “En fait, à partir de quand se considère-t-on comme un couple sans enfant ? Contrairement à un événement, c’est une situation qui s’installe. Et cela n’est pas naturel, d’où un certain tabou.”

Joséphine : “A présent que nous avons intégré notre réalité, nous sommes prêts à en parler sereinement. A la question “avez-vous des enfants ?” nous choisissons de répondre “non, nous n’avons pas cette chance”. Cela peut jeter un froid l’espace d’un instant, mais ça permet également de faire état de la situation et d’éviter d’autres indélicatesses. Moins l’on est clair, plus les gens imaginent des choses… Pour nous, ce n’est pas évident de trouver la mesure entre aborder le sujet ou non, car nous n’avons pas envie d’être enfermés ou associés à une étiquette de “couple sans enfant(s)”, et en même temps nous souhaitons avoir la liberté de pouvoir en parler.

Par ailleurs, tout dépend de nos interlocuteurs. Personnellement, j’en parle difficilement spontanément, mais je peux me confier à des amis proches quand j’en éprouve le besoin.
Cela varie également selon les couples, et au sein même du couple. Il me semble que la femme a davantage besoin d’extérioriser que l’homme, mais tout dépend également des personnalités.”

Olivier : “Il n’y a pas de recette miracle. Avec la famille de Joséphine nous avons profité d’un moment tous ensemble pour aborder ce sujet de vive voix. Pour ma famille, je suis passé par l’écrit en écrivant un mail, une approche qui s’y prêtait plus que l’oral. »

Il faut également savoir choisir le moment opportun, qui sera différent selon le cheminement du couple. Sans négliger la forme, bien au contraire :

Olivier : “Il y a différentes phases. Les premiers mois voire les premières années sont très violents, très difficiles. A cette période, je ne souhaitais en parler avec personne. Et puis, comme dans un deuil, le temps rend cette douleur moins vive.”

Joséphine : “C’est vrai, les questions maladroites ou indélicatesses en tout genre ne sont pas reçues de la même manière lorsque l’on est à vif…  Les larmes ou les colères venaient vite. Tandis qu’aujourd’hui, si l’on nous faisait certaines remarques, nous en ririons peut-être davantage.

Mais nous pensons que parfois, il vaut mieux risquer une gaffe plutôt que de laisser un tabou s’installer, même si cela n’empêche pas d’être prudent et délicat.

Comment annoncer une future naissance à un couple sans enfants ?

Joséphine : “Tout dépend de chacun. Pour ma part, j’apprécie recevoir une nouvelle par écrit, car on n’est pas obligés de réagir tout de suite, on a du temps pour pouvoir se réjouir.”

Olivier : “Je n’ai pas spécialement de préférence. J’ai simplement besoin de sentir que la personne a conscience que cette nouvelle peut être difficile à recevoir pour nous. Si elle a cette attention, peu importe l’écrit ou l’oral.”

La simplicité reste de mise, car parfois, le malaise peut être tel qu’il en finit par être maladroit, comme ce texto reçu de bons amis annonçant une nouvelle grossesse, contrastant avec la proximité habituelle.

Joséphine : « Finalement, une attitude juste consiste à ne pas en faire des tonnes dans un sens ou dans l’autre, sans prendre non plus trop de précautions. En deux mots : être simple et sobre. »

Dans cette épreuve, quelles sont les paroles et attitudes auxquelles vous êtes sensibles ?

Joséphine :Les choses les plus simples : un texto “on pense à vous, on prie pour vous en ce moment”. Cela nous touche aussi quand des personnes ayant vécu des choses très difficiles nous confient les avoir offertes pour nous. Ou des couples qui font prier leurs enfants pour nous. »

Olivier : “Un jour, une tante nous a écrit : “Je suis de passage dans un monastère, on y propose chaque mois une neuvaine pour les couples en espérance d’enfants. Cela vous gonfle sûrement, mais je voulais simplement vous dire que vais la faire pour vous, et la communauté également”. Cela nous a beaucoup touchés. En effet, dans cette souffrance se joue une expérience de l’ordre de la solitude. Se sentir entourés et portés par les autres quand le fardeau est trop lourd pour nous est une vraie consolation. »

Joséphine : « Nous apprécions également les discussions en profondeur en nous sentant écoutés ; être avec des amis avec qui il est possible d’en parler, mais également possible de ne pas en parler : l’infertilité ne résume ni notre vie ni ce que nous sommes. Nous aimons le fait de passer du temps avec des proches ayant des enfants, mais chez qui ces derniers ne prennent pas toute la place, ou encore garder le temps d’un après-midi ou d’un week-end les enfants de proches qui nous le proposent ponctuellement, particulièrement nos filleuls. »

Olivier : « En parallèle, des week-ends avec des couples sans enfants nous ont permis de nous sentir moins seuls dans ce que nous vivons. »

Joséphine : « Enfin, ce sont aussi des rencontres privilégiées avec des personnes particulières qui nous ont touchés. Des moments pendant lesquels nous nous sommes sentis encouragés, écoutés, consolés. Y compris dans nos questionnements éthiques. »

A contrario, quelles remarques éviter ?

Joséphine : « Le plus douloureux est de recevoir des conseils. Nos interlocuteurs sont très vite dans la recherche de solutions. Nous comprenons que les gens aient envie de nous aider, mais ce n’est pas ce dont nous avons besoin. Ce qui est important pour nous, c’est de nous sentir écoutés et soutenus. »

Parmi les réactions à éviter également, « les témoignages du style “moi je connais un couple qui…”, plutôt source de crispation que de compassion pour nous. Chaque couple est unique ! »

Olivier : « Mieux vaut taire un encouragement trop naïf du type : “je suis sûr que ça va marcher…”, car la personne qui l’avance n’en sait finalement rien. Cela ne laisse pas la place à cette réalité extrêmement lourde.

Je suis également toujours surpris par les questions intrusives, notamment d’ordre médical :  tout comme une question sur l’intimité de n’importe quel couple, elles sont reçues comme une curiosité déplacée. Si le couple souhaite aborder cet aspect, il en prendra l’initiative de lui-même.

De même, la question indiscrète de l’adoption revient souvent : tandis que beaucoup pourraient voir ce choix comme une suite logique par défaut ou une solution de “remplacement”, ce parcours relève en fait d’un vrai discernement et ce cheminement appartient au couple. »

Quels sont les engagements qui vous portent ?

Joséphine et Olivier : « Tout d’abord, nos métiers ! Je suis orthophoniste et Olivier est responsable pédagogique dans une école de communication. Tous deux, nous y trouvons une forme de transmission, dans l’accompagnement et le suivi des personnes qui nous sont confiées. Ce sont des lieux importants dans notre croissance.

Ensuite, nos engagements,  les lieux où nous nous ressourçons, où nous éprouvons le besoin de nous donner, de vivre pour les autres. »

Parmi ceux-ci figure Esperanza, une initiative dont Joséphine et Olivier sont à l’origine. Face au constat qu’il existe peu de propositions pour accompagner les couples en attente d’enfant, ils ont l’intuition de proposer des week-ends ayant pour but principal la vie fraternelle, dans un esprit joyeux « pour se soutenir entre couples en attente d’enfant, pour nous encourager, nous aider à tenir bon et à avancer, à espérer malgré tout et à vivre pleinement l’aujourd’hui. Ni groupe thérapeutique ni retraite ou pèlerinage, nous voulons simplement proposer un moment d’amitié et de gratuité entre personnes qui vivent la même situation. »

« Il s’agit de week-ends chaleureux où nous nous retrouvons pour échanger, nous balader, prier ensemble, partager de bons repas, et vivre une expérience sportive ou ludique atypique. Enfin, recevoir une formation, un témoignage ou une lecture qui nous permette d’être encouragés dans ce que nous vivons et dans les choix que nous faisons.

Sont les bienvenus tous ceux qui, comme nous, souffrent de l’attente d’un enfant. Tous ceux qui veulent être encouragés, consolés, soutenus dans leurs choix éthiques. Tous ceux qui voudraient se sentir moins seuls dans cette épreuve. Tous ceux qui ont besoin d’entendre que leurs décisions ne sont pas absurdes, et que leurs choix portent du fruit déjà aujourd’hui. Enfin, tous ceux qui veulent faire le plein d’espérance et de joie, pour reprendre le quotidien avec un élan nouveau. »

Joséphine et Olivier : « Paradoxalement, Esperanza est pour nous une forme de fécondité : ce qu’il s’y vit nous dépasse ! »

Quels messages souhaitez-vous transmettre ?

Joséphine : “Que l’on peut être heureux sans enfant(s) ! Cela n’enlève pas la souffrance, mais consentir à vivre notre situation fait qu’il est possible d’être heureux dans cette souffrance. Vivre pleinement l’instant présent est également une clé qui nous aide. Et puis, certains outils, tels que le livre du philosophe Martin Stephens, La vie en bleu, nous y a aidé, mais c’est vraiment l’expérience qui nous permet de l’attester.»

Olivier : « J’allais le dire : nous sommes heureux !  Et j’ajouterais : ne pas prendre de décision trop vite, accepter que le temps fasse son œuvre. Y compris dans les choix éthiques. »

Et si nous apprenions à recevoir ces couples que nous connaissons qui vivent l’infertilité , une profondeur dans la Joie et l’Espérance que nous n’avions pas soupçonnée…?

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Pour accompagner les couples en espérance d’enfants, pourquoi ne pas prier pour eux ? Découvrez la neuvaine de Hozana ici.

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