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Infertilité masculine : Comment faire face à cette épreuve ?
Témoignage

 
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Infertilité masculine : Comment faire face à cette épreuve ?
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Maman Vogue vous propose de découvrir le témoignage de ce couple anonyme qui fait face à l’épreuve de l’infertilité masculine. Ensemble, main dans la main, ils affrontent cette souffrance.

Nous nous sommes rencontrés en 2012, alors que nous n’avions que dix-sept ans, à Lourdes. Nous étions alors tous les deux lycéens et avons très vitre compris que nous allions cheminer ensemble.

Un beau mariage

La question du mariage est très vite arrivée, nous voulions cependant construire notre couple et notre future famille sur de belles fondations. Notre choix fut donc dans un premier temps d’avancer dans nos études afin d’être indépendants pour se lancer à deux dans la vie.

Nous nous sommes fiancés tout début 2017. Nous avons abordé énormément de sujets, malheureusement nous n’avons jamais abordé celui de l’infertilité. Au cours de notre préparation au mariage nous n’avons jamais été sensibilisés à ce sujet. Comme cela fonctionnait pour les autres, il était évident que cela fonctionnerait pour nous.

Nous nous sommes mariés le 1er Septembre 2018. Nos cœurs explosaient de joie ! Nous étions un, nos prénoms étaient réunis par un fil d’or dans les cieux et nous portions le même nom. Devant nous, une longue vie, une page vierge qui n’attendait que notre histoire !

Durant nos fiançailles nous avions chacun exprimé à l’autre notre volonté d’avoir une grande famille, nous souhaitions tous les deux créer rapidement un foyer. Nous n’aurions jamais pensé que le chemin à venir allait être si escarpé.

Espérance d’enfant

Nous étions dans l’espérance. Les mois passaient et la finalité était la même, le miracle que nous attendions n’arrivait pas. Chaque mois ressemblait au précédent : beaucoup d’espérance pendant les premières semaines, puis des doutes et enfin un profond désespoir, des pleurs et des incompréhensions.
Les mois passaient et je ressentais en moi un véritable déchirement intérieur. Il fallait de plus que j’annonce la mauvaise nouvelle à mon mari qui s’effondrait à son tour. Nous étions alors comme deux âmes perdues pour les jours à venir. Inutile de nier qu’encore aujourd’hui la tristesse nous paralyse. Nous avons assez rapidement instauré une tradition : à chaque nouveau cycle nous ouvrions une bouteille de vin blanc et nous mangions des fruits de mer, quitte à ne pas être enceinte alors autant profiter des petits plaisir de la vie qui seront, nous l’espérions, bientôt interdits.

Durant notre première année de mariage tous les cycles se sont passés ainsi. Au fil des mois nous avons appris à repérer chez l’autre des moments de tristesse, la perte d’espérance, le ras-le-bol. Au delà du langage verbal nous avons appris à décoder le langage non verbal de l’autre. De cette manière, celui qui tenait le coup, se dépassait pour gérer le quotidien et se rendre entièrement disponible pour l’autre.

Nous étions tous les deux fatigués de l’enchainement d’échecs. Je n’arrivais plus à annoncer chaque mois la mauvaise nouvelle à mon mari. Une tension tournait autour de ce jour. Nous avons alors décidé d’un commun accord de ne plus protocoliser cette annonce et de simplement ôter cette appréhension. Cette décision nous a fait beaucoup de bien à tous les deux.

La Naprotechnologie

Nous avons pris contact avec une instructrice en Naprotechnologie quelques mois après nos noces de coton. Nous avons commencé par un suivi FertilityCare tout près de chez nous. Cet accompagnement personnalisé au plus près du cycle féminin correspondait vraiment à nos attentes. FertilityCare aide énormément dans la connaissance de soi et permet d’être vraiment attentif à la physiologie de la femme. Etant étudiante en médecine je connaissais le milieu médical et je ne nous voyais pas franchir le pas d’une consultation plus protocolaire pour l’instant. Parallèlement j’allais tous les mois chez une ostéopathe spécialisée dans la fertilité et qui me faisait beaucoup de bien.

Au bout de trois mois de suivi par notre institutrice Fertilitycare que nous voyions très régulièrement nous nous sommes rendu à Nantes pour débuter la Naprotechnologie. Nous nous lancions dans le programme non sans appréhension mais main dans la main. On a rencontré un docteur très empathique et bienveillant ce qui nous a été d’une grande aide. Mon mari et moi avons pu lui exposer nos désirs mais aussi nos craintes et notre médecin était à l’écoute. Nous sommes repartis de Nantes revigorés mais également avec une grande liste d’examens à réaliser.

Les examens

Après un combat silencieux un nouveau combat s’ouvrait à nous : le combat des examens. Même si cela pourrait sembler anodin lors d’un suivi en naprotechnologie il faut s’observer tous les jours, parler des observations en couple. A cela s’ajoutait la prise de sang mensuelle, une première échographie, une hystérosalpingographie qui n’est autre qu’une radio de l’utérus après injection de produit de contraste et qui est un examen très douloureux. Tous ces examens sont à réaliser à un jour précis du cycle. Auquel se rajoute les rendez-vous chez le médecin pour avoir un retour sur les différents résultats.
Du côté masculin il y a un grand examen à réaliser : le spermogramme.

Nous avons réalisé l’ensemble des examens demandés sur un mois. Cela a été très sportif physiquement et mentalement. Nous étions tous les deux dans l’attente, sensibles et fatigués. Un grain de sable suffisait à enflammer une discussion ou une soirée, nous étions tous deux très susceptibles et notre entourage a du apprendre à arrondir certains angles.
Etant tous deux introvertis il nous était pas toujours évident de communiquer. A force de craquages, d’énervements, de craintes et de pleurs, nous étions tous les deux sous l’eau.

L’infertilité masculine

Nous avons appris au bout de quelques semaines que nous allions devoir faire face à l’infertilité masculine. Cette nouvelle qui a bouleversé notre vie nous a été remise dans un couloir blanc et neutre sans âme. Nous avons essayé de faire volte-face le temps de sortir du bâtiment. Jusqu’à aujourd’hui je pense que c’est une des choses qui m’a demandé le plus de force.
Nous sommes rentrés chez nous plus tristes que jamais. Notre projet de parentalité s’effondrait. C’était une journée noire, une chute du 6e étage. Nous avons pleuré ensemble et chacun de notre côté. La vie était devenue en une fraction de seconde fade et nous ressentions dans nos cœurs une véritable perte.
Le soir même nous devions fêter mon anniversaire avec des amis qui nous sont chers. Pendant toute la journée il nous semblait impossible de pouvoir vêtir des vêtements de joie le jour où nous venions d’apprendre une nouvelle qui déroutait notre vie. Mais nous n’étions pas prêts à en parler, pas prêts à demander à l’aide. Nous avons ce soir-là mis un masque souriant et accueillant et séché nos larmes quelques heures. Ces instants d’insouciance nous ont fait finalement énormément de bien.

Comprendre et accepter

Les jours et les semaines qui ont suivi n’ont été que descente aux enfers. Mon mari ressentait une culpabilité indescriptible mais je ne pouvais pas lui en vouloir. Dans de tels moments, quand le bateau coule il faut qu’un des équipiers reprenne la barre. J’ai pris les commandes, géré le quotidien à la maison, mis de côté la souffrance. Au bout de quelques semaines, la face immergée de l’iceberg a refait surface et toute la tristesse que j’avais enfermée en moi a jailli. J’étais alors paralysée et mon mari a pris à son tour la commande du bateau.

L’infertilité masculine est aujourd’hui méconnue. Elle est tabou et la prise en charge est peu développée. Plusieurs examens sont nécessaires pour confirmer un éventuel diagnostic. N’étant pas prise en charge par la naprotechnologie nous avons remercié les professionnels qui avaient croisé notre chemin et nous avons alors dû continuer l’ensemble des examens en centre de PMA à Paris.

Faire face à l’infertilité masculine

Cependant, avant de pouvoir les réaliser nous avons du développer notre patience, le confinement venait d’être annoncé et malheureusement les problèmes de mon mari n’étaient pas urgents La lutte se prolongeait, nous étions alors enfermés entre quatre murs avec énormément de temps pour réfléchir. Difficile de penser à autre chose quand rien d’extérieur ne nous stimulait.

Alors que nous sombrions de plus en plus, nous avons commencé à cuisiner à deux puis à quatre mains. Nous étions alors tous deux contents de voir que nous arrivions à faire quelque chose et à avoir un aboutissement. Je me suis mise à coudre des pièces de plus en plus compliquées. Nous étions dans une recherche de résultat. Il nous fallait voir que nos efforts portaient du fruit. Le moral était bas mais peu à peu nous reprenions des forces et nos langues se déliaient. Nous arrivions de plus en plus à poser des mots sur ce qui nous arrivait, sur la véritable souffrance qui nous habitait ainsi que sur les émotions que nous ressentions.

A la fin du confinement mon mari a pu reprendre son suivi, un andrologue, puis deux. Plusieurs prises de sang, de nombreuses recherches génétiques, une échographie et finalement une opération. Notre dossier était rare et intéressant ce qui nous a permis d’avoir une prise en charge rapide. Mon mari est le cas rare, le 1/1000 pour la médecine et l’unique de mon cœur. L’hôpital nous appelait quasi quotidiennement pendant plusieurs semaines pour des demandes d’essais thérapeutiques, de nombreuses pages à lire, de nombreux consentements à donner.

Chemin vers la parentalité

Au bout de deux ans d’espérance nous avons appris que nous allions vivre un chemin vers la parentalité atypique. Pour nous, la conception d’un enfant ne pouvait se faire sans la main d’un médecin.
Mon mari et moi avons vécu deux années intenses en émotions et commencé notre vie à deux par beaucoup de tourments et de tristesse. Nous avons appris à traverser les tempêtes avant même d’avoir appris à naviguer en eaux calmes. Nous avons sombré ensemble puis nous avons l’un après l’autre tout fait pour remonter. Nous sommes tristes, fatigués et faibles mais notre couple est solide.

Aujourd’hui nous sommes entre deux eaux : nous commençons un parcours d’adoption et notre équipe de PMA nous propose un suivi dans leur centre. Nous sommes encore jeunes, nous n’avons que vingt-cinq ans ! C’est ce qui nous donne la chance de pouvoir appuyer sur le bouton stop quelques instants pour lever le nez de notre guidon et pour prendre du recul face à la vague qui vient de nous submerger. Nous avons pris la décision de prendre du temps pour intégrer ces informations et pour solidifier notre cœur et notre corps pour la bataille à venir.

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