Tous les parents de plusieurs enfants le confirmeront, chaque enfant a sa manière de réagir à l’autorité parentale avec toute sa propre personnalité. Si le mettre au coin a marché avec le 1er ne marche pas forcément avec le 2ème , etc..
L’essentiel n’étant donc pas tant dans la forme que dans le fond et le résultat de l’apprentissage, il nous faut nous adapter sans cesse. Nous connaitre avec nos forces et nos limites engendre une certaine sagesse éducative qui rend nos actes plus ajustés pour savoir quelles limites et comment les poser avec tel ou tel enfant.
Ceci étant dit, c’est beau sur le papier mais quand même bien difficile dans le concret de tous les jours. Certes nous avons envie d’être patientes toute la journée et tous les jours de l’année, de pratiquer l’écoute active à chaque colère et dispute mais il y a de nombreux moments (les coups de bourre du matin, les lendemains de nuits difficiles, un contexte environnant tendu et autres…) où nous ne sommes pas au top de notre patience ! Et, heureusement j’ai envie de dire quelque part, car nous ne serons jamais des êtres parfaits et l’accepter c’est aussi apprendre à nos enfants qu’ils peuvent s’aimer tels qu’ils sont, aussi imparfaits qu’ils soient comme nous. C’est placer la barre moins haut ou plutôt à sa juste hauteur, afin qu’eux aussi puissent placer cette barre d’estime de soi à la juste hauteur. Exercice compliqué mais pas impossible et qui, je pense s’acquiert en même temps que les années qui passent…
Alors si les violences physiques : cris et gestes sont à bannir, l’isolement momentané de l’enfant ou le fameux « coin » peut effectivement être une solution pour faire redescendre la mayonnaise. Le but du « coin », c’est d’isoler l’enfant momentanément sans l’humilier, c’est l’extirper d’une situation mauvaise, c’est mettre un stop tout de suite à son comportement blessant avec d’autres. C’est lui montrer qu’en société on ne peut pas faire tout et n’importe quoi.
Dans les POUR, on trouve :
- Sortir de l’émotion de colère = faire redescendre la mayonnaise avant qu’elle ne prenne trop et fasse dire ou faire des choses regrettables
- Sortir d’abord physiquement l’enfant de cette mauvaise situation met un stop tout de suite. Un stop physique qui deviendra cérébral car à l’écart, il comprend que cela n’était pas bon, y compris les petits puis à partir d’un certain âge, la raison leur permettent de comprendre un peu mieux pourquoi on a dû les sortir à un moment T.
- Quand l’enfant est isolé, une fois que notre mayonnaise à nous aussi est redescendue, nous pouvons aller voir l’enfant et revenir dessus avec des mots plus calmement. C’est le temps de l’analyse « est-ce que tu comprends pourquoi tu es là ? à ton avis pourquoi ? « Et pour les tout-petits expliquer les choses « si tu es là, c’est parce que… «
- Faire revenir l’enfant avec une demande de pardon réparatrice qui lui montre que son comportement n’était pas acceptable en société et qu’il peut la réintégrer en montrant qu’il souhaite bien se comporter pour ne blesser personne
Dans les CONTRE on trouve :
- L’isolement ou mise à l’écart peut être vécue chez certains enfants comme une exclusion, une condition d’être aimé ou pas en fonction de son bon ou mauvais comportement. Bien sûr ce n’est pas la vision que nous souhaitons en faisant cela mais chez certaines sensibilités, ce moyen pourrait avoir ce genre de répercussions. Là encore, ce qui marche avec l’un ne marche pas forcément avec l’autre ! Alors il faudra trouver autre chose pour cet enfant …
- Le risque d’humiliation publique ou de provocation si le « coin » que l’on choisit reste parmi les autres. Mieux vaut l’envoyer dans une autre pièce sans contact visuel pour qu’il puisse défouler sa colère et pour nous aussi, parfois il vaut mieux l’ôter de notre vue un moment pour que nous puissions revenir à la raison plus que notre émotion.
- Le coup de pédale dans la semoule : chez certains enfants, la mise à l’écart ne sert strictement à rien… Encore une fois, rien de nouveau au soleil, nos chères marmailles ne sont pas livrées avec leur mode d’emploi et pour certains enfants, ils ne retiendront de ce « coin » qu’un mauvais moment à passer pendant lesquels ils sont tous seuls et privés de jeux…. Rien de bien engageant du coup pour l’apprentissage du comportement.
- S’arrêter à la mise au « coin » sans creuser et faire creuser sur le pourquoi pour que l’enfant apprenne de ses erreurs ne serait probablement pas constructif sur le long terme. Et ne pas oublier l’échange de pardon « pardon maman/Je te pardonne », le liant suprême qui apprend à l’enfant que le pardon et l’amour qu’on lui porte seront toujours plus grands que ses erreurs (comme les nôtres d’ailleurs !) ; Qu’au-dessus de ses erreurs, il y aura toujours l’amour pour lui en tant que tel. Pour ma part, quand je sens que mes enfants comprennent cela, j’estime avoir fait déjà une grande partie de mon job de maman ! 🙂
Marie-Gabrielle GERARD
Photo : @babybaboo.com