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L’habitude est de dire que tous les enfants sont différents, et nous ne pouvons nier cette réalité. A chaque enfant, un nouvel être en devenir, une nouvelle découverte, une nouvelle relation qui se tisse, des apprentissages à recommencer, à chaque fois il faut pour la maman se réadapter à chacun d’eux.
Il faut apprendre à connaître votre enfant pour comprendre ce qui peut et ne peut pas fonctionner pour eux en matière d’éducation. Sur la base des cinq sens que nous possédons tous, Il y a quelques lignes directrices qui nous guident pour déterminer ces profils.
Dans certains apprentissages, surtout intellectuels, il est nécessaire de déterminer le canal de compréhension ou profil pédagogique de son enfant (Antoine de La Garanderie) si nous désirons l’aider, obtenir de réels acquis, des compétences et cela pour toutes acquisitions présentes et futures.
Nous partirons d’exemples vécus qui vous permettrons d’appréhender les différents profils et de comprendre les différences dans les modes d’intégration de l’information chez l’enfant.
Une maman proposa à sa fille de lui apprendre à lire, très attirée par les livres et toujours insatisfaite du temps de lecture que ses parents lui consacraient, elle fut ravie. Un ami professeur lui avait conseillé la méthode Boscher, confiante elle se lançait dans l’aventure sans autre bagage que ce livre. L’apprentissage fut facile, il avait suffi de lui dire le nom des lettres et de nommer chaque combinaison syllabique : p et a fait pa, ou bien les trois lettres oin font le son « oin » comme dans foin, sans lui en dire plus et sans écriture en parallèle. Elle retenait merveilleusement bien et avait compris la combinatoire et lisait donc en fin de grande section de petits textes.
Elle était une visuelle, c’était son canal prioritaire d’intégration de l’information et de compréhension. Voilà pourquoi il avait fallu juste lui montrer les lettres et le code combinatoire. Elle marchait par photographie, analogie.
Plus tard, elle était capable de voir les pages de son cahier dans sa tête lors d’un contrôle pour retrouver l’info. C’est pourquoi les explications écrites rassurent les visuels, ils en ont besoin, ce sont pour eux des repères sûrs.
Le visuel aime les images, les schémas et les mémorise bien. Il aimera les puzzles, n’aura pas de difficultés à reproduire des jeux à figures géométriques (type organicolor). Il sera à l’aise avec les QCM dont il repèrera les réponses d’un coup d’œil expert et rapide. Il voit les mots avant de les «lire». Un visuel sera celui qui vous retrouvera les mots à chercher dans un texte, il se souvient très bien à quel paragraphe il les a vus. Leur rapidité est surprenante. Il faut se rappeler que leur domaine est aussi l’espace.
Souvent très concentré sur ce qu’il voit, puisque c’est son canal d’intégration prioritaire, il apparaît beaucoup plus attentif que l’auditif qui lui peut avoir les yeux ailleurs, même s’il écoute attentivement.
Le VISUEL : il intègre les informations par l’œil, son repère naturel est l’espace, il doit voir les informations pour les intégrer, sa mémoire est visuelle. |
Pour ce petit garçon, l’arrivée au CP coïncida avec ses premières difficultés scolaires. L’apprentissage se faisait avec une méthode semi-globale, la lecture ne fut pas facile pour lui et surtout le passage à l’écrit. Tout était copié silencieusement et la maîtresse demandait de bien photographier les mots à apprendre le soir. Des confusions se sont installées.
La maman décida de l’aider durant l’été, elle reprit les notions, utilisa avec lui la méthode Montessori, le casier de lettres plastiques avec les dictées « muettes » et surtout insista sur le son des lettres, le p se prononçant « ppp », lui parla de ces voyelles qui font chanter les consonnes. Tout se corrigea à la fin de l’été au niveau de la lecture et de l’écrit. Cependant, en Ce2, une pédagogie essentiellement globale, silencieuse, progressant par analogies lui posera des problèmes. Il faudra alors souvent pour la maman reprendre le soir, et verbaliser tous les apprentissages et leçons à voix haute.
C’était un auditif et l’apprentissage de la lecture, plus accès sur la reconnaissance visuelle, n’utilisait pas son canal prioritaire : l’oreille et la parole. Lorsque le son de la lettre fut véritablement et clairement introduit, puis le travail sur la reconnaissance auditive des sons et sur leur transcription en graphème tout rentra dans l’ordre. Plus tard il dira qu’il entendait la voix de son professeur dans sa tête lorsqu‘il reprenait son cours et que s’il y avait du bruit, de l’agitation dans la classe il ne retenait rien de sa journée et il découvrait alors réellement son cours en le lisant à voix haute le soir.
La parole est essentielle et primordiale dans tout apprentissage pour tous les profils mais absolument nécessaire et indispensable pour l’auditif. Le visuel nous l’avons vu peut s’en dispenser, sa mémoire étant visuelle en priorité.
L’auditif a souvent besoin de temps pour réfléchir, son repère naturel est le temps ; il sera souvent plus lent dans certains travaux ; un jeune étudiant avait du mal avec les QCM dont les réponses devaient être données en temps imparti (défilement sur écran), et souvent n’obtenait pas d’excellents résultats dans ce genre d’épreuves. Il me disait : « cela me prend trop de temps de lire toutes les réponses possibles, alors que pour certains la réponse leur saute aux yeux, ils n’ont pas besoin de lire tout. ». Il avait compris de lui-même l’avantage des visuels et il prit en compte ce handicap et apprit à le gérer au mieux.
Une maman qui avait inscrit sa fille à un cours par correspondance, ne comprenait pas pourquoi il n’y avait qu’avec les mathématiques et les sciences que sa fille éprouvait des difficultés. Elle lui faisait de jolis schémas pour les problèmes (mais sans explications verbalisées suffisantes) et pour les devoirs de sciences lorsqu’il fallait décrire le fruit, elle lui disait : « mais tu le vois bien dans ta tête, tu n’as plus qu’à décrire l’extérieur, la peau, puis la chair et enfin le noyau ». La pauvre la regardait d’un air dubitatif et se creusait la tête pour retrouver les mots de sa leçon. Elle fonctionnait avec sa fille comme pour elle-même, et cela ne l’aidait pas. Lorsque la maman lui faisait la classe, ses explications n’étaient pas assez oralisées, elle était une kinesthésique visuelle et ses beaux schémas ne l’aidaient pas ou du moins ne lui suffisaient pas.
Elle se révéla donc être une auditive. Pour apprendre ses leçons elle le faisait en parlant (ce qui lui posera des problèmes lors des études silencieuses), elle avait besoin de les redire à sa manière et avec ses mots et le support visuel ne lui servait que si elle se l’était décrit elle-même à voix haute .
L’AUDITIF : il intègre les informations par l’oreille, la bouche, son repère naturel est le temps, il doit mettre en mot pour intégrer, sa mémoire est auditive (pas de mémoire visuelle), sans parler l’auditif ne peut réfléchir. |
Voilà ce jeune garçon qui avait besoin d’étaler toutes ses affaires autour de lui pour travailler, ce qui transformait les alentours de son bureau en champ de bataille, mais il s’y retrouvait parfaitement et les leçons apprises, tout rentrait tranquillement dans le cartable. En GS – CP il avait aimé toucher et retoucher les lettres rugueuses de la maîtresse, refaire le trajet avec son doigt (mémoire du geste).
C’était un kinesthésique. De toute sa scolarité, il fera naturellement beaucoup de fiches détaillées (contrairement à son frère auditif qui récitait ses cours à haute voix et ne marquait que quelques mots clés sur une feuille). En faculté, après un essai avec l’ordinateur, il préfèrera prendre ses cours à la main car il avait compris qu’il retenait mieux ce qu’il avait écrit avec sa main qu’avec le clavier (les dernières études scientifiques confirment l’importance de la main dans les apprentissages, fameuse mémoire du geste).
Une petite fille avait besoin de tourner autour de la table pour retenir ses poésies. Un autre avait du mal à les apprendre, par contre dès qu’il mimait certaines actions, le simple fait de refaire les gestes lui remettait en mémoire les strophes.
Autre particularité, le kinesthésique associe les choses à des sensations, à des émotions, à des odeurs. Une maman avait un petit garçon qui aimait sentir les choses et portait souvent ses aliments à son nez avant de les manger.
Le Kinesthésique sera souvent entrain de tripoter son stylo ou de jouer avec une gomme s’il est en classe, ou de tout simplement de bouger s’il est à la maison. Attention à ne pas systématiquement l’en empêcher, c’est sa manière de vous écouter. Bouger et non s’agiter. Captez juste son attention de départ en lui signifiant que vous allez lui dire quelque chose d’important ou dont il a besoin de se souvenir. Et donnez-lui des exemples pratiques, il se souviendra ainsi mieux de ce dont vous lui avez parlé ou de sa leçon.
LE KINESTHESIQUE : canal d’intégration : main mais aussi œil, bouche ou oreille, son repère naturel est l’espace et le temps, il doit manipuler pour intégrer, sa mémoire est gestuelle et visuelle et /ou auditive |
Connaître le profil de votre enfant est indispensable pour l’aider et pour qu’il puisse utiliser son potentiel et qu’il sache compenser si besoin.
Connaître son propre profil pour essayer de s’adapter à eux et non de leur imposer notre propre profil au risque de ne pas se faire comprendre et tout simplement permettre de varier aussi les registres. A vous donc de développer les entrées qui ne sont pas prioritaires chez votre enfant, afin d’obtenir un juste équilibre.
Un des critères de reconnaissance assez facile est de poser la question : « quand je te dis feux d’artifice, tu entends le bruit des détonations en premier, tu vois une image de feu d’artifice dans ta tête ou bien tu vois un film dans ta tête (avec les images en mouvement) », pour les plus jeunes avec le mot poussin ; ou bien cette autre question : « si tu dois aller à un endroit, tu préfères que je te donne des explications orales, que je te montre un plan , tu as besoin de refaire le trajet dans ta tête…. ». Demandez à votre enfant ce qu’il a retenu d’une rencontre : il aura peut-être retenu l’habillement de la personne, ou seulement ce qui a été dit, et un autre vous parlera de l’atmosphère de ce moment, du temps qu’il faisait, de ce qu’il a ressenti.
Vous me direz mais comment trouver le profil d’un tout petit ? C’est trop tôt et vous n’en avez pas encore besoin mais observez le attentivement dans ses démarches, dans sa façon d’appréhender les choses, de réagir, s’il semble attentif aux détails, sensible, touche à tout, gestuel dans ses explications, s’il retient plus vos explications orales, …. L’observation vous donnera les clefs de son monde ! même court, ce temps est riche pour vous, l’enfant développe en plus sa confiance, sous le regard de votre amour.
Une bonne balade en forêt, les courses au marché peuvent se révéler riche d’expérimentations, il suffit de s’investir un peu et de les faire participer, de solliciter tous leurs sens, et surtout d’expliquer : la parole est essentielle et dernier point de prendre le temps. Et lors de ses premières années d’école regardez comment il apprend, ce dont il a besoin lui, en plus pour retenir. Vous pourrez ainsi l’aider au mieux.
Véronique LUCAS, spécialisée en remédiation pour élèves en difficultés
Crédit photo : @CarolineCuinetWellings x @Darya_koop
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