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Dans l’ensemble la grossesse s’est bien déroulée. En ce qui concerne l’accouchement je m’estime chanceuse et j’en garde un très bon souvenir : j’ai mis 6 heures en tout, j’ai poussé 2 fois, et notre fils est né ! A ce moment-là une immense joie et un amour indéfinissable se sont emparés de mon conjoint et moi. Je trouvais ça absolument incroyable de réussir à concevoir un petit homme aussi parfait et je ressentais tellement d’amour !
Mon fils est né le lundi à minuit 7. A partir du mardi en fin d’après-midi, j’ai commencé à ressentir un sentiment d’angoisse et une tristesse énorme. C’est au moment où l’on m’a montré comment donner le bain que ce sentiment s’est emparé de moi. Accentué par ma mère qui, une fois la puéricultrice partie, m’a dit maladroitement sans penser à mal « tu devrais lui parler à ton petit quand tu le laves, lui expliquer ce qui se passe ». Je crois que ce sont ces mots qui ont tout déclenchés. Je me suis dit que je n’étais pas capable de prendre soin de lui, que c’était une trop grosse responsabilité à porter, que jamais je n’arriverais à le garder en vie.
Depuis toute petite, je suis extrêmement angoissée par la mort (la mienne, et celle de mes proches), alors quand on donne la vie forcément on y pense. En tout cas moi j’y ai pensé. Je pleurais sans arrêt, les infirmières étaient démunies et me disaient que c’est normal et que ça passerait dans quelques jours. Je pleurais jour et nuit. Tout le temps. Sans raison. Ça ne durait pas longtemps, mais ça arrivait souvent.
J’angoissais terriblement à l’idée de rentrer chez moi et pourtant au bout de 3 jours il a fallu quitter l’hôpital ! Tout le monde me disait que je devais être super contente de rentrer enfin chez moi. J’acquiesçais pour faire bonne figure, mais en réalité j’étais effrayée. Je me demandais comment j’allais faire toute seule (sans professionnels à mes côtés).
En sortant de l’hôpital j’avais l’impression d’être totalement déconnectée de mon corps, et de la vie réelle. Je me souviens aussi être passée devant un magasin de pompes funèbres et m’être dit qu’un jour, mon fils de 3 jours alors, allait mourir.
Les jours suivants, à la maison, je prenais conscience de tous les risques qui existaient pour mon enfant : tomber sur lui par accident et lui casser le corps, le lâcher dans l’eau du bain, le faire tomber … Bref autant de risques qui existent encore aujourd’hui mais qui ne me mettent plus dans cet état de panique. Je culpabilisais énormément d’être dans cet état, j’avais l’impression de ne pas avoir le droit d’être triste, ce bébé je l’avais voulu plus que tout, j’en avais bavé car la PMA ce n’est pas facile tous les jours. Maintenant qu’il était né je devais être heureuse !
Mon conjoint a été très présent, et l’est toujours. En sortant de l’hôpital je lui avais demandé de poser son congé paternité car je me sentais trop fragile psychologiquement.
Il était complètement démuni et absolument pas habitué à me voir dans cet état dépressif. Mais il me forçait à sortir tous les jours, à prendre l’air, et ça m’a fait le plus grand bien car j’arrêtais de ruminer. Il me rassurait en me disant des choses telles que « tu t’en occupes très bien », « il va très bien ».
Lorsque ma sage-femme (qui m’avait suivie pour la préparation à l’accouchement) est passée à la maison pour peser le bébé, je lui ai parlé de mon état et elle m’a prescrit du magnésium et des vitamines. Je ne sais pas si ça a vraiment aidé, mais j’ai eu le sentiment de remonter la pente.
Cet état a duré 10 jours, qui m’ont semblé être une éternité. 10 jours où je n’étais pas moi-même et où je ne pouvais pas profiter pleinement de mon nouveau-né.
Au cours de ma grossesse je ne m’étais pas préparé à cela. Pas du tout. J’avais vaguement entendu parler du baby blues mais tout le monde me disait que ce n’était pas grand-chose.
En réalité si, c’est grand-chose car ça vous empêche d’être vous-même. A un moment où vous avez besoin de toute votre énergie, de toute votre volonté, vous êtes au bout.
Lorsque je suis retombée enceinte, j’avais très peur de revivre la même situation, et d’y penser me donnais les larmes aux yeux. Finalement j’ai eu un petit coup de blues qui a duré 1 jour ou 2 après la naissance, et c’est tout. On dit que pour le 2ème c’est plus simple. Peut-être. Mais je pense quand même qu’il faut être préparée à cette situation, et ne pas avoir honte de dire qu’on est triste et qu’on ne se sent pas capable. Plus on en parle et plus on dédramatise la chose. J’aurais aimé qu’une infirmière me propose de voir un psychologue de l’hôpital pendant les jours qui ont suivis la naissance. Afin qu’il m’aide à déculpabiliser. Il ne faut pas hésiter à le demander je pense.
Aujourd’hui j’ai 2 beaux enfants à la maison, je suis épuisée du rythme, épuisée de ne pas dormir, épuisée de courir après le temps. Mais tellement remplie d’amour et de fierté que toute la fatigue du monde peut bien s’abattre sur moi, je sais que j’aurais toujours la force de les aimer et de les rendre heureux.
Mathilde
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