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Quelle que soit la taille de la famille, aider chaque enfant à trouver sa place est une tâche demandant du doigté, de la patience et de la compréhension. Il faut s’adapter à chacun et à chaque petit détail du quotidien, mais il y existe quelques principes qui pourraient vous éclairer.
C’est peut-être le principe premier pour aider un enfant à trouver sa place dans la fratrie. Car chaque enfant exprime de manière différente de ses frères et sœurs ce dont il a besoin, ce qui lui manque, ce qui lui fait plaisir, ce qu’il voudrait. Et parfois ce n’est pas toujours simple à décoder. Un enfant qui ne se sent pas compris, malgré les efforts de ses parents, parce qu’il y a une incompréhension dans la communication émotionnelle, va développer divers symptômes qui vont créer des tensions à l’intérieur de lui et/ou à l’intérieur de la famille.
Un enfant timide, ou qui a des frères et sœurs qui prennent beaucoup de place justement par leurs paroles, leurs comportements, peut s’inhiber et refouler ses demandes, ses envies. Finalement, cela crée des frustrations et des conflits relationnels, de la rancune, de l’agressivité.
On peut donc essayer d’être très attentifs à la manière dont un enfant semble montrer qu’il voudrait quelque chose. Parfois cela passe par des regards, des micro gestes vis-à-vis d’un objet ou d’une activité désirée ou autre… En parallèle, on peut apprendre à l’enfant à verbaliser. Pour cela, il faut qu’il se sente en confiance et qu’il soit inspiré. On peut l’encourager en verbalisant nous-même nos besoins ou nos envies. Il pourra ainsi de lui-même prendre sa place.
Les enfants doivent pouvoir participer aux petites tâches de la maison, pour les responsabiliser et leur apprendre l’esprit de service aux autres. Cependant, attention à ne pas en faire des parents de substitution ! Bien souvent, les ainés doivent trop souvent s’occuper des plus jeunes. Ils se sentent responsables alors que ce n’est pas leur rôle.
Certains enfants prennent plus de place parce qu’ils ont des difficultés qui peuvent inquiéter les parents : difficultés à l’école, troubles du sommeil ou du comportement, handicap… Ils demandent beaucoup d’attention et de temps. Parfois, leur seul caractère un peu fort ou envahissant peut occuper l’espace vital de la famille. Le reste de la fratrie tente de s’adapter face à cela, pour retrouver un équilibre individuel et de groupe. Aux parents donc de veiller à ce que chaque enfant laisse aux autres son espace et sa place.
Parfois, pour diverses raisons psychologiques inconscientes et dépendantes de l’histoire de l’adulte, certains parents ont des préférences ou au contraire des rejets pour l’un de leur enfant. Certains peuvent aussi faire diverses projections sur leur enfant en fonction de réactions, de manière d’être ou de réaction de ce dernier. Inconsciemment, l’enfant va appuyer sur des cicatrices, des blessures du parent et cela va créer un climat de tension.
Les autres vont le ressentir et cela va créer un déséquilibre dans les relations. L’enfant préféré ou rejeté tiendra alors une place qui n’est pas la sienne car elle est donnée par les conflits internes non réglés du parent en question.
En cas de difficultés, il est essentiel de mettre des mots sur les émotions de l’enfant et sur celles du parent. Ce n’est qu’en verbalisant qu’on réussira à dédramatiser, identifier, résoudre les soucis et aider l’enfant. Lui donner des clés aussi pour qu’il exprime ses émotions de la manière la plus adaptée possible et non avec inhibition ou agressivité. Il a le droit d’être en colère, mais pas pour autant de taper son frère !
Si on constate ce genre de dérèglement, il est important de prendre rendez-vous avec un spécialiste. En dénouant les nœuds, les liens transgénérationnels nocifs, on peut recréer des relations adaptées et harmonieuses.
A partir du moment où on se met à l’écoute de chaque enfant, cela va grandement l’aider à trouver sa place. Il va pouvoir suivre ses désirs propres, par exemple sur les activités qu’il souhaite faire et particulièrement qui le différencient de ses frères et sœurs, qui le valorisent dans ses qualités spécifiques. Autant que possible évidemment. Ceci évitera de créer des rivalités et permettra que chacun puisse trouver sa place et développer son potentiel propre.
Valorisez chaque enfant sur ses compétences et ses qualités. C’est ainsi qu’il gagnera en confiance en lui et osera être différent du frère ou de la sœur qu’il admire.
Passer un temps de qualité privilégié avec chaque enfant permet chaque enfant de se sentir vraiment aimé et reconnu pour ce qu’il est. Ce temps qualitatif va compenser le manque quantitatif que l’enfant pourrait ressentir. Cela permet également aux parents, surtout ceux qui travaillent beaucoup, de bénéficier d’un précieux avec leur enfant qu’ils voient peu. C’est l’occasion de lui transmettre ce qui est important pour eux.
L’enfant s’apaise. Il comprend que si son père ou sa mère n’est pas en mesure de lui accorder du temps immédiatement mais sait pouvoir compter sur un temps de qualité plus tard.
Par exemple on peut instaurer un rituel chaque week end. Un temps privilégié par enfant, avec une activité simple, à deux, différente ou répétée. L’idée n’est pas de dépenser nécessairement. Cela peut être un temps de bricolage, juste un temps d’amour inconditionnel avec chaque enfant, sans être dérangé par les autres, qui peuvent être gardés par le papa, la nounou, la grand-mère, ou autre.
Il n’est pas toujours évident d’avoir une chambre par enfant. Pour que chaque enfant trouve sa place, même s’ils sont deux dans la même chambre, on pet essayer d’organiser un coin, si petit soit t il, pour chaque enfant. Un pan de mur, avec ses dessins accrochés, un petit espace dans la chambre qu’il décore comme il veut et que ses frères et sœurs laissent en l’état. C’est son coin, son espace, où il peut mettre ses jouets et se ressourcer. Il vaut mieux une chambre où on laisse les enfants s’exprimer (et ranger après) même si tout n’est pas esthétique dans leur manière de décorer, qu’une chambre parfaite et sans vie.
Egalement si on ne peut pas avoir de salle de jeu, et comme le salon n’en est pas une non plus, on peut laisser un espace sur le frigo, ou dans le couloir où l’on colle les créations de chaque enfant, les dessins de la fête des mères etc…
La place que chacun doit avoir est celle définie par son existence, sa personne, corps et âme uniques, qui a besoin qu’on lui donne une place concrète pour se manifester. Mais vous le savez, il suffit d’aimer son enfant inconditionnellement, pour ce qu’il est, lui poser des limites adaptées c’est cela lui donner sa place.
Marie Lucas
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