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« Dis, comment on fait les bébés ? »

 
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« Dis, comment on fait les bébés ? » Qui n’a pas déjà entendu cette question dans la bouche de son enfant ? Les petits s’interrogent et veulent comprendre. Et nous, parents parfois gênés, cherchons les bons mots pour aborder ce sujet si précieux…
Bien souvent cette réflexion intervient au moment où l’on s’y attend le moins. En pleine file d’attente au supermarché à une heure d’affluence ou au beau milieu d’un repas de famille… Car si les parents choisissent plutôt des moments calmes pour en parler, les enfants eux posent la plupart du temps leurs questions de manière tout à fait imprévue ! Afin de répondre au mieux à cette belle question, il faut prendre le temps de se préparer, en amont. Comme ça, aucun risque d’être pris au dépourvu !

A quel moment s’y préparer ?

Généralement vers l’âge de trois ans, l’enfant commence à distinguer les différences entre les hommes et les femmes. Il commence par découvrir son corps. Puis il remarque que celui du grand frère ou de la petite sœur sont différents. Le petit garçon découvre qu’il a un petit tuyau entre les jambes alors que la petite fille, elle, a un « trait« .
La question de savoir comment on fait les bébés peut survenir à partir de cette période. Elle peut aussi être posée à l’occasion d’une nouvelle grossesse dans l’entourage. En voyant un ventre arrondi, l’enfant peut s’interroger « Par où il est rentré le bébé ?… Et comment il va sortir ? » « Moi aussi j’en aurai des enfants ? »
La vie quotidienne fournit aussi beaucoup d’occasions d’aborder les choses : le changement de couche de la petite sœur ou le bain peuvent être des moments pour parler des différences anatomiques. Le baiser échangé par papa et maman peut être l’occasion d’aborder la relation privilégiée qui existe entre deux personnes qui s’aiment.

Expliquer le mystère de la naissance à un enfant, même à partir de la venue d’un petit frère ou d’une petite cousine, c’est d’abord lui parler de lui et de l’événement qui l’intéresse plus que tout : sa propre naissance. D’une façon générale, en levant le mystère sur ces choses de la vie, on permet à l’enfant de réaliser qu’il pourra aussi avoir des enfants plus tard, quand il sera grand, avec l’homme ou la femme qu’il aimera…

Faut-il répondre à toutes les questions ?

Oui, mille fois oui ! Soyez à son écoute et faites preuve de sensibilité. Vous créerez ainsi un climat de confiance et d’échange. A aucun moment, votre enfant ne doit percevoir de gêne dans votre comportement ou votre voix. Grâce à cet article et au temps de réflexion que vous allez prendre après l’avoir lu, vous saurez quoi répondre. Et c’est grâce à cette préparation que vous pourrez répondre franchement et directement à la question.

Créer une relation de confiance

En répondant immédiatement et concrètement à votre enfant, vous lui prouvez qu’il peut vous poser toutes les questions qui lui traversent l’esprit. Et elles seront nombreuses au fil des années ! Ce lien précieux de la confiance « parent-enfant » se tisse dès cet âge. Ces quelques minutes parfois gênantes (surtout si vous êtes dans une looooooongue file d’attente) sont le ciment d’une bonne relation avec votre enfant. Eluder une question n’est pas du tout sain car l’enfant cherchera toujours à satisfaire sa curiosité ailleurs. Mieux vaut donc répondre simplement plutôt que de laisser la télévision, un adulte peu scrupuleux ou la cour de récréation s’en charger. Gardez en tête que la première information reçue est bien souvent celle qui reste. Si vous souhaitez que votre enfant garde une belle image de la sexualité, autant que ce soit vous qui la lui donniez.

Se mettre à sa hauteur

Avant toute chose, mettez vous à sa hauteur d’enfant (vous pouvez le faire physiquement, bien sûr). Mais fondamentalement, gardez en tête que tout ce que vous lui dites est pour lui, LA vérité. Vous êtes sa mère/son père et il a (pour le moment) une confiance absolue en vous. C’est l’occasion de faire passer un beau message sur l’amour et la sexualité. Parce que oui, c’est beau ! Ce sont nos esprits d’adultes qui sont abîmés par la vie (les émotions, les déceptions, le temps qui passe…). Nos enfants, eux, n’ont pas encore vécu ces histoires et il est important de leur montrer la beauté de la sexualité et de l’amour.

Le deuxième élément important est de rappeler à votre enfant qu’il a été désiré. N’oubliez pas cette notion ! « Les enfants naissent d’un désir, insiste le Dr Catherine Dolto. Ils doivent savoir qu’ils sont là grâce au désir de leurs parents et à leur propre désir de naître ».

L’autre point essentiel est d’expliquer qu’il faut être deux pour concevoir un enfant. Il est important de leur dire car c’est la réalité et parce qu’il est plus facile pour l’enfant d’être « au croisement » de deux parents. En expliquant qu’il est issu de deux personnes, l’enfant est un « troisième ». Il n’est ni uniquement issu du père, ni uniquement issu de la mère. Cela lui permet alors de mieux se construire. Même si vous êtes seul(e) pour élever votre enfant, expliquez-lui toujours que vous ne l’avez pas conçu(e) seul(e).

Que faut-il dire ?

La vérité, rien que la vérité !

Eh bien, la vérité ! Si votre enfant venait à constater que vous ne lui avez pas dit la vérité sur ce sujet, il risque par la suite d’être méfiant face aux informations que vous lui donnerez. Il pourrait donc ne plus venir vous poser de questions et aller chercher l’information ailleurs, là où elle n’est pas forcément la meilleure… De plus ces mensonges (la cigogne, les choux…) ne font que retarder le moment où vous devrez vraiment expliquer à votre enfant « comment on fait des bébés ». Ces histoires intègrent aussi largement la notion de hasard : l’enfant semble être arrivé de nulle part un beau jour, sans avoir été désiré ou attendu. Or, toute explication doit véhiculer les notions de désir et d’amour ! C’est en sachant qu’il a été conçu dans l’amour et le désir, que l’enfant se forgera son identité propre.

Utiliser les termes techniques avec parcimonie

Inutile également de parler de termes techniques ou de vous lancer dans une leçon d’anatomie face à un tout-petit ! Parlez-lui d’amour et de tendresse ! L’enfant retient seulement ce que sa capacité de compréhension lui permet d’assimiler, il n’attend pas un cours détaillé sur la reproduction. Ce qu’il veut savoir c’est quel est son sexe, à quel adulte il ressemblera, ce qui l’attend plus tard et s’il a été conçu dans l’amour. A cet âge, c’est l’origine de leur existence, plus que le rapport sexuel, qui intrigue votre enfant ! L’essentiel est que votre enfant sente que sa curiosité n’est pas dérangeante ni malsaine.

Evidemment le niveau de détails dépend de l’âge de l’enfant : les plus jeunes attendent des réponses très simples et courtes. Si c’est trop peu ne vous inquiétez pas, il reviendra à la charge ! Si c’est trop en revanche, vous l’ennuierez. Le plus important est vraiment que l’enfant sente l’adulte réceptif. Il va poser des questions jusqu’à ce que sa curiosité soit satisfaite puis cessera d’écouter. L’image de la petite graine n’est pas inintéressante car elle met aussi en évidence le rôle du papa, ce qui est très important. Certains adultes trouvent parfois plus pratique de parler uniquement de la grossesse et d’omettre volontairement de souligner le rôle du papa dans la conception du bébé. Or il est très important, aussi bien pour les petites filles que pour les petits garçons, de savoir qu’il faut être deux pour concevoir un bébé.

Donner de l’information adaptée à l’âge de l’enfant

Lorsque votre enfant vous interroge, tenez-vous-en à ses questions pour éviter d’en dire plus que ce qu’il est prêt à entendre. Faites-le d’abord parler un peu avant de répondre, demandez-lui par exemple « Qu’en penses-tu, toi ? Que sais-tu à ce sujet ? » Ainsi, vous obtiendrez ainsi des informations sur ce qu’il sait déjà et, surtout, du vocabulaire qu’il comprend. Ensuite, ajustez l’information à lui donner en partant de ce qu’il sait déjà (et de ce qu’il semble vouloir savoir). Assurez-vous que vos réponses sont aussi simples et courtes que ses questions. S’il veut en savoir davantage, il vous posera une autre question ! S’il vous répond qu’il n’en sait rien, commencez avec l’explication la plus simple.

Quelques repères en fonction des âges

  • À 3-4 ans, l’enfant n’a pas besoin d’avoir de référence physique. Vous pouvez lui dire « Pour faire un bébé, il faut un papa et une maman qui s’aiment. Chacun apporte une petite graine, elles vont s’unir et faire un bébé. »
  • À 5-6 ans, l’enfant connaît son corps et sait faire la di­fférence entre une fille et un garçon. En fonction de sa place dans la fratrie (les aînés sont souvent moins éveillés que les suivants sur ces questions), vous pouvez évoquer des termes techniques. « Quand un papa et une maman s’aiment fort, ils ont envie d’avoir un bébé. Ils se font un gros câlin et le papa dépose une graine dans le ventre de la maman, plus exactement dans sa petite poche à fabriquer les bébés. Ces deux graines se rencontrent et ensemble, elles forment un beau bébé.»
  • À partir de 7/8 ans, évidemment, la question de savoir comment papa dépose la graine commence généralement à intriguer l’enfant ! Vous n’allez pas y échapper. Il est possible que cela les fasse rire (je me souviens du fou rire de mes garçons (7 et 8 ans) quand ils ont imaginé qu’un bébé sortirait « du trait » de leur petite sœur). Dans ce cas, n’ayez pas peur des mots ! Appelez un chat, un chat. En entendant ces termes (peut-être pour la première fois), vos enfants comprendront la réalité des choses. Mais surtout, ils vont assimiler que leurs corps sont faits pour donner la vie ! Quel cadeau ! Essayez de ne jamais décorréler cette question de l’amour et du désir. C’est un cadre tellement rassurant pour eux.

A chacun son vocabulaire

Chaque parent trouvera son style, avec son propre vocabulaire, mais dans les grandes lignes, on évoquera tout ceci : les graines de vie et le petit sac spécial pour les bébés dans le ventre de la femme. Le moment venu, on parlera de ce « passage des bébés », couloir vers le sac à bébé. Ce même petit couloir élastique par lequel le bébé sortira quand il sera prêt… Certains font le choix d’utiliser les vrais termes (pénis, utérus, vulve…). Personnellement, je suis d’avis, à partir d’un certain âge d’utiliser le bon vocabulaire. En effet, ce sont des mots qu’ils pourraient entendre en dehors de la maison. Autant qu’ils sachent ce que c’est, à quoi cela sert et que ce n’est pas un jeu !

Il se peut que votre enfant vous pose de nouveau une même question, alors que vous venez tout juste, il y a quelques jours, de lui répondre. L’enfant n’a donc pas compris ce que vous avez tenté de lui expliquer. C’est notamment ce qui arrive lorsque vous utilisez des mots qu’il ne connaît pas ou que vous lui enseignez des notions trop complexes pour son âge. Reprenez votre explication de façon plus simple ! Essayez d’éclaircir la situation : « Est-ce que quelque chose n’était pas clair ? Peux-tu me dire ce que tu as compris ? ».

Mon enfant ne pose pas de questions !

… ne vous alarmez pas! C’est peut-être simplement que pour le moment, il n’est pas intéressé par ces informations. Vous pouvez attendre simplement que les questions lui viennent. « Accompagnez-le dans son développement mais ne le précédez pas », explique Anne Bacus*. 

Néanmoins, si vous souhaitez malgré tout aborder le sujet avec lui, il existe de nombreux livres bien écrits pour les touts-petits. C’est un bon moyen d’en parler ensemble avec délicatesse si vous pensez que votre enfant n’ose pas poser de questions par gêne.

Et si je suis mal à l’aise ?

L’enfant ne fait que demander une explication à quelque chose de beau et naturel : la reproduction humaine. Si la gêne s’empare de vous, soyez honnête et dites à l’enfant que sa question vous embarrasse et que vous y répondrez plus tard.

Accordez-vous (un peu) de temps mais n’oubliez pas de faire un retour ! En effet, l’enfant pourrait interpréter votre malaise et l’absence de réponse comme le signe que sa question était inconvenante et faire de ce sujet un tabou.

Quoiqu’il en soit, tâchez d’y répondre avec ce que vous êtes, avec ce que vous pensez juste de dire. Et restez sereins. Ne rien dire, ne pas répondre ou répondre volontairement à côté, revient à établir un malaise qui peut faire obstacle plus tard à une vie sexuelle épanouie. Une image saine de la sexualité passe avant tout par un dialogue ouvert et simple sur tout ce qui s’y rapporte.

A lire avec votre enfant :

Lire aussi Maman, comment on fait les bébés ?

*Anne Bacus

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