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Le Québec est à l’avant-garde des méthodes éducatives. Longtemps à la traîne en matière d’engagement pour la petite enfance, à l’image de son voisin américain, le gouvernement québécois a depuis massivement investi dans le développement des crèches et des programmes associés. Il en ressort quelques lignes directrices qui pourraient nous inspirer.
Les méthodes éducatives prônent la libre expression de chacun, dans un cadre de consignes très claires mais peu restrictives. Ces consignes visent à établir des règles de vie commune. Au sein du groupe, chaque enfant est considéré comme un individu à part, avec des besoins, un mode d’expression et une personnalité propres. Les éducateurs connaissent bien chaque enfant et adaptent leur posture par rapport à chacun.
Dans ce contexte, il n’y a pas d’échelle d’évaluation ou de comparaison entre les enfants. Chacun se développe à son rythme et les seuils de vérification sont extrêmement légers. Ce sont plutôt des signaux qui s’allument si un bébé de 18 mois ne montre aucune velléité de marcher ou si un enfant de 3 ans ne dit pas un mot. Et encore, dans ces cas bien précis, un protocole et une équipe dédiés se mettent en place pour accompagner l’enfant sans l’isoler du groupe ou le « sortir » du système.
Les enfants ne se sentent pas jugés. Ils peuvent être eux-mêmes et ne ressentent pas la pression de devoir ressembler à un modèle normé. Chacun développe ses talents à sa vitesse.
Le modèle est basé sur la valorisation des compétences ou des comportements positifs. Les mauvais réflexes ne sont pas jugés, l’éducatrice rappelle seulement les règles et cherche à comprendre pourquoi l’enfant a réagi de telle ou telle manière. Puis, elle se concentre sur les autres solutions pour gérer le trop plein d’émotion ou l’événement qui a dérangé l’enfant. Elle revient toujours au positif que ce soit pour valoriser ce qui a été produit/fait par l’enfant ou pour transformer un épisode désagréable en apprentissage.
Comme chaque enfant s’épanouit différemment et qu’ils déploient des talents différents, le groupe prend une importance primordiale. Au Québec, les enfants apprennent à être solidaires, à compter les uns sur les autres et à valoriser les uns ou les autres. Il n’est pas rare de célébrer en groupe les accomplissements de l’un ou de l’autre des enfants.
Le cadre posé par les éducatrices est concentré sur des règles de vie en groupe. Comment gérer un conflit, comment évacuer les émotions négatives sans gêner les autres, comment prêter, comment exprimer ses besoins et comment servir le groupe. Les enfants sont très rapidement responsabilisés et autonomes pour aider leurs camarades ou aider leur éducatrice pour un repas ou pour les rangements. L’important est de leur apprendre à adopter les bons comportements en société.
Par ailleurs, les barrières adultes/enfants sont très faibles. Au Québec, les enfants font partie de la société au même titre que les adultes, ils ne sont pas une source de dérangement. Les petits prennent donc rapidement l’habitude de traiter les adultes et les autres enfants avec le même respect et sans appréhension. Il est important qu’ils développent leurs compétences sociales : travailler en équipe, se faire des amis, écouter et obéir aux consignes, exprimer ses émotions et s’adapter aux autres. Développer les bons comportements pour prendre sa place dans la société est un objectif éducatif de premier ordre.
Enfin et non des moindres, les éducateurs québécois ont une posture très bienveillante avec les enfants et leurs parents. Les enfants évoluent entourés de personnes qui leur veulent du bien et qui sont là pour eux. Cela se ressent fortement dans le discours des éducateurs ainsi que dans les interactions qu’ils ont avec les enfants. Pour vous donner deux exemples, ici les enfants sont des « amis » et c’est ainsi que n’importe quel membre du personnel de la crèche s’adressera à eux. Un autre exemple, j’ai toujours vu les éducatrices être interrompues lorsqu’elles me parlent mais elles marquent une pause, demandent à l’enfant de patienter quelques minutes, maintiennent un contact physique tout en finissant leur phrase et reviennent tout de suite à l’enfant quitte à continuer notre discussion juste après. La posture de l’adulte n’est pas autoritaire ou toute puissante mais elle n’est pas non plus un comportement d’esclave qui accède à toutes leurs volontés. Elle est compréhensive tout en maintenant un certain cadre de respect des uns et des autres.
Pour finir, je me suis toujours sentie épaulée et soutenue par les éducatrices, directrices et maîtresses de mes enfants. Elles m’ont toujours gardé la porte ouverte et ont toujours pris le temps de comprendre mon besoin ou mes questions. Depuis la sage-femme qui m’a accompagnée en post partum jusqu’à la directrice de l’école de mon enfant, j’ai l’impression que nous avons toujours fonctionné en équipe au service du bien-être de mes enfants. Dans une équipe, on se soutient, on est solidaires. J’ai pu m’appuyer sur toutes ces formidables ressources qui m’ont toujours accueilli sans jugement et avec bienveillance.