La pornographie constitue un fléau dramatique aujourd’hui. Les adolescents sont de plus en plus nombreux à y être confrontés. Si les enfants sont à protéger de toute urgence, les parents ont leur rôle à jouer. Il n’est plus question aujourd’hui d’exclure certains sujets avec nos enfants. Si nous avons pu être choqués plus jeunes d’une couverture d’Entrevue apercue sur un kiosque à journaux, réagissons ! Aujourd’hui, l’accès à la pornographie est extrêmement simple et doit donc être pris très au sérieux. Les conséquences dramatiques de ces visionnages ne sont plus à démontrer…
Suite à une grande étude de Médiamétrie commandée par l’ARCOM, des chiffres alarmants ressortent:
Après la découverte de ces chiffres, notre vigilance parentale doit être de mise !
Non, nos enfants ne sont pas à l’abri. Non, il ne s’agit pas que des enfants des autres. L’aveuglement parental à ce sujet est dangereux et constitue une non protection de personnes en danger. Nos enfants, comme tous les mineurs, méritent d’être protégés et alertés des conséquences désastreuses du visionnage de ces sites. Comme l’explique Thérèse Hargot dans ses podcasts et écrits sur le sujet, « la pornographie détruit insidieusement et massivement la capacité à aimer ». Dans son ouvrage « Une jeunesse sexuellement libérée (ou presque) », la sexologue invite les jeunes « à repenser l’apprentissage de leur vie affective, relationnelle et sexuelle, pour devenir eux-mêmes et entrer en relation avec les autres. ». Sur son site, elle propose des parcours pour aider les parents dont les enfants visionnent ce type de site et leur donner des clés pour les faire changer de comportement.
Avant d’en arriver là, comment protéger nos enfants ? Qu’ils aient encore 8/10 ans ou soient déjà entrés dans l’adolescence, nos enfants sont en construction de leur identité. Mimétisme, observation, expérimentations font partie de leur quotidien et les aident à grandir. Leur corps change beaucoup, leur coeur et leurs avis sur la vie et les relations humaines également. Ils éprouvent leurs premières amitiés, leurs premières déceptions aussi. Ils apprennent à évoluer dans le monde complexe qui les entoure. Un monde, en 2023, empli d’images, d’informations et de violence aussi.
Si on ne peut élever nos enfants dans des bulles, ni dans des cages dorées, on peut leur donner des outils. Notre rôle de parents prend alors un sens essentiel: transmetteurs d’outils pour se débrouiller au mieux dans l’existence. Si on ne peut empêcher nos enfants de trouver un jour un moyen d’accéder à des images pornographiques, on peut essayer de leur donner envie de fuir ces sites. Pour cela, une éducation sexuelle et affective est primordiale. Si les mots ne sont pas toujours faciles à trouver, certaines propositions peuvent aider:
Il est quelquefois difficile de voir son enfant grandir. Du visionnage de La Maison de Mickey à celui de sites pornographiques, il n’y a malheureusement que quelques années d’écart. C’est un fait, chiffres à l’appui. Par curiosité, par inadvertance quelquefois aussi, votre enfant a déjà pu tomber sur une image, un site. Puis un deuxième. Sans que cela ne parte d’une mauvaise intention, la pornographie s’est peut être déjà invitée chez vous, alors que vous imaginiez vos enfants devant un bon film.
L’historique des ordinateurs et des téléphones doit être surveillé de près, sans en informer les enfants. Certains logiciels proposent des filtres puissants, empêchant l’accès au sites pour adultes. Depuis 2020, Cloudflare propose en effet des résolveurs DNS capables de bloquer les malwares, mais aussi et surtout, les sites pour adultes. Si l’installation n’est pas évidente, cela vaut la peine de demander à un de vos proches de vous aider à le mettre en place.
Le sujet de la sexualité est difficile à aborder pour de nombreux jeunes. Gênés, il n’est pas rare qu’ils fuient le sujet quand celui-ci est mis sur la table. Cela ne doit pas nous empêcher, en tant que parents, de dire, et de redire, régulièrement, notre disponibilité pour en parler. Une porte doit être ouverte pour qu’elle puisse être franchie. Si nos enfants ont peur de parler de la sexualité, alors nous parleront-ils de cette vidéo étrange qui s’est ouverte alors qu’ils cherchaient des conseils pour s’occuper du nouveau chat de la maison ? Peut-être pas. Elle sera loin alors, l’image du baiser donné par le prince à la belle Cendrillon… Bien trop vite remplacée par des images fallacieuses, donnant une vision déformée et vicieuse des relations amoureuses.
L’adolescence est souvent une période pendant laquelle les parents retrouvent un peu de leur autonomie. Après des années consacrées à leurs enfants encore petits, cette liberté est bien sûr appréciée. Ce nouveau rapport avec nos enfants ne doit pas entraîner un manque de présence ou de communication. Si on se rappelle de nos propres années entre 12 et 16 ans, on se souvient comme ces années sont perturbantes ! Les seins et les poils poussent, les règles arrivent, les premiers émois nous bousculent. La présence d’un adulte repère et rassurant devient alors essentielle. Le mètre soixante quinze de notre grand adolescent de 14 ans ne doit pas nous faire oublier qu’il reste un enfant. Un enfant qui grandit, non sans peurs, interrogations et envies de découvertes.
Aux enfants de plus de 14 ans, il peut être important de poser des mots très clairs. Rien ne sert de rester dans une naïveté improductive: nos enfants seront un jour confrontés à ces contenus en ligne. Peut-être est-ce déjà le cas et les avez-vous déjà surpris. En tous cas, il y a de fortes chances qu’ils en entendent parler autour d’eux ! Il peut alors être bon de leur expliquer POURQUOI ces sites ne sont pas bons pour eux. Donner une interdiction à un adolescent sans lui expliquer les raisons peut être vécu comme une injustice, voir augmenter leur envie d’essayer, par provocation. Leur laisser la parole aussi est important, en posant des questions ouvertes. « Qu’est-ce que tu as vu sur ces images ? Qu’as tu ressenti en les visionnant ? Est-ce l’image que tu as d’un rapport sexuel ? Est-ce que cela te donne envie ? ».
Il peut également être judicieux de reprendre les propos de Thérèse Hargot: « Ceux qui ont été biberonnés au porno peuvent rester, une fois adultes, dans une quête obsessionnelle de leur satisfaction. » L’essayiste explique bien à quel point une maîtrise de soi est indispensable à la relation amoureuse. Le porno n’est pas de l’amour ! Et la sexualité exhibée sur ces sites n’est pas chemin vers une vie affective stable.
La pornographie, selon l’expression et le titre de l’ouvrage de Gérard Bonnet, est une agression sexuelle sur mineurs. La violence de ces images est inimaginable et désastreuse, d’autant plus sur un être en pleine quête de soi. Ces images, qui plus est, ne se contentent plus en 2023 d’être des photos dans un magazine. Elles bougent, elles crient ! Elles bouleversent les âmes et les cœurs de nos jeunes.
Le sujet devrait être pris à bras le corps par nos gouvernements, nos associations mais aussi nos familles. Faisons fi des tabous et des convenances et osons libérer la parole ! Parlons à coeur ouvert à nos enfants pour protéger leur vie future de jeunes adultes. La sexualité ne devrait jamais être dissociée de l’amour. Le respect et la dignité du corps doivent être proclamés et défendus à plein poumons. La beauté de l’amour doit être défendue, avec honnêteté et sans fard. Non, la vie n’est pas un conte de fées, oui il existe des princes et des princesses plus ou moins charmants, et oui, nos jeunes doivent protéger leurs corps mais également leurs yeux, leurs cœurs et leurs âmes.
Offrons donc à nos enfants la chance de connaitre une vie sexuelle et amoureuse épanouie et saine. Donnons-en nous les moyens et gardons ce cap jusqu’à leur maturité d’adulte. Ne nous fermons pas au dialogue sous prétexte « qu’ils sont grands et que cela les regarde ». Permettons leur d’aimer leur corps, tel qu’il est. Donnons leur le plus grand cadeau qu’il soit: un accompagnement chaque jour de leur vie face au vertige de la vie d’adulte qui s’annonce pour eux.