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Bienveillante, stricte, positive, naturelle, approximative… Depuis une dizaine d’années, l’éducation est sur le devant de la scène, au cœur de tous les débats et les conversations. Les livres pour aider les parents fleurissent, autant que les conseils et partages d’expériences sur les réseaux sociaux. Tant mieux ?
Oui. Et non.
S’inspirer d’exemples, de travaux sur l’enfant, avoir en tête quelques principes éducatifs ou idées concrètes d’activités, de réactions face à telle situation, c’est extrêmement précieux pour tout parent.
Mais le risque est d’entrer dans un système où la spontanéité et l’instinct maternel n’existent plus. Personne ne connait notre enfant mieux que nous et personne ne pourra donner de recette miracle qu’il suffirait d’appliquer. La parentalité est faite d’interrogations et de tâtonnements, mais toujours de bonne volonté.
À l’heure de l’éveil et de l’épanouissement à tout prix, on prend le risque de ne plus laisser nos enfants libres. Libres de s’ennuyer, de jouer, de lire, de découvrir et apprendre par eux-mêmes.
Quand on voit des enfants inscrits à 5 activités par semaine et ayant plusieurs écrans à libre disposition chez eux, on ne s’étonne plus que les cours de yoga soient soudain devenus très à la mode.
Pourquoi apprendre à respirer, se concentrer, lâcher-prise et rêver est-il devenu une urgence éducative ?
À cet égard, le témoignage de Céline Alvarez est éclairant. S’appuyant sur les récentes découvertes en neurosciences et sur son expérience menée en maternelle à Gennevilliers et plus récemment en Belgique, que conclut-elle ? Qu’avant d’essayer d’apprendre à ses élèves à lire et compter, elle a d’abord dû les laisser jouer, s’habiller seuls, apprendre à passer le balai et faire des puzzles ! C’est dans une atmosphère calme, et encadré par des adultes qui lui font confiance et ne sous-estiment pas ses capacités, que l’enfant peut développer ces « fonctions exécutives » sans lesquelles il ne peut pas se concentrer, persévérer, rebondir face à l’erreur et avoir envie d’apprendre.
Et que dire du rapport à la nature qui manque cruellement à tant d’enfants des villes aujourd’hui ? Plus d’un enfant sur deux ne joue jamais dehors pendant la semaine selon une enquête de 2015. Pourtant c’est dans un rapport quotidien à l’herbe, aux arbres, aux plantes et aux animaux, que l’enfant peut développer son courage, sa patience, son empathie, sa curiosité. Mais aussi prendre conscience d’appartenir à un monde qui existe en-dehors de lui.
C’est cette reconnexion et ce bon sens que les parents d’aujourd’hui ont d’abord besoin de retrouver, avant de chercher à appliquer à la lettre telle ou telle méthode éducative.
Et il y aura fort à parier qu’un enfant poussé à jouer dehors, entouré de livres et de jeux simples, à qui on ne propose pas d’écran et qui participe aux tâches de la maison… ne mettra jamais les pieds dans un cours de yoga !
Clarisse de Billancourt
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