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Si faire les courses est devenu un calvaire car P’tit Bout réclame quelque chose à tous les rayons, si vous ne pouvez faire un pas sans avoir le même P’tit Bout qui réclame les bras, d’être porté et toute votre attention, et si Grand’Ado réclame chaque semaine un nouveau vêtement de marque, alors bienvenue !
Avoir un enfant qui réclame, ce n’est pas facile à vivre. Car on sent bien que derrière tout ça, il y a un mal-être. Et je ne vous parle même pas du regard des autres au supermarché quand vous êtes en pleine gestion de crise face à un paquet d’ours au chocolat.
Voici quelques pistes de réflexions pour essayer de réagir au mieux.
Pourquoi réclame-t-il ?
Pour agir, il faut souvent commencer par comprendre pourquoi une telle réaction existe.
Mon enfant veut tout et tout de suite. La notion d’attente lui est complètement étrangère, par contre celle de l’immédiateté, pas du tout !
Normal, me direz-vous, un enfant n’a pas la même notion du temps que nous. 2 heures lui paraissent une éternité. Pire encore, si on lui donne une limite de temps floue comme « tout à l’heure », « plus tard » ou « bientôt ». Lui promettre de l’emmener au parc « après » n’est pas du tout concret pour lui…après quoi au juste ?
Pour l’aider à se repérer dans le temps, proposez-lui des signes facilement reconnaissables. Expliquez-lui que le parc ce sera après le goûter, par exemple. Qu’il verra ses amis dans deux jours, c’est à dire après 2 nuits (2 dodos comme j’entends souvent). Ou que Papa rentrera quand il fera nuit. Bref, appuyez-vous sur des éléments qui rythment son quotidien et qu’il sait déjà identifier. Même pour les grands qui savent lire l’heure, une borne temporelle bien précise peut les aider à se repérer.
Quand il réclame un truc à grignoter à 18h30, on peut lui dire qu’il va manger juste après avoir pris son bain. Ainsi les choses sont claires pour lui…à condition que vous vous y teniez aussi !
J’ai envie de dire, qui ne confond pas ces deux choses dans une société de consommation comme la nôtre qui a pour effet de créer des besoins (donc des envies) là où il n’y en avait pas. Alors, comment reprocher cela à nos chères têtes blondes ? Mais c’est un autre débat.
Il réclame à corps et à cris la même paire de chaussures que son camarade. Mais en a-t-il vraiment besoin ? Selon l’âge de l’enfant, on peut aisément entamer une discussion à ce sujet avec lui, afin de lui faire comprendre la différence entre un besoin vital et une envie. Poursuivez en expliquant que vous répondrez aux besoins vitaux uniquement. Et que pour le reste, ce sera selon la situation. Comprendre aussi qu’il y a des envies éphémères (souvent inutiles et coûteuses…le fameux coup de tête) et des envies de longue date. Ce sont ces envies-là qui vous intéressent et auxquelles vous répondrez peut-être selon les cas.
Attention, tout refuser catégoriquement aurait l’effet inverse que celui escompté en créant la frustration, voire la désobéissance. Et ce n’est pas ce que l’on veut, n’est-ce pas?
On revient à la fameuse société de consommation qui sait parfaitement s’adresser aux enfants, en les alléchant en permanence. Il réclame des choses pour ressembler aux autres, pour entrer dans les « bonnes » cases et avoir les mêmes codes.
Tout d’abord, on peut lui faire prendre conscience du prix de l’objet, car ne nous mentons pas, ces objets de marque coûtent toujours un bras. Ces chaussures que tu veux (et dont tu n’as pas réellement besoin) représentent 1/4 de mon salaire. Si je te les achète, mon budget pour faire les courses a disparu, ce qui veut dire que par ton caprice, tu pourrais priver toute la famille de manger pendant 3 semaines. Sans faire de chantage culpabilisant, un retour à la réalité est parfois intéressant.
Puis, lui expliquer – et ce n’est pas chose aisée – que vouloir faire comme les autres n’est ni un gage d’acceptation, ni une vraie preuve de personnalité. Même si on sait combien les jeunes sont durs entre eux, et se jugent énormément sur leurs vêtements, on peut tenir sans devenir un clone.
Il réclame pour posséder plus que les autres, pour attirer votre attention plus que sur ses frères et soeurs… Un besoin de se faire remarquer.
Quelques solutions
Donnez des règles du jeu très claires avant d’entrer dans un lieu de tentation comme une boutique ou un parc d’attraction par exemple : nous allons dans ce magasin pour faire les courses, mais il n’y aura ni bonbons ni jouets, seulement de quoi faire le repas pour tout le monde ce soir.
Ainsi, les choses sont claires, l’oeuf au chocolat ne fait pas partie de la liste de course, il ne sert donc à rien de le réclamer. À ce moment, n’oubliez pas de le féliciter si en sortant du magasin, il a su ne rien réclamer !
2. Savoir dire non sans scrupules
Il n’y a aucun scrupule à avoir, à refuser d’acheter la chose que l’enfant réclame, et à ne pas céder. Cependant, il faut tout de même lui expliquer très simplement la raison de votre refus.
De temps en temps, on peut aussi accepter, comme ça, juste pour le plaisir de faire plaisir. Mais ce sera quand VOUS avez décidé.
3. Prioriser les besoins et les envies
Comme on l’a dit plus haut, l’enfant peut petit-à-petit reconnaître ce dont il a réellement besoin, ce dont il a envie et à quel degré il en a envie. On peut aussi lui appliquer la règle des « 5 jours », comme aux acheteuses compulsives. Si dans 5 jours tu en as toujours autant envie, alors on en reparle.
4. Apprendre le mérite
Et pourquoi ne pas céder à une réclamation si l’enfant le mérite vraiment : un bon trimestre à l’école, un progrès fait dans la vie quotidienne, un meilleur comportement, que sais-je encore… Ou trouver un moyen de lui faire gagner quelques pièces pour qu’il puisse se payer (ou au moins participer) ce dont il a envie, tout en connaissant le prix de l’effort.
Tout ne se règlera pas en un jour, mais on peut faire en sorte d’espacer ce genre d’épisodes pas toujours agréables.
Photo : @Blue Cicada Photography x Darya Koop pour MAMAN VOGUE