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Très tôt, parfois en maternelle, votre enfant peut devenir la victime de ses camarades et faire alors l’objet de brimades, d’humiliation ou d’insultes répétées… Un large panel d’informations est disponible en ligne à propos du harcèlement puisque l’Education nationale en a fait son cheval de bataille. Voici toutefois quelques clefs simples pour éviter d’en arriver à des situations extrêmes et parfois dramatiques.
Certains signes doivent alerter et en tout premier lieu, le changement de comportement à la maison. Un enfant habituellement gentil et doux, harcelé à l’école, va devenir colérique, irascible et moins agréable en famille.
Ainsi, Paola, 7 ans, a toujours été une enfant calme, serviable et enjouée… En quelques semaines, elle s’est mise à être plus taciturne, impulsive voir violente avec ses petits frères et sœurs… Surprise et impuissante, j’ai cherché ce qui pouvait bien se passer… La tentation est grande de mettre ces changements sur le compte de l’âge et c’est ce que j’ai fait dans un premier temps. Elle grandit, elle change, elle a plus de mal à supporter que les plus petits envahissent sa chambre… rien de plus normal…
Pourtant, le symptôme est classique : l’enfant harcelé à l’école, sous tension toute la journée, va devoir décharger sa colère. Il le fera au sein de sa famille, lieu où il se sent en sécurité et où il sait qu’il ne prend pas de risque.
D’autres signes apparaissent parfois aussi, comme la chute des résultats scolaires ou un changement de comportement en classe. La somatisation est également un autre « symptôme » : maux de ventre (le dimanche soir !), maux de tête et fatigue sont à prendre au sérieux s’ils se répètent.
LA solution c’est la COMMUNICATION… Elle reste et restera le meilleur moyen d’aider votre enfant. Dès l’apparition des premiers signes, établissez un dialogue, soyez contenant et chaleureux car la honte est souvent bien réelle. Encouragez votre enfant à communiquer sans être intrusif. Attention de ne pas formuler de questions trop précises, au risque qu’il se contente d’acquiescer ou de réfuter.
Paola parlait facilement de ses journées d’école, mais il a fallu plus d’une semaine de recherche pour que j’isole le problème… Et un jour : « Je trouve que tu me parles souvent de Laura, c’est une bonne amie ? » On y était… Le lendemain, la parole s’est déliée… C’était cette fameuse Laura qui se moquait et intimidait Paola… Sous pression toute la journée en classe, elle se lâchait à la maison… Ce jour là, je ne l’arrêtais plus, Paola a vidé son sac… Combien de situations m’a-t-elle décrites ? En classe, dans les rangs, dans la cour… Bloquée par sa honte, elle n’osait pas en parler, persuadée que ces moqueries étaient en quelque sorte justifiées. Sa confiance en elle s’était détériorée, aussi, tout ce que faisait Laura avait un impact disproportionné et était ressenti comme une véritable agression…
Rassurez votre enfant : Non, on ne se moque pas de lui parce qu’il est nul… mais probablement parce qu’il est « différent »… Des lunettes, un surpoids ou simplement premier de classe, … ou parfois rien du tout… Dites le lui : ce n’est pas de sa faute !
Expliquez aussi à votre enfant qu’il n’est pas le seul à subir des moqueries : peut être en avez vous subi vous-même ou sinon prenez d’autres exemples parlants.
J’ai raconté à Paola l’histoire d’un de ses oncles au même âge… Il s’était fait « harcelé » dans le scoutisme jusqu’à en être dégouté… Cet oncle chéri, si sportif, si grand, si drôle, si fort, avait été intimidé par un autre… ? Quelle surprise! Ainsi ca n’arrive pas qu’aux nuls…
Et surtout, surtout…Ne réglez pas le problème à la place de votre enfant car cela ne fera que le différer. S’il peut être nécessaire de désamorcer la spirale et donc d’en parler à l’enseignant, laissez toutefois votre enfant trouver en lui les ressources pour faire face.
Il faut de vraies solutions à votre enfant car pour rétablir la situation, il doit changer lui-même ! C’est injuste mais c’est pourtant la seule issue.
Pour cela, décrivez en détail avec votre enfant les « situations-problèmes ». Une fois les faits relatés, aider l’enfant à trouver des solutions pour agir autrement. Empruntée aux Thérapies comportementales et Cognitives, cette méthode consiste à exposer et revisiter les scénarios auxquels l’enfant doit faire face. Vous pouvez même recourir au jeu de rôle pour rejouer ensemble les scènes qui ont eu/vont avoir lieu. C’est une manière de faire prendre conscience des phénomènes en les vivant. Votre enfant pourra retenir les solutions qui lui plaisent pour les utiliser ensuite dans la vraie vie.
Pendant les 2 ou 3 semaines qui ont suivies, nous débriefions au retour de l’école. Paola décrivait dans quelles circonstances Laura s’était moqué d’elle… Nous essayions de trouver ensemble des solutions : qu’est ce qu’elle aurait pu faire/répondre… Mise en application dès le lendemain à l’école du « plan d’action »… Progressivement, elle n’a plus eu besoin de moi… Elle avait en elle les réponses adéquates et ainsi Laura a cessé de s’acharner…
Retenez que l’indifférence est souvent insuffisante pour décourager les moqueurs. La violence quant à elle, n’est pas non plus une réaction positive (même si ça peut parfois démanger) et peut avoir des conséquences regrettables (riposte, punition).
Apprenez à votre enfant à adopter une position affirmée c’est-à-dire ni soumise ni agressive. Cette disposition contribuera à l’établissement d’interactions sociales plus satisfaisantes. Pensez à l’humour : il participe non seulement à la dédramatisation mais aussi à la confiance en soi.
Attention toutefois car la fin du harcèlement ne signifie pas la fin du mal être. Reconstruire son image peut prendre du temps du temps et ne se fait pas du jour au lendemain. Gardez une oreille attentive !
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© Clarisse de Lauriston