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Temps de qualité ou temps tout court ?

 
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Dans la communauté des parents, sur les blogs et dans les publications dédiées aux parents est né un nouveau principe éducatif : le temps de qualité. Faut-il mieux quitter à 17h et se reconnecter après la routine du soir ou rentrer pour lire l’histoire à des enfants nourris et baignés ? Le temps de qualité est un atout formidable pour déculpabiliser les parents qui se sentent trop accaparés par leur travail. Car en effet, ne vaut-il pas mieux être présent à 100% 2h par week-end que 5 soirs par semaine à 30% ? Un temps de qualité ce peut-aussi être un temps exceptionnel, un moment dédié à un enfant en particulier, un temps pendant lequel nous ne sommes qu’attention pour eux, sans nos téléphones, nos ordinateurs et nos ruminations. Plus facile hors confinement et télétravail, plus facile aussi lorsque les activités sont possibles, lorsqu’il est autorisé de voyager ou de s’évader pour une après-midi ou un week-end.

Et pourtant, je ressens parfois cette nécessité d’un temps de qualité comme une pression supplémentaire. Quelles sont nos attentes respectives ? Et si cette sortie tous les deux ne se passait pas bien ? Et s’il n’avait pas envie de discuter ou de faire cette activité avec moi ? Et si nous souhaitions l’un et l’autre être ailleurs sans se l’avouer ? Et si je m’ennuyais dans cette partie de playmobil ? Pire : et si ça se voyait ? Et si nous n’en retirions que de la rancœur mutuelle de se forcer à passer par un rituel qui ne nous correspond pas ? J’en veux pour exemple de mauvais souvenirs de ma maman qui cherchait si gentiment et si maladroitement à alimenter notre complicité mère-fille dans des virées à deux qui me semblaient si peu naturelles. Nous en ressortions mal à l’aise et fâchées nous demandant secrètement ce que l’autre en avait pensé et honteusement, comment faisaient les autres duos mère-fille…

Cependant, je continue de croire que je remplis le réservoir d’amour de mon enfant en lui accordant mon attention pleine ! Et je réalise que petite, je me nourrissais au contact d’une mère présente sans omniprésence. D’une mère qui savait tendre l’oreille sans m’envahir pendant qu’elle faisait autre chose. Une mère qui n’était pendue ni à son smartphone ni à mes lèvres mais qui vaquait à ses occupations. Une mère qui ne posait pas toujours le stylo mais savait écouter activement malgré tout. Une présence rassurante qui me laissait aller et venir au grès de mes besoins. Et finalement, je crois que ce modèle me convient assez. Je ne nourris pas une curiosité dévorante pour les confidences de mes enfants, je ne tiens pas à être le témoin de tout et tout le temps et les playmobil me font bailler. En revanche, j’adore capter une discussion banale, écouter les histoires que nous nous racontons dans l’ordinaire de notre quotidien, détourner un moment de vie classique pour le rendre fantasque et nous créer des souvenirs. J’aime que ma porte soit ouverte pour laisser un passage libre sans obligation. J’aime ce temps sans contrôle qui nous regardons s’écouler ensemble ou que nous meublons spontanément. J’aime le temps ordinaire que nous partageons ensemble et qui a la saveur de la permanence, du familier. Il ne se mesure par forcément en heures ni en qualité. C’est dans ce terrain que je montre à mes enfants combien je les aime chaque jour et à chaque instant.

Alors temps de qualité ou temps tout court, je n’ai pas su trancher. Je crois plutôt que la disponibilité à l’autre (qu’il soit un enfant ou un adulte) est devenue une denrée rare, ce qui lui redonne toute sa valeur.

 

crédit Photo : @Anna Click

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