Il y a comme une odeur de fin d’année, de fête d’école, de cahiers usés et de grand départ. Au fond de cette atmosphère, on sent aussi l’air chaud des bilans et des bulletins.
À quoi a ressemblé l’année de nos enfants ? Quels sont leurs échecs, quelles sont leurs réussites ? Nous sentons-nous satisfaits de ce qu’ils ont appris, de la manière dont ils ont grandi au cours de ces derniers mois ?
À la sortie des classes, je tends l’oreille. J’écoute ce que les parents se disent. Ils parlent de programme de vacances, évidemment, de destinations ensoleillées, de centre aéré et de grands-parents sollicités. Et puis, il y a ces autres conversations qui font écho au mail envoyé il y a peu par le directeur de l’école : l’avis des parents sur les performances des maîtresses.
“J’espère qu’il sera dans une meilleure classe l’année prochaine.”
“Elle passe en CM2, on va la faire bosser pendant les vacances parce qu’ils n’ont rien fait cette année !”
“Le maître, c’était la catastrophe. Je suis content que ce soit fini !”
“Je lui ai dit à la maîtresse qu’ils avaient trop de devoirs.”
Qu’est-ce que les parents d’aujourd’hui cherchent de plus par rapport à ceux d’hier ? Pourquoi ce besoin de perfection, ce besoin d’être sûrs que nos enfants ont été accueillis, compris et, quelque part, optimisés au maximum de leur potentiel ?
Un seul mot me vient en tête : la performance. Nous voulons que nos enfants soient performants et, par extension, que les adultes qui les entourent le soient aussi. Cela commence d’abord par nous, parents, par les exigences que nous nous donnons pour notre rôle de tous les jours : être présent, bien choisir leurs activités extrascolaires, être bienveillant, jouer avec eux, suivre avec attention leurs devoirs, les écouter, cuisiner de bons repas sains, cultiver leurs qualités, les ouvrir à la culture, leur lire des histoires… Un programme ambitieux, mais à juste titre.
Puis, cette recherche de performance s’étend aux maîtres et aux maîtresses, aux professeurs, aux animateurs… À tout le système encadrant nos enfants. Nous avons beaucoup de mal à accepter l’activité sans objectif, le cours de tennis un peu plan-plan, les leçons de danse sans spectacle, tout ce qui potentiellement pourrait ne “servir à rien”.
Amusez-vous à taper “réussir son enfant” dans votre barre de recherche. Vous trouverez immédiatement des listes tout à fait sérieuses d’astuces infaillibles pour réussir sa maternelle, éduquer son enfant à réussir dans la vie ou, en toute modestie, l’aider à réussir chaque jour. Les conseils vont du “lui donner confiance en soi” à “lui apprendre à relever des défis”, en passant par des recettes pour bien dialoguer, garder son calme et l’encourager sans pression.
Nous voulons, plus ou moins consciemment, des enfants productifs. C’est-à-dire des enfants qui excellent, quel que soit le domaine qui nous importe (école, musique ou sport).
Vouloir » réussir nos enfants » peut être une façon de répondre à notre angoisse face à un monde qui se complexifie, de plus en plus compétitif et où il faut toujours se démarquer. Toutefois, je vois plutôt dans cette recherche de performance la simple conséquence d’une envie de bien faire. La parentalité actuelle ne peut pas avoir les mêmes défis que celle d’hier car, aujourd’hui, elle est pleinement choisie. “Réussir son enfant” répond à une envie d’offrir le meilleur à ces enfants que nous avons voulu et que, par conséquent, nous ne pouvons pas “rater”.
Alors, si la première phrase qui m’effleure les lèvres ressemble à “ils se posaient moins de questions avant”, j’ai toutefois envie d’y voir une tendance positive. Bien sûr, il faut que nous acceptions le lâcher prise, l’inutile, les sous-performances et les erreurs. Que nous réapprenions à faire confiance aux adultes qui éduquent nos enfants en dehors de nous, car ils leur apprennent à minima le monde et l’altérité.
Mais, j’ai aussi envie de poser un regard approbateur sur ce choix plus assumé de se consacrer à sa parentalité. De faire de cette partie-là de notre vie un projet à part entière et donc, inévitablement, d’y poser des objectifs et des rêves. Une manière plus investie d’être parent.
Et ça, c’est bon et c’est beau aussi.
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