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C’est bizarre mais de prime abord, je n’ai pas le souvenir de m’être posée cette question pendant ma grossesse. Ma fille était là, dans mon ventre, parce qu’on s’aimait. Elle était le fruit de notre amour. Et à chaque idée angoissante qui surgissait dans ma tête, je me disais : ça ira, on est deux, on s’aime, on fera face, quoi qu’il arrive. J’avais plutôt peur de ne pas l’aimer elle. Mais lui, je l’avais choisi, encore et toujours, envers et contre tout. Alors ça irait.
Et puis quand j’y réfléchis, c’est vrai que j’avais peur qu’il soit trop strict avec elle, qu’il n’écoute pas assez ses besoins. Dans le même temps, j’étais (avouons-le, entre nous) effrayée à l’idée qu’il l’aime trop, qu’il n’y ait plus qu’elle. Au final, je vivais dans l’angoisse qu’il fasse mal, dans un sens comme dans l’autre. Et comment aimer quelqu’un qui fait tout de travers ?
Sans compter l’arrivée du bébé. Chamboulement hormonal, déluge de fatigue, vague de sentiments contradictoires. Qui pourrait faire face ? Aimer le bébé ET le papa ? Il ne faut pas pousser ! Ma priorité, ça sera elle. Elle qui n’a pas demandé à être là et qui n’a que moi – que nous – pour répondre à ses besoins.
Oui mais et lui ? Plusieurs mois déjà qu’il me soutient, qu’il prend le quotidien et la logistique en charge, et, regardons les choses en face, qu’il a hâte de me retrouver. Moi. Pas la femme enceinte, pas la presque-déjà-mère.
On explique souvent à l’aîné, qui va accueillir un petit frère ou une petite sœur, que le cœur est bien fait, et qu’il grandit autant que de besoin. Je pense que c’est aussi vrai pour les papas. Je n’ai jamais autant aimé mon conjoint que depuis qu’on est parent. On ne s’est pourtant jamais autant pris la tête. Il faut discuter, de tout, tout le temps. C’est épuisant. Mais c’est beau aussi. Ça apprend à faire l’effort de dire les choses de manière à ne pas heurter l’autre, qui est déjà assez à bout comme ça. Vous voyez l’idée du verre à moitié plein pointer le bout de son nez ?
Est-ce que vous allez l’aimer autant ? Oui. Même peut-être plus. A coup sûr différemment. En devenant parent, on découvre l’absence totale de contrôle, la nécessité impérieuse de lâcher prise et l’urgence de tout remettre à plat. Ce qu’on croyait, ce qu’on pensait, ce qu’on se disait qu’on allait faire. Plus rien ne tient. Alors n’y pensez pas trop. Vous ne savez vous-même (presque) rien de la mère que vous allez devenir – c’est votre enfant qui vous guidera. Alors faîtes-lui confiance, à votre amoureux – il sera le conjoint qu’il faut. Parce qu’il vous connait, parce que vous en avez vu d’autres. Et si ce n’est pas le cas, où est le problème ? Puisque vous n’aviez pas d’attente. Et que vous vous aimez, vous, avec puissance et sans demi mesure. Et c’est bien là votre force. Pour vous, et pour votre couple.
Photo : @Estelle Cbd pour MAMAN VOGUE