Quand on pense au bénévolat, on l’associe généralement à quelque chose de religieux ou de caritatif. On ne pense pas spontanément à tout ce que l’on fait à en plus de notre travail. Pourtant c’est réellement du travail. Il y a 10 ans, quand mon ainé est entré en petite section, j’ai rejoins les délégués des parents d’élèves. Parmi ce groupe de parents très actifs et présents dans l’école, certains bénévoles étaient engagés depuis plus de 10 ans. Ils avaient commencé avec leur aîné et étaient resté au fur et à mesure de la scolarité des autres enfants. Certains consacraient plusieurs heures par semaine pour de l’administratif, des créations de projets ou même du soutien, informel, mais tellement nécessaire, aux parents de l’école.
Voilà une forme de bénévolat qui m’a scotchée ! Dans les activités religieuses ou caritatives, il y a une certaine forme de reconnaissance ou de bonne action qui peut motiver. Mais là, qu’est ce qui motive ?
On pourrait aisément imaginer que la motivation c’est la position hiérarchique. « Je suis président des parents d’élèves », ça en jette, non? Cependant j’ai constaté que ceux qui donnaient le plus de leur temps, ceux qui étaient le plus disponibles et à l’écoute, étaient vraiment des travailleurs de l’ombre, ceux qui n’ont aucun titre. Quand tu les croises à la sortie de l’école, ce n’est pas écrit sur leur front que cette semaine ils ont mis de côté 2 ou 3 heures pour être présents pour d’autres parents de l’école.
Pourtant, fidèles au poste pendant des années, ils améliorent la vie des familles de l’école, sans jamais rien recevoir en retour. Je parle d’eux car j’en fait partie, mais il y en a partout, des responsables d’association sportives ou de loisirs en tout genre, où les gens donne leur temps dans une forme de travail sans être rémunérés.
Qu’est ce qui motive du coup ? Est ce que c’est une sorte d’investissement? Si j’investis dans les enfants des autres, quelques part j’investi dans les miens puisque j’investis dans l’avenir?
Est ce que la joie d’un résultat qui se mesure en « humanité heureuse » nous pousse à faire un travail gratuitement? ou bien est ce qu’on considère que le bonheur des uns est un peu le salaire des autres?
On ne saurait être heureux seul, n’est-ce pas? Travailler pour le bonheur des autres, c’est un peu m’offrir du bonheur à moi, non?
Ceci dit je ne pense pas que travailler bénévolement soit la garantie d’une motivation saine. Ce qui se passe dans les coeurs, personne ne le sait complètement.
Evidemment je crois qu’il est possible également de faire un travail de tout son cœur avec une belle motivation en étant rémunéré. A contrario il est également possible d’être bénévole avec une motivation obscure.
Il y a quelques années, j’ai voulu créer des petites vidéos pour encourager les parents sans chercher à y gagner de l’argent. Pourquoi? Parce que je sais TELLEMENT à quel point être parent aussi merveilleux qe difficile !
Parce que moi, un jour, quand je n’allais pas bien, c’est ce genre de compte qui m’a apporté du soutien. Des mamans, partout dans le monde, qui avaient décidé de donner de leur temps, pour qu’à l’autre bout de la terre, une autre puisse être encouragée.
J’avais l’impression qu’elles y mettaient tous leurs cœurs que ce soit pour 10 ou 100000 abonnés. Leur but était d’aider. Cela m’a inspirée. J’ai voulu participer à ma manière à cette forme d’entraide.
Voilà, c’est ça: y mettre mon cœur et des heures de travail sans autre objectif que d’aider les parents. Il m’arrive souvent de parler de projets auquel je crois ou de produits que j’aime utiliser, mais je n’ai jamais touché un seul centime pour le faire.
Je le sais, c’est un luxe aujourd’hui, d’être bénévole. Avec l’inflation, le coût de tout qui augmente, faire du bénévolat implique forcément des choix familiaux plus sobres. Mais n’oublions pas que se tourner vers les autres, c’est aussi une des plus grandes richesses de cette planète !
Bon, on est d’accord qu’il faut quand même donner à manger à nos enfants, avoir un toit, etc..
Comment fait-on du coup? Je crois que ce sont des choix de vie à prendre avec son conjoint afin qu’ils conviennent à la famille. Cela signifiera peut-être moins de voyage, moins de loisirs coûteux, moins de sacs à main Louis Vuitton…
Mais il y existe une joie qui n’est pas apportée par une fiche de paye. Il y a une satisfaction que ta carte bleue ne peux pas t’acheter…
En réalité, il y a du travail bénévole partout. Quelques fois il n’est pas libellé comme tel, mais quand j’aide la fille de ma voisine à faire ses devoirs, quand ma voisine vient m’aider à planter des choses dans mon jardin, c’est du travail finalement, un travail offert.
Si on apporte tous un petit peu de ce qu’on sait faire sans rien attendre en retour, alors arrive une unité, une fraternité, une solidarité, qui justement ne s’achètent pas.
Cela implique des choix qui ne peuvent pas être compris par tout le monde. J’ai le souvenir d’une amie d’enfance, qui ne participait que très peu aux activités payantes. Il y avait dans cette famille une richesse intérieure qui m’était difficile à décrire. Ses parents étaient bénévoles, régulièrement dans un tas de choses humanitaires dont j’ignorais le nom. J’oscillais entre « la pauvre elle récupère des vieux vêtements » et « wow cette famille a clairement quelque chose de plus ». Moins de choses matérielles que les autres, mais plus de sérénité et de sens que beaucoup.
Il y a des cadeaux proposés par la vie qui vont au-delà des zéros sur mon compte en banque. Il faut juste prendre le temps de les voir et se lancer. Réalisons que si chacun offre un peu du travail de ses mains gratuitement, l’humanité prendra un autre visage. Une fraternité nouvelle. Et peut-être la fin de l’individualisme qui nous fait tellement de mal.
Priscille, encourageuse sur le compte Instagram @depasséemaisheureuse