Vous n’avez pas pu passer à côté de ce phénomène sur les réseaux sociaux ! L’image d’une femme avec un tablier festonné, vêtue d’une jupe midi, coiffée avec un brushing impeccable et dotée d’une peau parfaitement lisse vous parle-t-elle ? Cette femme incarne le mouvement tradwife qui prône un retour aux traditions avec un mode de vie des années 50 où la place de la femme mariée se trouve au foyer. « Trad » pour traditionnal et « wife » pour femme. Cette tendance se propage comme une trainée de poudre sur les réseaux sociaux, notamment sur TikTok.
Ce mouvement des tradwives a commencé dans les années 2010 aux Etats-Unis, a connu un essor à l’arrivée de Donald Trump au pouvoir en 2017 et s’est propagé sur les réseaux sociaux lorsque le mouvement #Metoo est apparu. Imaginez une pin-up des années 50 atterrir dans le monde d’aujourd’hui et vous aurez en face de vous une tradwife. Ces femmes ont décidé de s’occuper de leur foyer comme dans les années 50 : parfaitement maquillée, coiffée, habillée, la tradwife cuisine dans une cuisine rétro avec un tablier à froufrous des bons petits plats élaborés pour sa famille et veille sur l’intérieur de sa maison comme une fée du logis. Ce retour en force de ce mouvement serait une des conséquences de la pandémie de Covid 19, beaucoup de femmes ayant perdu leur travail aux Etats-Unis.
La clé d’un mariage réussi, selon une tradwife, réside dans le fait que la femme soit entièrement dévouée à son mari, qui lui travaille toute la journée pour subvenir aux besoins financiers de sa famille. Le bonheur de la femme dépendrait du bonheur de son époux. C’est donc en toute logique que la tradwife se dévoue entièrement à lui en consacrant tout son temps à s’occuper de la maison, du repassage, du ménage et de la cuisine. La tradwife n’a pas d’activité pour elle en dehors de la maison. Elle prête une attention particulière à son apparence (coiffure, maquillage…). La féminité est un point essentiel dans la vie d’une tradwife : c’est la raison pour laquelle, elle apparait face à sa caméra, toujours pimpante, élégante et souriante, à l’image d’une femme des années 50. La tradwife se dit féminine mais pas féministe, car le féminisme empêcherait la femme de faire des choix libres. Selon ce mouvement, si une femme se dit féministe, elle n’a pas d’autre choix que d’aller au travail et rivaliser avec les hommes sur le terrain. Une féministe ne peut pas choisir de rester à la maison. « La place de la femme est à la maison », répètent-elles inlassablement. Elles s’appuient sur le livre d’Helen Andelin, publié en 1963, intitulé Fascinating WomanHood. Un livre qui donne les clés pour faire durer un mariage.
Ce mouvement prend son ampleur sur les réseaux sociaux. Ces femmes se filment dans leur quotidien, dans une maison qui semble parfaite, sans un grain de poussière ni un jouet qui traine. Estée Williams est une des tradwives les plus connues sur les réseaux sociaux. Sur son compte Instagram, elle cumule près de 120 000 abonnés. Originaire de l’Etat de Virginie aux Etats-Unis, elle incarne la tradwife parfaite, avec un physique ressemblant à Marilyn Monroe : cheveux blonds, teint parfaitement unifié, robe midi corsetée sur tissu fleuri. Sur les réseaux sociaux, elle poste les photos des plats qu’elle prépare pour son mari Connor, des tâches ménagères qu’elle réalise, de son apprentissage du jardinage… Alena Kate Pettitt, elle, représente le mouvement en Grande-Bretagne. Elle tient un blog « la Darling Academy », un compte Instagram et a écrit deux livres sur le sujet. Dans ses vidéos, elle explique comment incarner la parfaite femme au foyer en donnant des astuces de repassage, de nettoyage et de cuisine. En France, la tendance arrive peu à peu, avec notamment le compte Hanna Gas « apprendre les bonnes manières », qui compte près de 57 000 followers sur Instagram. Elle propose des formations pour devenir une Lady autour de 800 euros.
Forcément, la montée de ce mouvement fait jaser ! D’ailleurs, le Haut Conseil à L’Egalité a mentionné ce phénomène dans son rapport annuel sur le sexisme en France, publié le 22 janvier 2024. Ce mouvement fait grincer des dents les plus féministes qui ont l’impression de voir les Droits des femmes bafoués. Et vous, qu’en pensez-vous ?
Soyons honnêtes, les tradwives ne correspondent pas à l’image que nous renvoient les femmes qui font le choix d’être au foyer en 2024 ! Connaissez-vous une femme au foyer autour de vous qui ressemble un tant soit peu à Estée Williams ou Hanna Gas ? Dans la vie, ce qui est important, c’est notre libre-arbitre dans nos choix et de les assumer : femme au foyer ou femme au travail, chacune fait de son mieux pour être en harmonie avec soi-même et sa famille.