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Les enjeux des hommes d’aujourd’hui

 
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Il est clair que notre société d’aujourd’hui connaît une crise de la masculinité. Avec un féminisme omniprésent dans les médias, les hommes qui nous entourent sont face à des enjeux bien particuliers.

Nous avons choisi d’interroger plusieurs d’entre eux, d’âges et d’états de vie différents, pour connaître leur opinion sur le sujet. Comment définissent-ils le fait d’être un homme, et comment se placent-ils aujourd’hui, à travers leur vocation personnelle et leur milieu professionnel ?

Merci à eux d’avoir bien voulu se confier à Maman Vogue.

Mikaël, 48 ans ans, chef d’entreprise, marié et père de 5 enfants

L’homme est un protecteur

La masculinité pour moi ce serait la force, le courage, l’audace, l’initiative et le soutien. Un homme est celui sur lequel on peut s’appuyer, il est un roc. Je pense que l’homme doit assurer une place de protecteur et de décisionnaire dans la société. Il doit pouvoir s’assurer que sa famille ne manque de rien.

Une grande méfiance dans le milieu professionnel

J’ai commencé à travailler il y a vingt-six ans, et je trouve que depuis une quinzaine d’année, on rentre dans une ère de trop grande prudence, voire de méfiance envers les hommes. Un homme aujourd’hui est souvent montré du doigt, et on est tous mis dans le même sac. Je ne peux plus travailler seul avec une jeune femme, par peur d’un problème ou d’une poursuite, quand bien même il n’y aurait aucune raison. Nous avons perdu de la légèreté dans nos échanges entre hommes et femmes dans le milieu professionnel. On est beaucoup guidé dans ce qu’on doit dire ou faire. C’est triste, car cela a tendance à gommer la belle complémentarité qu’il y a entre les hommes et les femmes. Alors que je trouve intéressant de voir les différentes approches qu’ils peuvent avoir sur un même poste.

Être un exemple d’action

Je pense témoigner auprès de mes enfants davantage par mes actions que par mes discours. Un homme est fait pour agir, et agir en exemple. Il est fait pour bâtir et construire. Il est aussi important pour moi de témoigner de ma foi par des actes concrets : pèlerinage à Cotignac tous les ans, visiter des prisonniers… Avec mon épouse, nous avons aussi souhaité leur montrer un exemple de couple qui se respecte et qui s’accompagne l’un l’autre. Je pense qu’il faut davantage travailler sur l’altérité entre l’homme et la femme, qu’on essaye de gommer à tout prix. Nous avons chacun nos qualités, et c’est une grande richesse.

Mon rôle de père est aussi de guider mes enfants, et de les aider à prendre les bonnes décisions. Un père doit dire à son fils : « tu es capable de faire« , et à sa fille : « tu es capable d’être aimée« . Je me sens réellement investi d’une mission en tant que père et époux : celle de garant de l’unité familiale.

La figure discrète de Saint Joseph

La figure de Saint Joseph me touche beaucoup, notamment par sa capacité discrète à agir. Il ne parle pas dans les Ecritures, mais il agit. Et également par sa grande confiance en Dieu et en Marie.

Pierre, 29 ans, militaire, marié et père de 3 enfants

Être engagé

Pour moi, être un homme c’est avant tout tenir ses engagements. Un homme doit pouvoir vivre une vie où il ne se fourvoie pas. Parce que, du moment que l’on fait les choses bien, on ne laisse pas de prise aux autres pour nous faire du mal. Et c’est ainsi qu’on peut le mieux protéger sa famille. C’est cela que je veux pouvoir transmettre à mes garçons. Un homme doit pouvoir être droit dans ses baskets.

Partir à l’aventure

C’est aussi « oser l’aventure ». L’homme est fait pour partir à la conquête du monde. C’est ce qui a fondé toute une génération d’hommes. Aujourd’hui, le monde est accessible à tous virtuellement. Un des enjeux des hommes, aujourd’hui, est donc de poursuivre ses rêves et ses aventures dans un monde dont on connait les limites.

Le mythe du chevalier servant

Les difficultés des hommes d’aujourd’hui résident d’abord dans l’avancée de la technique. Alors que la force physique fait partie intégrante de la nature masculine, l’ère industrielle et les deux guerres mondiales, ont montré aux hommes que leur force ne valait rien. On a un peu perdu le mythe du chevalier, et l’homme a petit à petit perdu son statut de protecteur, qui permettait finalement de construire une société stable. Aujourd’hui, un homme va plus facilement se poser la question : à quoi je sers ?

Mais je n’ai pas peur pour l’avenir de mes garçons. Je sais qu’ils arriveront à trouver leur place, si je leur inculque les bonnes valeurs. Il ne faut pas avoir plus peur de l’avenir que du passé. Il y a eu des crises, il y en aura d’autres, mais on les surmontera. Certaines choses se sont améliorées, et tant mieux.

Louis-Marie, 33 ans, technicien, célibataire

Peiner à trouver sa place

Je définirais la masculinité par la force et une certaine réserve. J’ai le sentiment qu’aujourd’hui les hommes peinent à trouver leur rôle. Le féminisme a pris une telle ampleur qu’on ne nous laisse plus la place. La parole d’une femme va avoir plus de poids. Alors que nous sommes complémentaires. Les hommes ont aussi quelque chose à apporter de par leur nature masculine.

Celui sur qui on s’appuie

Certains hommes ont de grandes aspirations, de grands désirs. Moi, en dehors du désir de me marier et d’avoir des enfants, j’aspire à de plus petites choses. J’aime la vie que je mène et je suis persuadé que j’ai mon rôle à jouer dans ma vie de tous les jours. Il y a des hommes qui ont une vocation de leader, et d’autres de second. Je suis de ceux-là, de ceux qui construisent, qui sont plus réalistes aussi. C’est pour moi tout aussi important.

Saint François de Salle : agir d’où on est

La figure de Saint François de Salle m’inspire beaucoup. C’était un homme qui a préféré rester là où il était plutôt que de répondre à une mission plus grande. Il se sentait appelé à aimer les gens autour de lui, et avancer un peu plus chaque jour, discrètement.

Jean-Baptiste, 43 ans, prêtre depuis 15 ans

Une place paradoxale

La grande difficulté des hommes aujourd’hui est la place paradoxale qu’ils occupent dans la société. Ils occupent en même temps une grande place dans la vie économique et politique, malgré la parité. Et, en même temps, l’homme est bien souvent mis en procès, car on l’accuse de beaucoup de maux. Le mâle blanc occidental est devenu l’homme à abattre.

Dans ma mission de prêtre, j’observe de plus en plus les hommes avoir des difficultés à se positionner dans leurs relations affectives, plus que dans leur vie professionnelle. Les hommes vont avoir plus de difficulté à s’engager dans leur relation amoureuse, car on les culpabilise beaucoup. Et un homme qui assume sa virilité est souvent perçu comme un prédateur en puissance.

Une masculinité à encourager chez les jeunes garçons

Je définirai la masculinité par les termes de : autorité, aller de l’avant, gentillesse et assurance. Lorsque je m’adresse aux jeunes, j’essaye de leur redire ce que sont ces valeurs de la masculinité. J’encourage les garçons à ne pas ses sentir culpabilisés par le discours ambiant, mais aussi à ne pas tomber dans l’excès inverse. Et de même, j’encourage les jeunes filles à laisser de la place à cette masculinité. Elles ont un vrai rôle à jouer pour que les garçons déploient cette masculinité.

Une place difficile, même dans l’Eglise

Au sein des assemblées chrétiennes, il y a toujours plus de femmes que d’homme. Il existe deux causes à cette absence des hommes au sein de l’Eglise.

Une première cause profonde : la masculinité est de nature tournée vers l’extérieur et vers l’action. Un homme va se tourner vers la transformation du monde, qu’il offre ensuite à ceux qu’il aime, notamment sa femme. Il peut aussi avoir peur de ce qu’il ne maîtrise pas, et en vient donc à oublier la vie intérieur.

Ensuite, il y a un raison d’époque : l’Église ne sait pas toujours parler un langage très viril. Un certain nombre d’hommes ne se reconnaissent pas dans un discours ecclésial, notamment lorsqu’il parle de compassion ou de vivre ensemble. Cela fait peut-être font moins écho dans le cœur des hommes. Le vocabulaire utilisé peut être plus teinté de sensibilité, d’affectivité, dans lequel les hommes vont être moins à l’aise. On ne propose pas toujours aux hommes un amour plus masculin qui s’exprimerait plus dans l’action et le service.

Être prêtre c’est d’abord être un père

En tant que prêtre je me sens pleinement homme, car je développe des qualités et des vertus assez masculines. Il faut savoir trouver l’équilibre entre autorité et tendresse. Le sacerdoce comprend une dimension de paternité. Le prêtre est père avant tout, donc il est d’abord un homme. Bien sûr, le fait de ne pas avoir d’activité sexuelle, on est caractérisé – à juste raison- et notamment auprès des adolescents, comme des hommes à part. Notre parole doit être complété par le père de famille, le parrain, par des hommes qui le sont aussi dans leur sexualité.

N’ayons pas peur d’être des hommes

Il ne faut pas que les hommes aient peur d’être des hommes. Entre les machos qui cachent une grande anxiété et ceux qui sont culpabilisés par l’ère actuelle, il y a une troisième voie : on peut être des hommes épanouis, heureux, et qui rendent heureux les autres. On ne doit pas avoir honte de sa masculinité, qui est un don, tout comme la féminité. Il existe bien sûr des blessures mais elles sont guéries par le Christ.

Des saints inspirants pour les hommes d’aujourd’hui

J’aime beaucoup Saint Joseph, par sa capacité à faire silence, à prier et faire confiance, et surtout à ne pas être dans l’activisme. Et j’admire aussi beaucoup les figures de Saint Jean-Paul II et Benoit XVI. Le premier est le géant, l’athlète, le pasteur. Et le deuxième est une figure de théologien, plus discrète. Je trouve qu’ils se complètent beaucoup.

Xavier, 75 ans, retraité, marié, 4 enfants et 15 petits-enfants

Être responsable

La plupart des vertus dites masculines peuvent très bien être pratiquées par les femmes. Mais ce qui me vient en mémoire d’emblée c’est Saint-Exupéry « Être homme, c’est être responsable » ; et nous voyons bien, nous les hommes, comme les femmes, en particulier les mères de famille, savent prendre tout en charge.

Dans notre civilisation judéo-chrétienne, l’homme c’est le chef de famille, mais l’Ecriture nous dit, dès les premières lignes, qu’il « n’est pas bon que l’homme soit seul ». C’est donc un chef qui a un besoin vital, pour « construire sur le roc », d’un alter ego à ses côtés.

Ayant exercé un métier traditionnellement masculin (militaire, ndlr) et ayant eu la chance de me voir confier des responsabilités, je me suis épanoui en tant qu’homme. Mais c’est en tant que personne, corps et âme, que l’accomplissement s’est construit année après année.

Assumer sa part de sensibilité

L’éducation a fait de nous un homme : « un garçon, ça ne pleure pas… » ! Et pourtant, un homme c’est celui qui pleure de joie au petit matin après la naissance d’un enfant et qui ne cache pas ses larmes à la mort d’un ami.

L’homme, c’est un petit garçon devenu un mari et un père, auquel l’éducation affective n’a pas manqué, et qui sans doute, au début de l’adolescence, a été ému jusqu’aux tréfonds de son âme par un visage et un sourire, sentant confusément qu’un jour il prendrait une jeune fille par la main, pour toujours.

La fidélité à un engagement

J’admire les hommes qui se sont portés volontaires pour sauter sur Diên Biên Phu dans la deuxième phase de la bataille, sachant qu’ils avaient peu de chances d’en sortir vivants. C’est la fidélité absolue à un engagement pris quelques années auparavant en recevant un béret, un képi, un brevet, un casoar, un sabre, etc.

L’éducation à la liberté

L’exemple à transmettre est celui de la liberté ; l’éducation, c’est l’éducation à la liberté : se forger des convictions et s’engager résolument à vivre conformément à ses choix. 

Je ne suis pas inquiet pour mes petits-fils qui ont tous la chance d’être tirés vers le haut par leurs parents ; le courage et le talent seront sans aucun doute bien distribués et nous reconnaîtrons l’arbre à ses fruits.

Un grand merci à l’Atelier Petit Page pour ces belles illustrations

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