Mots d’enfants sur la famille

En 1993, L’ONU a institué la date du 15 mai comme étant la Journée internationale des familles. Cette journée offre l’occasion de mieux faire connaître les questions relatives à la famille ainsi que les processus sociaux, économiques et démographiques qui affectent les familles. Si la notion de famille évolue au fil du temps, elle demeure un pilier de nos sociétés contemporaines. Malgré un sentiment, au regard du monde actuel, de familles qui éclatent, de familles dispersées, la notion persiste et signe. On ne l’effacera pas si facilement ! La famille reste un pilier de nos sociétés, un repère généralement rassurant.

Qu’est-ce que c’est une famille ? Ca sert à quoi ?

Si l’on en croit le Larousse, une famille c’est : « un ensemble formé par le père, la mère (ou l’un des deux) et les enfants » mais aussi un « ensemble des personnes unies par un lien de parenté ou d’alliance« , mais encore un « ensemble des générations successives descendant des mêmes ancêtres « .

Petite famille, famille élargie, famille simple ou recomposée, famille sans enfants ou famille nombreuse… Le mot famille tel un caméléon peut se draper de plus d’un qualificatif. Ce qui le rend si difficile à définir. Qu’ont ces familles comme dénominateur commun ? Est-ce que le lien du sang suffit à considérer une famille en tant que tel ? Qu’est-ce qui se retrouve dans de nombreuses familles ?

Ce sont les enfants qui en parlent le plus simplement et spontanément, en témoignent leur réponses aux questions de Maman Vogue.

Une famille ca protège

Avant même de parler d’amour, beaucoup d’enfants évoquent en premier la notion de protection. Une famille, cela assure notre sécurité. Axel 7 ans explique que la famille « protège ». Pour Gemma, 9 ans, une famille « nous donne un toit, nous donne à manger ». Auguste parle d’une « équipe qui a un lien de sang et qui s’entraide » et Tiphaine, 7 ans, d’un « groupe qui s’aime très fort qui peut tout faire ensemble ». La protection ne serait donc pas unilatérale ! Un ensemble de personnes qui vivrait ensemble pour s’entraider et veiller les uns sur les autres ? Une belle union qui ferait la force.

Dans le code civil français, parmi les devoirs qui incombent aux parents vis-à-vis de leur enfant, on retrouve en effet ce devoir de protection et d’entretien. Les parents devant veiller, je cite, à « la sécurité [de l’enfant], contribuer à son entretien matériel et moral, c’est-à-dire le nourrir, l’héberger, prendre des décisions médicales, surveiller ses relations et ses déplacements…« . Et inversement, on retrouve dans la loi, des obligations pour les enfants: « les descendants (enfants, petits-enfants) ont l’obligation d’assurer la subsistance de leurs ascendants (parents, grands-parents…), c’est-à-dire la satisfaction de leurs besoins élémentaires (nourriture, entretien).« . Une protection dans les deux sens pour donner toute sa place à l’amour pour germer et donner des fruits. Oui parce que…

Une famille c’est de l’amour !

Pour Joséphine, c’est « l’ensemble des personnes qu’on aime ». Thaïs explique qu’avec la famille « on est jamais seuls ! ». Esther quant à elle adore « quand on est tous ensemble, dans la même pièce ». Cet amour indéfectible de la famille est un pilier important lors de l’enfance. Un enfant qui se sera senti aimé dans sa famille gagnera en force pour construire son avenir. Le Pape Francois disait d’ailleurs que « la famille est le premier lieu ou l’on apprend à aimer« .

L’expérience montre bien la difficulté de s’épanouir pleinement pour des enfants coupés de leurs racines familiales, maltraités lors de leur enfance ou ayant grandi dans une insécurité affective. Là encore, l’importance de la famille surgit: la famille offre la première expérience de l’amour, avec des promesses de fidélité, de longévité et de loyauté. Quand un lien familial est brisé, les conséquences sur la construction d’une personne peuvent être très importantes: peur de l’abandon, peur de l’engagement, perte de confiance en soi, etc.

Une famille ca se vit.

« C’est une maison. Des petits moments. Près du feu à la maison » Aux yeux d’Esther, 7 ans, la famille se définit par ces moments partagés. Faisant fi des querelles, les bons souvenirs restent dans son regard d’enfant, comme le sens même de la famille. En effet, on ne vit pas ensemble que pour s’aider, mais bien pour s’aimer et partager. Maël, 7 ans, partage cette impression. Pour lui, la famille se résume à « des frères et sœurs qui s’entendent bien, qui jouent ensemble et qui sont heureux. »

En famille, on partage des moments, des photos, des discussions. Des disputes aussi, que l’on tente de compenser par des moments plus positifs, des jeux, des fous rires. On vit ensemble des ballades en commun, des voyages, des expériences. Ces expériences vécues ensemble ne font que renforcer un lien donné par le sang ou créé par l’adoption.

Pour Will Durant, philosophe et historien américain, « la famille c’est le noyau de la civilisation ». Pour l’Eglise catholique, la famille est une « petite église domestique ». C’est en effet en famille que se construit et s’aiguise le tempérament, l’éducation, les relations interpersonnelles de chacun. Idéalement, en apprenant à vivre avec sa famille, on apprend à vivre dans le monde. C’est un apprentissage qui se vit au quotidien, dans une cohabitation plus ou moins choisie, plus ou moins évidente, plus ou moins pérenne.

Une famille, à différents degrés

Pour Joachim, 5 ans, une famille « c’est quand on se marie et que la maman fait naître des bébés ».

Ce mot d’enfant reflète à la perfection notre représentation commune de la famille. Il soulève dans le même temps l’omission des couples sans enfant. Le mot famille est ainsi bien souvent renié à ces ménages souvent féconds de mille autres manières. Il leur revient de droit et cette journée internationale de la famille peut permettre d’insister sur ce point. Les familles nucléaires sont composées de deux adultes ensemble, avec ou sans enfants.

Pour Bastien 3 ans « « la famille, c’est Papa, Maman et Clarence, tu vois ! Et aussi pour moi la famille, c’est les oncles et tantes, Bon Papa, Bonne Maman et Grand Père et Grand Mere et tous les cousins ! » La famille dite élargie regroupe toutes les personnes liées par leur arbre généalogique. Avec eux, sont également partagés des moments, de l’amour et de la protection mutuelle.

Le 10 avril, nous fêtions ainsi la Journée des frères et soeurs et début mars, la fête des grands-mères…

La famille, ca existe encore en 2023 ?

« Bien sûr que oui: moi je veux de l’amour ! »

Une chose est sûre, les enfants interrogés y croient et en redemandent ! Quelles que soient les difficultés rencontrées dans leur propre famille, la majorité des enfants souhaite fonder une famille à l’avenir.

« Bien sûr que je veux faire une famille. Parce que comme ca je serai pas toute seule ! J’aurai quelqu’un avec moi. J’aurai des enfants. » De son côté, Ambroise répond d’un air blasé : « Bien sûr que oui ! Moi je veux de l’amour ! ».

Ces réflexions enfantines révèlent des besoins essentiels à l’homme: ne pas évoluer seuls et recevoir de l’amour au quotidien. Comme le chante Axelle Red : « Parce que j’avoue, j’suis pas non plus tentée/
De rester seule dans un monde insensé », les enfants sentent l’importance de ne pas rester seuls.

Lazare, du haut de ses cinq ans, explique sans équivoque: « Évidemment ! J’aurais deux enfants, un garçon et une fille, mais j’espère que ma femme aimera les mêmes prénoms que moi … et je m’occuperai de tout dans la maison pour qu’elle puisse dormir, je l’aiderai beaucoup, mais j’habiterai à Paris et tu pourras venir me voir dans mon appartement et je t’abandonnerai jamais et tu auras le droit de garder mes enfants aussi si tu veux ! Et je viendrai te voir pour manger parfois ! »

La famille ne s’arrête pas avec la fin de l’enfance. Cette loyauté familiale se vit, dans les cas heureux, jusqu’à ce que mort s’ensuive. Les enfants rendent visite à leurs parents, les parents gardent leurs petits-enfants, les fiancés se présentent mutuellement à leur famille respective… Comme le dit l’expression consacrée : « la famille, c’est sacré ! ».

La famille, entrave à la liberté individuelle ?

Eliott, 11 ans, revendique le souhait de ne pas créer de famille plus tard: « Je veux être un adulte indépendant et on n’est pas indépendants quand on a des enfants » ! Sa mère sourit. Derrière cette réflexion surgissent les obligations qu’imposent toute vie de famille. Des horaires, des lieux de vie partagés, des devoirs les uns envers les autres. Ces règles essentielles à toute vie en collectivité peuvent être percues comme un étouffement, notamment à l’âge d’Eliott, qui a encore le temps de revoir sa copie.

Certains adultes néanmoins restent sur cette position. Parce qu’ils ont peur d’être de mauvais parents, parce qu’ils ne veulent pas s’engager pour la vie avec quelqu’un, parce que leur liberté leur est trop précieuse. Quelles que soient leurs raisons, la décision peut être vue comme prudente et courageuse. Si on ne sent pas sûrs de son bateau, cela peut être dangereux de partir en mer… A l’inverse, elles peuvent être vues par d’autres comme un signe fort de l’individualisme, de l’égoïsme de notre époque actuelle. Question de point de vue.

Vive les familles !

« Une famille, c’est quelque chose qui nous aide à vivre et qu’on a en soi » conclut joliment Gabriel, du haut de ses 10 années d’expérience. Si le quotidien des familles est bien loin certains jours des images idylliques d’Epinal, si aucune famille n’est parfaite, la famille reste le premier socle de notre existence. Une fondation, à bâtir avec patience, à vernir au quotidien, à protéger à vie.

En cette Journée internationale de la famille, nos pensées peuvent se tourner vers les familles plus éprouvées que les autres. Par des maladies, des deuils, des violences familiales. Mais aussi vers des familles en manque d’enfant. Des familles, aussi, dépassées, usées par un quotidien fait de cris et de tension. Séparées par une guerre. Déchirées pour de tristes raisons.

Rendons grâce pour nos familles aussi imparfaites soient elles et revendiquons l’importance de chacune d’entre elles. Tels des arbres fruitiers, chaque famille a ses fruits à offrir au monde. Incomparables et toutes précieuses à leur manière. Vive la famille: de sang, de coeur ou d’adoption !