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"Mon fils a été reconnu surdoué à 4 ans"

 
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Surdoué à 4 ans, le témoignage. THP, EIP, HQI, ces sigles ne vous évoquent sûrement pas grand chose, car ils concernent seulement 5% des enfants. Ceux qui ont un QI au-dessus de 125. THP pour « Très Haut Potentiel », EIP pour « Enfant Intellectuellement précoce » et HQI pour « Haut Quotient Intellectuel », bienvenue dans le monde des surdoués ! Un monde qu’a découvert Madeleine avec son fils aîné, Louis, alors âgé de 4 ans. Elle nous parle de cette expérience et de la façon dont il a vécu son primaire entre ennui et passion.

« J’ai découvert que mon fils était précoce en moyenne section. Un jour, sa maîtresse est venue me dire qu’il avait appris tout seul à lire et qu’une année de plus en maternelle serait une perte de temps. Elle m’a proposé qu’il passe un test mesurant son Quotient Intellectuel (QI), procédure habituelle pour sauter une classe… »

Un test indispensable chez un psychologue

La rapidité d’apprentissage et le comportement en classe (ennui ou agitation) sont des indices. Mais seul un bilan établi par un psychologue compétent permet de reconnaître la précocité d’un enfant, à distinguer bien sûr de l’intelligence « scolaire ». Ce test évalue précisément ses capacités intellectuelles par rapport aux autres enfants du même âge.
Madeleine raconte : « J’ai accompagné Louis chez une psychologue spécialisée qui utilisait en 2011 l’échelle d’intelligence de Wechsler pour enfants pour la période préscolaire et primaire, 3ème édition (WPPSI III). Cet examen se présentait en trois catégories, chacune ayant des sous-parties. Etaient évalués ce qui relevait du verbal (raisonnement analytique, mémoire et vocabulaire), des performances (abstraction, construction à l’aide de cubes et raisonnement mathématique) et de la vitesse de traitement (mémoire visuelle à court terme, coordination). Comme il était très jeune, la psychologue a choisi de lui faire passer en deux fois pour ne pas le lasser. Il est rentré ravi des séances en me disant qu’il s’était bien amusé ! »

Un potentiel hors-norme

Quinze jours après, Madeleine est fixée : son fils est « Très Haut Potentiel (THP) avec un système de pensée harmonieux ». En clair, ses résultats sont excellents et réguliers dans tous les domaines. Il a un mode de pensée uniforme, sans troubles associés. Ses parents sont soulagés. Seul 0,1% des enfants sont diagnostiqués THP comme Louis, c’est-à-dire avec un QI supérieur à 145. Madeleine s’était-elle doutée de quelque chose ?

Un apprentissage très précoce

« C’est vrai qu’en y réfléchissant, il a tout fait très tôt ! Mais comme c’était mon aîné, je n’avais aucun référentiel… Dans son berceau, il nous scrutait déjà. Il s’est mis assis vers cinq mois, se tenait debout dans son parc à sept, puis a couru dès l’âge de onze mois. Il n’est pas passé par la phase du quatre pattes et n’a jamais parlé le langage « bébé ». Et il s’est tout de suite mis à construire des phrases et mener un raisonnement avec un vocabulaire riche. Il s’est passionné pour des sujets qui n’étaient pas de son âge. Je me souviens qu’à 4 ans, il me réclamait des livres sur l’espace. J’étais obligée de prendre des documentaires pour enfants de 8 ans sous peine de l’ennuyer ! C’était un petit garçon sans cesse attiré par les plus grands. Et bénéficiant d‘une incroyable mémoire ! Lorsque j’écoutais les informations en voiture, ces dernières ressortaient quelques temps plus tard dans sa bouche d’une façon toujours stupéfiante, alors que nous n’en avions jamais parlé en famille. Ainsi, à 3 ans, il m’a réclamé un « DVD de musique » de Michael Jackson, juste parce qu’il avait entendu sa mort annoncée à la radio deux mois plus tôt. Ou encore vers 6 ans, il nous a demandé un livre d’Oscar Wilde à Noël (car il avait retenu qu’une de ses pièces était jouée à ce moment-là à Paris) ». Cette curiosité tout azimut demande énergie et patience à ses parents…

« Monsieur Plus »

A la maison, Louis n’arrête pas une minute. C’est un enfant qui demande beaucoup d’attention et n’hésite pas à expérimenter par lui-même. « Le quotidien était fatigant. Il en voulait toujours plus et ne savait pas se poser ! J’avais très peur qu’il se mette en danger. Un soir, alors qu’il était petit, je l’ai trouvé assis dans son lit, dépité : « Je n’arrive pas à dormir, mon cerveau n’arrête pas de me raconter des choses ! » Je voyais bien qu’il se posait plein de questions et était d’une curiosité insatiable ».

Le rôle des enseignants

« Il faut lui donner du grain à moudre ». Ce conseil de la psychologue résonne encore aujourd’hui. Le système scolaire français n’est pas toujours adapté aux « enfants différents ». Les enseignants ont aussi un rôle à jouer pour contrer le principal danger des zèbres* : l’ennui. Madeleine témoigne : « Une fois sa précocité reconnue, sa maîtresse de moyenne section a été extraordinaire. Comme il était dans une classe à double niveau Moyen/Grand, il faisait le travail des moyens et celui des grands dans la même journée. Au moins, il restait tranquille sur sa chaise ! » Les autres années, Louis a alterné entre des enseignants, qui ne voulaient rien entendre et le laissaient dans son coin, et d’autres au contraire très à l’écoute et bienveillants. Faisant osciller Louis entre frustration et encouragement, ennui et passion. Son enseignante de CM2 a pris son rôle à cœur. Après avoir proposé à Louis de sauter une deuxième classe (ce que ses parents ont refusé pour ne pas perturber son précieux équilibre), elle l’a « nourri » de travaux supplémentaires tout au long de l’année. Donner à l’élève surdoué des travaux plus complexes le pousse à faire des efforts et l’aide à se surpasser.

Transmettre le goût de l’effort

Car si l’enfant précoce montre des aptitudes extraordinaires, il peut paradoxalement ne pas réussir dans certaines matières, juste parce que le sujet ne l’intéresse pas. Louis est passionné par des documentaires historiques ou scientifiques, mais déteste les romans, une perte de temps selon lui. Il ne se forcera pas à en lire. S’il lui est pénible d’écrire, idem. « Mon fils, qui est gaucher, peut très bien s’appliquer pour certaines évaluations, puis la fois d’après rendre un véritable brouillon. Pour lui, un grain de sable devient subitement l’Everest ! »
Soutien fidèle, Madeleine a trouvé une parade : « Comme il ne fournit aucun effort au quotidien, la pratique d’un sport lui permet de se surpasser. Je l’ai inscrit en cours de planche à voile avec des enfants plus âgés que lui pour le mettre un peu en difficulté. Il y apprend le goût de l’effort et ça marche ! Loin d’être découragé dans l’épreuve, il en redemande ! »

L’importance de l’entourage

« L’émotion, chez un surdoué, s’insinue partout, tout le temps, dans les moindres interstices, prévient la psychologue spécialisée Jeanne Siaud-Facchin. Sa réceptivité émotionnelle est incontrôlable par la raison, car sa puissance déconnecte les circuits cérébraux du contrôle. » Hypersensible, le surdoué ne supporte pas l’injustice. Il a besoin d’attentions particulières pour calmer ses débordements émotionnels et grandir sereinement. Le soutien de sa famille lui permet de garder confiance et construire son équilibre.
Louis fait partie des plus chanceux. Près d’un tiers des enfants précoces aurait un parcours scolaire compliqué. Souvent incompris par leur entourage et plus particulièrement les enfants du même âge, ces enfants souffrent en silence, allant jusqu’à cacher leurs incroyables capacités. Leur « dépistage » devient alors nécessaire pour reconnaître ce qu’ils sont et ce dont ils ont besoin. Un système éducatif, tenant compte du rythme des enfants et non plus de leur âge, serait la solution à tous leurs maux.

Epilogue

Aujourd’hui, Louis a 11 ans et s’épanouit pleinement dans le système scolaire classique. Ses parents n’ont jamais souhaité le mettre dans une école de surdoués pour ne pas l’enfermer dans cette particularité. Il a de bons amis et grandit en mettant à profit ses grandes capacités. Dernièrement sa mère l’a retrouvé en train de démonter son skate-board pour construire le fameux « Hand spinner » qu’elle avait refusé d’acheter. A l’aide de quelques serre-flex, il avait le sien !
Ingénieux, astucieux, curieux, chanceux sont autant d’adjectifs qui peuvent le définir. Mais heureux reste celui qui le caractérise le mieux !

* zèbre : terme inventé par la psychologue clinicienne Jeanne Siaud-Facchin pour désigner les enfants précoces, ne ressemblant ni au cheval, ni à l’âne.

Pour aller plus loin :

  • L’ANPEIP, Association Nationale Pour les Enfants Intellectuellement Précoces, c’est ici
  • « Les adultes surdoués », RFI, 29 août 2012, à écouter
  • L’enfant surdoué : L’aider à grandir, l’aider à réussir de Jeanne Siaud-Facchin
  • Trop intelligent pour être heureux de Jeanne Siaud-Facchin

©crédit photo Annaclick

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Laetitia d’Hérouville

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