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Ça y est, il est là. Le bébé tant attendu et dont le terme a parfois semblé si loin, est bien là. Et aujourd’hui, c’est le retour tant attendu à la maison. Comment cela se passe-t-il alors ?
A la maternité, nombreux sont les passages. Entre la sage-femme, les infirmières, les auxiliaires de puériculture, le pédiatre, et les éventuelles visites de la famille et des proches, rares sont les moments où l’on est seule.
Et puis il y a le bébé, que l’on doit nourrir soi-disant à la demande (« Si dans 3h il ne réclame pas, réveillez-le, hein ! »), et nos repas, qui arrivent à heure fixe eux aussi, sans que l’on ait besoin de lever le petit doigt. La technicienne de surface passe une fois par jour nettoyer la douche et les toilettes, notre chambre est un véritable ascenseur : ça rentre, ça sort, et nous, nous restons dedans. Dans notre blouse, telle un groom.
Très vite, l’on aspire à rentrer chez soi et retrouver un peu de sérénité…
Après les quelques jours de léthargie à la maternité, le retour est toujours source d’excitation. Enfin, on va pouvoir suivre notre rythme, prendre ses marques, s’apprivoiser mutuellement, et reprendre notre quotidien où on l’a laissé…
Le jour de sortie de la maternité correspond bien souvent au dernier des trois jours de congé de naissance du père (sauf dans le cas où il enchaîne avec les 11 jours de congé paternité). Ainsi, le retour à la maison est bien souvent synonyme de retour au calme et à la solitude, pas toujousr aussi simples qu’on l’aurait imaginé…
Après l’excitation du retour succèdent bien souvent les interrogations, qui vont de pair avec l’arrivée de la fatigue et le début des « négligences »…
Qui n’a jamais abandonné une lessive à demi-étendue ou un thé tiède pour un bébé qui hurlait ? Qui ne s’est jamais demandé quel comportement adopter pour « bien faire », car les mamans d’aujourd’hui se doivent d’être parfaites en tout temps ?
« Quand mon bébé dormait, je ne savais jamais si je devais dormir moi aussi, ou en profiter pour m’occuper du linge, du rangement, des repas… Je savais seulement que l’un serait au détriment de l’autre : si je dormais, rien n’avançait à la maison, et si je m’activais, j’étais encore plus épuisée quand le bébé se réveillait. »
« Mon bébé met si longtemps à trouver le sommeil qu’une fois endormi, je n’ose plus bouger. Je n’ose ni passer l’aspirateur, ni répondre au téléphone. Du coup parfois, au lieu de mettre ce moment à profit, je m’ennuie… »
« Je ne sais jamais si je dois réveiller mon bébé ou le laisser dormir. On me dit ne ne pas réveiller un enfant qui dort, mais parfois il reste 5 heures sans manger. Et je l’allaite ce qui me pose également des problèmes de montée de lait… »
Ces témoignages nombreux de mamans démunis montrent que nous ressentons toutes ce type de doute, tôt ou tard, lors de notre retour à la maison. Ces doutes sont normaux, mais ces difficultés sont d’autant plus importantes après la naissance d’un premier bébé, quand tout est nouveau.
Face à ces doutes, il est impératif d’en parler. Toutes les mamans ressentent des inquiétudes plus ou moins importantes, et c’est seulement en les partageant qu’on les dédramatise…
Certaines pourront en parler à une amie, à leur maman, ou à une voisine également dans la même situation.
Il est également possible d’appeler la PMI (= Protection maternelle et Infantile) locale pour avoir des conseils ou une écoute. Beaucoup d’entre elles organisent, d’ailleurs, des « cafés-biberons », souvent en matinée, faits pour échanger autour de la maternité.
Pas d’impatience, il sera toujours temps de vous changer les idées et de parler d’autre chose au retour de votre mari le soir, puis dans quelques semaines quand vous reprendrez le sport ou laisserez le bébé pour aller au restaurant ou au cinéma !
Certaines mamans n’arrivent pas, malgré cela, à s’acclimater à leur nouvelle vie. Les hormones sont en ébullition et les émotions impossibles à réguler. Parfois, d’autres difficultés s’ajoutent au rythme déroutant d’un nouveau-né : des frères et sœurs en demande d’attention, un père absent, des complexes surdimensionnés (des cernes imposants ou un nouveau corps, vide mais pourtant encore rond, trop dur à adopter), une saison peu propice au bien-être ou aux sorties (gel, canicule, etc), des maladies à répétition, un déménagement, des contraintes professionnelles…
Il est alors plus que jamais nécessaire de s’entourer pour éviter qu’un simple baby blues se transforme en véritable burn out. Consulter un spécialiste n’est pas un échec, c’est une force. S’effondrer devant la boulangère qui nous demandait juste par empathie « Comment allez-vous ? » n’est pas une honte, cela arrive. Le tout est de chercher de l’aide là où elle peut nous être apportée.
Vous ne savez plus depuis quand la maison n’a pas été impeccable ? Prenez une femme de ménage ! A partir du 3ème enfant, de nombreuses aides existent via la CAF, certains organismes de sécurité sociale, ou votre complémentaire santé.
Vous êtes débordée ? Mettez les aînés à la cantine, demandez-en un peu plus à votre mari ou votre mère, et exigez moins de vous-même…
Progressivement, votre bébé va adopter un rythme qui ressemble un peu (plus) au vôtre. Si tous les matins, vous devez sortir de la maison à 8h30, il apprendra à prendre son biberon juste avant, ou juste après, mais ne vous dérangera plus dans la poussette.
Si après son bain, vous le couchez systématiquement, il comprendra que ce moment est dévolu à la sieste, et vous laissera une heure de tranquillité à ce moment-là.
Et si après 20h, vous ne revenez plus le voir s’il chouine, il apprendra à s’endormir seul (la tétine et le doudou sont faits pour ça!), saura que papa ou maman ne surviennent pas à chacun de ses sursauts (oubliez les babyphone avec caméra!), et se rendormira de lui-même lors de ces petits réveils normaux et inévitables chez le tout-petit (réveils à différencier des grosses faims, qui elles doivent être prises en compte !).
Vous rallumerez votre téléphone et votre aspirateur, et retrouverez l’habitude de ces gestes qui faisaient votre quotidien avant l’arrivée du bébé. Car si une naissance est une révolution, elle ne doit en aucun cas vous couper de ce que vous êtes…
Si besoin, établissez une liste de vos priorités absolues. Classez « avoir une maison rangée », « cuisiner des produits frais quotidiennement », « rendre visite à tante Sophie chaque semaine », « me maquiller tous les matins » et « retaper le buffet du salon » dans la colonne « priorité absolue » ou « priorité relative », attelez-vous chaque jour aux priorités absolues, et pour les autres, laissez le temps faire son œuvre… Un jour, vous vous surprendrez à trouver le temps et la volonté de les faire aussi ! Et tant pis s’il reste un peu de vaisselle dans l’évier…
©Stéphanie Martin pour MAMAN VOGUE