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La dépression post-partum ? C’est encore mystérieux et un peu tabou, mais cela arrive plus souvent qu’on ne le pense. Alix, nous partage son vécu, pour aider les jeunes mamans dans la tourmente. Elle en sort grandie même si l’épreuve est difficile. Merci Alix !
Maxent est apparu il y a 18 mois.
Après une grossesse et un accouchement difficiles, nous étions soulagés…et tellement heureux !
Cette nuit-là était ma 5e sans dormir, mais Maxent était parfait et je ne pouvais que lui donner toute mon énergie.
Le retour à la maison a été plus compliqué, malgré le fait que mon mari était présent à plein temps. J’étais épuisée par l’allaitement, et par le fait de ne pas arriver à dormir assez, jour comme nuit. J’étais angoissée de ne pas comprendre pourquoi Maxent pleurait pendant des heures quand le soir arrivait. Et j’étais oppressé dans cette nouvelle vie à 3, réalisant que plus rien ne serait comme avant.
C’est plus tard que j’ai compris que les hormones me jouaient déjà des tours…
Mon corps a lâché au bout d’une semaine. Evanouissement, tachycardie, vertiges : je reconnaissais que j’étais rompue physiquement et moralement. Retour à la maternité, puis transfert à Saint-Anne pour une consultation psychiatrique en pleine nuit.
J’avais enfin pu parler ! Et je repartais avec de nouvelles résolutions : arrêter l’allaitement et débuter une thérapie.
Ma vie pendant les 3 semaines suivantes a oscillé entre des temps très doux de découverte de Maxent, et des moments de grand désespoir. Je vivais alors des crises d’angoisse, soit paralysée par la peur d’affronter de nouveaux instants avec Maxent, soit survoltée, à multiplier les appels pour demander des conseils…et de l’aide.
Ces crises cauchemardesques laissaient place à un sentiment de grande culpabilité, puisqu’elles me séparaient de plus en plus de mon enfant. Plus je me considérais comme une mauvaise mère, plus j’avais du mal à approcher Maxent.
Je n’arrivais même plus à écouter mon mari, je n’avais aucun recul. Les idées noires m’emprisonnaient de plus en plus.
La chute a été provoquée par un problème de dosage de médicaments prescrits par un 3e psychiatre.
Impossible de m’en remettre, mon angoisse était décuplée. Quelques jours plus tard, constatant que mon mari ne pouvait plus me gérer ni me surveiller en permanence pour éviter que je me fasse du mal, un 4e psychiatre a demandé une hospitalisation d’urgence. Nous nous sommes rendus à l’hôpital tous les 3, finalement contents qu’une nouvelle solution s’offre à nous. Evidemment, je ne m’attendais pas à ce que les médecins me proposent un internement pendant plusieurs semaines… Finalement je n’avais pas le choix : je devais être responsable pour ma famille.
Le plus éprouvant a certainement été de rentrer, dans l’heure, au sein du service psychiatrique commun à tous les adultes ; le temps d’avoir une place dans l’unité Mère-enfant de l’hôpital. Je quittais mon mari et mon bébé qui rentraient à la maison. Maxent avait 1 mois. Cinq jours de solitude en plein enfer.
Dans l’unité mère-enfant, je retrouvais enfin Maxent. Et mon mari 1h par jour. Je n’ai fait que m’occuper de mon bébé, et nous avons ainsi créé notre si belle relation. Ce temps a été bénéfique puisqu’il a réussi à me redonner confiance en mon rôle de mère. Malheureusement je continuais d’être shootée par les médicaments, et ne supportais pas d’être enfermée.
Après 1 mois, j’ai pris la décision de sortir. Je revivais des crises d’angoisse 3 à 4 fois par jour, mais j’étais plus forte : j’étais désormais viscéralement attachée à Maxent.
J’ai repris le travail 3 mois après la naissance. C’était bien trop tôt mais j’y voyais une opportunité de me retrouver moi-même et de m’accomplir, comme avant.
Il a fallu du temps pour me retrouver. J’ai connu des rechutes, causées par une vie trop fatigante et trop stressante. J’avais bien le rythme de vie d’une maman d’un tout petit ! Il a fallu presqu’un an. Un an pendant lequel je me suis confrontée à la vie et ai travaillé sur moi-même chaque semaine. C’est ainsi que j’ai pris confiance en moi en tant que femme et en tant que mère.
La plus belle récompense reste de partager aujourd’hui, des moments avec Maxent d’une qualité et d’une intensité extraordinaires. Lui qui a vu tant de larmes, et a connu l’hôpital à 1 mois, est un garçon d’exception. Finalement, de ces épreuves, nous en sortons tous les 3 encore plus beaux, et ouverts à la vie !
Alix
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