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Témoignage dépression post-partum : Ma descente aux enfers…

 
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Ma descente aux enfers… Aux portes du paradis sur terre !

Nous sommes le Dimanche 13 novembre 2016, il est alors 16h39 lorsque je donne la vie à mon fils, mon amour éternel. J’attendais ce moment avec impatience, je l’aime déjà inconditionnellement.

19h. Me voilà dans ma chambre avec mon bébé et M. Flo. Nous sommes enfin tous les trois comme nous l’avions rêvé.

20h. M.Flo rentre à la maison et reviendra demain matin à la maternité. Me voilà, pour la première fois, seule avec mon bébé. Je vais passer la nuit à le contempler, à pleurer en le regardant. J’ai du mal à réaliser que j’ai pu faire un être aussi beau, aussi doux. Je suis désormais Maman, mais finalement… C’est quoi être maman ? Je vais devoir apprendre ce rôle chaque instant à partir de maintenant. Et c’est à ce moment là que je réalise que ma vie ne sera plus jamais la même. Je suis une nouvelle femme, une maman et je serais prête à tout pour ce petit être si fragile, mon fils.

Je dois maintenant apprendre à le connaître.

Et oui, on s’aime déjà mais on ne se connaît pas encore. La difficulté est la barrière du langage. Mon bébé pleure, je suis sa maman, je dois comprendre ce qu’il me dit. La traduction de ses pleurs sera ma priorité pour répondre au mieux à ses besoins. J’ai de la chance d’avoir un bébé qui mange bien et dort bien dès ses premières heures de vie. Me voilà maman.

Je passe une première nuit blanche. Cela fait maintenant plus de 24h que je n’ai pas fermé l’œil et la fatigue de l’accouchement commence à me peser.

Le lendemain, M. Flo est de retour à la maternité. Il rentre dans la chambre et je pleure. Pourquoi ? Je ne sais pas. La chute des hormones et la fatigue j’imagine. Je découvre le fameux Baby Blues. J’ai tout pour être heureuse mais je n’arrive pas à sourire, je pleure.

Les sages-femmes me rassurent et me disent que cela passe en quelques jours, il n’y a pas d’inquiétude à avoir. Je laisse passer le temps. Je découvre les douleurs du post-partum (celles qu’on adore nous cacher pour que la surprise soit meilleure). Peut-être que je les aurais mieux supportées avec quelques heures de sommeil, mais là je ne peux pas. Je souffre. Je souffre physiquement et psychologiquement. J’ai peur. Quand vais-je aller mieux ? Cela ne fait que deux jours que j’ai accouché et je suis à bout alors que mon bébé est à mes côtés, si beau, si sage. Et moi, la jeune femme pleine d’énergie, toujours de bonne humeur, pleine de joie de vivre? Me serais-je perdue moi-même?

Deuxième nuit blanche.

Les sages-femmes me disent que je dois impérativement me reposer car je m’affaiblis de jour en jour et j’ai besoin de repos pour m’occuper de mon fils. Je n’arrive pas à dormir. Je demande à sortir plus rapidement de l’hôpital car je pense que ma maison, mon mari, mon chien, ma vie me manquent. Alors, l’équipe médicale décide de me laisser sortir dans l’espoir que je me repose dans MON lit, CHEZ MOI.

J’arrive dans ma chambre, je tombe sur le lit et dors 3h. Je me lève comme si j’avais dormi 24h. Ma tête est ailleurs, je suis perdue, je ne suis plus moi. Je vois la sage-femme à domicile tous les deux jours qui me rassure et me dit que c’est normal, c’est le baby blues. A partir de ce jour, mes journées vont se suivre et se ressembler. Je pleure. Et je n’arrive plus à sourire. Je suis la femme la plus heureuse du monde, j’ai ma famille avec moi. Mais je pleure. Je n’ai plus goût à rien. J’entends les gens me parler, sourire, rigoler mais cela ne fait que résonner dans ma tête. Je m’occupe de mon fils machinalement : donner un biberon toutes les 3 heures, changer la couche, prendre le bain, coucher le bébé. Je ne suis qu’un robot qu’on a programmé.

Dépression post-partum : je n’arrive pas à m’épanouir dans ce nouveau rôle de maman.

Je n’arrive toujours pas à dormir malgré les belles nuits de mon bébé. J’ai les yeux ouverts toute la nuit, je pense, je commence à avoir des idées noires. Je ne me supporte plus. Mais qui est cette nouvelle femme si triste, si grosse, si moche, si ennuyante ? Les mots sont durs mais à ce moment là, je ne suis plus moi. Je me déteste. Je ne mérite pas tout ce bonheur. Et je n’ose pas trop en parler. J’ai honte. J’ai peur qu’on me plaigne ou qu’on me juge.

Alors je parle juste de ma fatigue et tout le monde me dit que c’est normal, cela devrait passer. Mais je ne ressens pas que de la fatigue. Je sens mon esprit envahi par un monstre. J’ai de plus en plus de crises de nerfs. Je hurle, je pleure, j’ai besoin de me défouler pour évacuer l’accumulation de fatigue. M.Flo commence à s’inquiéter de mon état psychologique qui empire un peu plus chaque jour. Je ne suis plus moi. Me voilà hantée.

Je ne veux plus vivre mais je dois tenir pour mon fils.

Je décide de regarder sur internet et je tombe sur la définition de dépression post-partum. Ça y est, je crois que j’ai mis un mot sur mes maux. Je revois ma sage-femme au bout de 3 semaines. Elle me demande si je vais mieux et là je m’écroule. Je vais mal, très mal. Je lui demande de l’aide. Car je veux m’en sortir mais je ne vois pas d’issue. Elle me confirme qu’au-delà d’une semaine de pleurs, ce n’est plus le baby blues mais bel et bien une DEPRESSION POST PARTUM (DPP). Dépression… Quel horrible mot ! Je dois alors me soigner car oui, je veux m’en sortir et vite. Je veux retrouver ma joie de vivre et pouvoir profiter de mon bébé avec le sourire et plein d’amour.
Deux solutions s’offrent alors à moi. Soit consulter mon généraliste pour qu’il me mette sous somnifères et antidépresseurs, soit essayer les médecines douces. Je choisis la médecine douce sans grande conviction. Je vais tellement mal, je suis complètement rongée de l’intérieure et n’ai pas trop d’espoir pour une guérison douce et rapide.

Finalement, je prends rendez-vous avec une sage-femme spécialisée dans l’acupuncture.

J’arrive au cabinet. Elle me demande alors ce qui m’amène chez elle. Et là, je pleure, je fonds, je vais très mal. Elle comprend alors que je suis en DPP. Au vu de mon état, elle aura besoin de plusieurs séances pour me soulager mais pense pouvoir y arriver. Elle a de très bons résultats dans la guérison des DPP. Cela fait 2 mois que je n’arrive pas à dormir plus de 30 minutes et ce soir là, je dors, je me réveille apaisée. Elle m’avait prévenue que l’effet était immédiat mais très court. En effet, le lendemain je craque, je crise, je pleure, je hurle de nouveau.

Alors je la revois tous les 2 jours puis toutes les semaines, jusqu’à ce que mon corps imprègne totalement les effets de l’acupuncture. Je vois enfin le bout du tunnel. Mais de temps en temps je rechute, je veux en finir avec la vie, je m’en veux d’être devenue celle que je suis, je me déteste psychologiquement et physiquement. Je commence à en parler autour de moi mais j’ai honte. J’ai tout pour être heureuse et pourtant… J’ai ce petit être qui me regarde pleurer et je me sens honteuse. Je ne suis pas à la hauteur de rendre mon fils heureux !

Cela fait maintenant deux mois et demi que j’ai donné la vie au plus bel être de l’univers.

Et comme vous le savez, au bout de deux mois et demi la femme doit être opérationnelle et retourner travailler. Je suis en pleine guérison. Mon médecin me prescrit un arrêt de travail de deux semaines pour rallonger mon congé maternité et me soigner de cette DPP convenablement avant de reprendre le travail. Je décide de consulter un psychologue sur les conseils de la sage femme me faisant l’acupuncture. Une séance d’1h30 m’aura suffit pour vider mon sac, raconter enfin à quelqu’un l’enfer que je vivais depuis la naissance de mon fils. Je continue mes séances d’acupuncture, elles me soulagent de plus en plus. Et je reprends petit à petit goût à la vie.

Je retourne travailler en chantant dans ma voiture. Heureuse de pouvoir retrouver une vie « normale ». C’était sans compter sur l’accueil de mon responsable qui m’annonce rapidement qu’il ne peut pas me garder. Sur le moment, je suis effondrée. Comment vais-je gérer financièrement ? Suis-je en mesure de retrouver du travail avec mes soucis psychologiques qui sont partis mais pas encore assez loin ? J’ai peur de l’avenir.
Je me mets donc en arrêt de travail quinze jours (je précise n’avoir jamais été en arrêt de ma vie avant ma grossesse), le temps de discuter avec mon responsable de la rupture de mon contrat et me protéger pour ne pas rechuter.

Je me retrouve de nouveau chez moi, les démons de la dépression post-partum me tournent autour et je sens que je vais de nouveau mal.

Je décide de partir de chez moi 4-5 jours avec mon fils, chez mes parents habitant à plus de 500km. Un changement d’air qui me fera un grand bien et qui me permettra de relativiser. Négociation faite avec mon patron. Je quitte l’entreprise comme je le souhaitais. Me voilà au chômage mais heureuse. Oui je suis guérie, je vais enfin profiter de mon fils. Chaque matin, je me lève heureuse de retrouver mon fils dans son lit, je passe mes journées à ses côtés. Il m’aura fallu trois longs mois pour me sortir de cette dépression, cette horrible maladie.

Aujourd’hui, mon fils a 6 mois et demi et je souhaite reprendre le travail seulement en septembre pour rattraper le temps gâché par cette DPP. Je vis des moments de pur bonheur avec mon mari, mon fils, ma chienne. Cette vie dont j’ai rêvé, je l’ai aujourd’hui. Et même quand mon fils a décidé de faire des nuits blanches, je suis heureuse. Heureuse de l’avoir à mes côtés, de le voir évoluer de mes propres yeux.

Finalement, cette rupture de contrat de travail est la plus belle chose qui me soit arrivée.

J’ai la chance d’accompagner mon fils quotidiennement dans ses parties de jeux, son développement et même ses pleurs. Notre complicité est devenue très intense. Je suis sa mère et il est mon fils. Je suis fière de ce que je suis devenue même s’il y a encore du chemin pour un bien être absolue. Je suis fière de pouvoir écrire ce récit au passé car beaucoup de femmes ont honte et consultent tardivement. Certaines resteront enfermées des mois, des années dans cette horrible Dépression Post Partum en prenant des médicaments et en souriant aux gens de honte de parler de leur mal être.

Devenir maman, c’est le plus beau cadeau du monde… Mais c’est aussi très dur les premiers mois car la femme est exténuée, fatiguée, dépassée mais doit faire bonne figure. La dépression post partum est un sujet trop tabou, mais moi je veux en parler car si on m’en avait parlé, j’aurais évité plein d’erreurs et j’aurais consulté plus tôt. J’ai perdu trop de temps avec ma famille et surtout mon fils.

Le petit mot de la fin pour remercier du plus profond de mon cœur mon mari M. Flo de m’avoir soutenue toutes ses longues semaines dans mes crises et mes pleurs. Il était démuni face à la dépression mais a réussi à me comprendre et à m’aider. Sa patience a été exemplaire. Je l’aime démesurément pour ce qu’il est et pour cet enfant qu’il m’a donné.

J’aime ma vie ! J’aime ma famille !

Marina

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