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Rééducation du pérniée : faire grandir un bébé dans son ventre pendant plus ou moins 9 mois et le mettre au monde n’est pas anodin dans la vie d’une femme.
Même si vous avez eu une grossesse idéale et un accouchement de rêve, ce n’est jamais sans conséquence sur votre corps et la rééducation du périnée sera souvent inévitable.
Personnellement, j’ai eu droit à la grossesse parfaite. Le jour même de mon accouchement, je parcourais encore la ville à pied pour me rendre à la piscine y faire mes longueurs habituelles. Prise de poids équilibrée, ni trop peu ni pas assez, pas de complications, un sommeil assez bon, bref… 9 mois plutôt agréables.
L’accouchement par contre, ça a été une autre histoire. Il fallait bien que je la paie, cette grossesse « trop » facile, non ?
30h de travail plus tard et une expulsion par voie basse très compliquée, mon périnée et moi on avait un peu moins la pêche. Autant vous dire que les jours qui ont suivi la naissance de ma fille, je ne reconnaissais plus mon corps.
Douloureuse, fatiguée, moi qui avait toujours été tonique, je me sentais fragile et vulnérable, mes muscles trop éprouvés pour effectuer leur travail.
Pour calmer Coline lors de ses crises de coliques, je la berçais longuement dans les bras, debout, et je m’efforçais également de la promener chaque jour, installée en écharpe ou porte-bébé.
Les tensions dues à son poids et à mon mauvais positionnement se sont vite fait ressentir. J’avais peur de ne jamais retrouver ma tonicité musculaire et surtout le bien-être de mon propre corps.
Environ 9 semaines après mon accouchement j’ai commencé la rééducation périnéale, sur conseil de ma gynéco.
Un peu par hasard, je me suis dirigée vers une sage-femme que je ne connaissais pas, simplement car elle habitait tout près de là où je me trouvais.
En discutant avec elle, elle a rapidement dressé un diagnostic de mon état général. Si la situation était moins catastrophique que le ressenti que je pouvais avoir, il fallait tout de même que je travaille avec elle pour reconstruire mon corps qui avait subi beaucoup d’épreuves ces 11 derniers mois.
Je ne connaissais pas grand chose sur la rééducation du périnée. Pour être honnête, je n’avais pas voulu trop me renseigner sur le sujet pour ne pas m’effrayer.
Je savais qu’il s’agissait de faire travailler cette zone à l’aide d’appareils spécifiques destinés à remuscler tout ça tout seul, comme par magie ! Le prix à payer pour un mauvais moment à passer. Du moins, c’est ce que je croyais !
Très vite, ma sage-femme m’a fait comprendre qu’elle avait une approche différente.
Ni instrument, ni technique invasive ne serait utilisée lors de cette rééducation. Elle m’a expliqué qu’elle pratiquait la rééducation par l’eutonie, quelque chose dont je n’avais jamais entendu parler jusqu’ici.
L’eutonie est une méthode élaborée au Danemark dans les décennies d’après-guerre.
Elle s’apparente à d’autres pratiques centrées sur la conscience de soi telles que la sophrologie ou encore l‘haptonomie, que peut-être certaines d’entre vous ont pratiquées durant leur grossesse. Encore méconnue du grand public, l’eutonie est pourtant de plus en plus utilisée par les professionnels de la rééducation physique comme les sage-femmes ou les kinés.
La rééducation périnéale par l’eutonie est une méthode non-invasive. Cela signifie que vous n’aurez pas à vous déshabiller pour réveiller votre périnée à l’aide d’un instrument ou autre !
Les exercices sont centrés sur la prise de conscience de son propre corps et de l’ensemble des muscles qui constituent le périnée.
Par la respiration, la visualisation et des mouvements doux, vous allez peu à peu apprendre à mieux vous connaître pour renforcer en profondeur votre plancher pelvien et votre centre de gravité. En gros, vous apprenez à penser votre corps différemment, à le visualiser dans son unité pour comprendre que tout est lié.
Au travers des séances, vous comprendrez que chaque mouvement a un impact sur votre périnée, sur lequel repose l’ensemble du corps féminin.
La pratique de l’eutonie nécessite une certaine ouverture d’esprit car il s’agit de ressentir des choses auxquelles nous ne sommes pas habituellement sensibilisées.
Entre relaxation et renforcement musculaire, l’eutonie est une discipline très complète qui permet de se réapproprier véritablement son corps après un événement traumatisant pour celui-ci.
Une séance de rééducation dure une heure. Lorsque je m’y rendais, c’était toujours avec le sourire, un peu comme si j’allais à un cours de pilates. Cela y ressemblait fortement par ailleurs.
Tout d’abord, allongée au sol sur un tapis de yoga, je devais, guidée par ma sage-femme, prendre conscience des différentes parties de mon corps une à une, des orteils au cuir chevelu. Ensuite, par des étirements simples et de légères pressions manuelles ou avec l’aide d’une balle de tennis ou de petits ballons, je réveillais mes articulations pour les préparer aux exercices.
Chaque séance avait sa thématique. Un jour nous nous centrions sur les pieds et les jambes, une autre fois plus particulièrement sur le bassin et la zone abdominale, ou encore sur le haut du corps.
Comme je l’ai dit auparavant, cette méthode permet de rééduquer le périnée, mais en apprenant à maîtriser tout son corps différemment.
Les exercices de renforcement musculaires que nous faisions ressemblaient vraiment aux mouvements du pilates. Beaucoup de gainage et de travail sur l’équilibre.
Tout d’abord un ballon gonflable, le même que celui que vous avez peut-être eu comme moi pendant votre grossesse pour pratiquer l’ouverture du bassin. On s’en servait pendant le cours pour réaliser plusieurs mouvements, comme la planche, des abdominaux, mais aussi des postures plus acrobatiques sollicitant l’équilibre pour renforcer son centre de gravité et ses muscles profonds.
Nous utilisions également des demi-bûches, toujours pour travailler la gestion de l’équilibre, en appui debout dessus, ou bien pour faire des petits parcours très périlleux.
Autant vous dire qu’après ça, vous serez prête à grimper sur une planche de surf sans avoir peur !
Puisque j’avais à la base une musculature assez forte, la sage-femme n’a pas hésité à pousser assez loin ces exercices. N’ayez pas peur, si vous pratiquez l’eutonie, le professionnel qui dirigera la séance s’adaptera à votre forme physique. Il ne s’agit pas de vous casser une cheville pendant le cours ou en ressortir meurtrie de courbatures et dégoûtée.
Encore une fois, tout est basé sur les sensations de votre corps, et la connaissance de vos propres limites physiques, pour vous arrêter avant de vous faire plus de mal que de bien.
Ma rééducation a été complète au bout de 10 séances, à raison de 2 séances d’une heure par semaine.
Si je ne me dirigeais pas à priori vers ce type de rééducation, je suis ravie que le hasard ait fait ainsi les choses ! Je me sens vraiment chanceuse d’avoir eu la possibilité d’apprendre par moi-même à rééduquer mon corps.
Une rééducation classique ne m’aurait pas appris à solliciter moi même les différents muscles de mon corps et à en ressentir leur utilité.
De plus, je peux maintenant intégrer les exercices appris pendant les séances dans ma routine sportive quotidienne pour conserver un plancher pelvien solide et un centre de gravité fort. C’est vraiment facile et cela ne me prend que quelques minutes !
J’ai retrouvé la maîtrise de mon corps, que j’avais perdu après cette grossesse et l’accouchement.
Cela m’a permis de reprendre confiance en moi et me sentir mieux dans cette nouvelle peau de maman !
Un autre point positif à mes yeux est la possibilité donnée à la patiente de choisir une rééducation du périnée non-invasive.
Sans parler des violences gynécologiques qui sont un sujet très actuel, on peut tout simplement être pudique ou bien redouter des manipulations d’une zone rendue vulnérable après un accouchement.
L’eutonie, c’est aussi opter pour une rééducation douce mais efficace, qui permet de prendre conscience qu’on peut faire travailler son périnée sans pour autant baisser sa culotte !
Et vous, vous connaissiez l’eutonie ?
Si cela vous intéresse, renseignez-vous dans votre maternité pour connaître des sages-femmes qui utilisent cette méthode ou bien demandez directement à la vôtre si elle y est sensibilisée !
Marie O’Kelly
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