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"Réussir son post partum" arrêtons avec cette expression

 
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Enfin, les langues se délient et montrent la vérité des premiers jours, semaines, mois après l’accouchement. Voilà qu’une de mes amies, « primipare » à 6 mois de grossesse me confie son angoisse du post partum et son désir de « le réussir »…Cette expression m’a tellement dérangée que je me suis mise à la voir partout. Une révolte était en marche: Le post partum ainsi révélé devient un nouveau champ de performance , une nouvelle façon de se mettre la pression et une nouvelle auto-injonction.

Réussir son post partum, ça veut dire quoi ?

Désolée, chères lectrices, je ne vais pas vous donner de réponse car même après 3 post partum, je n’en ai pas. C’est une période de bouleversement abyssale dont l’intensité ne baisse qu’avec l’expérience et la confiance que « ça va passer ». Comment mesurerions-nous la réussite du post partum : au volume de larmes non versées, à la stabilité de l’humeur, au niveau d’harmonie familiale, au volume d’heures de sommeil du nourrisson, pire : à sa prise de poids ?

Et puis, pourquoi coller un rapport performatif à tout ? Le post partum est avant tout une aventure intime, d’appropriation de sa nouvelle réalité, d’apprivoisement d’un bébé et de reconstruction d’un équilibre familial. Chaque mère se sent plus ou moins vulnérable, encore physiquement éprouvée. Devons-nous vraiment en rajouter ???

Alors on peut échouer ?

Je me souviens aussi d’avoir regardé une autre amie qui avait accouché quasiment en même temps que moi retrouver sa silhouette, enchainer les cours de rééducation sans souffrance et multiplier les visites et les week-ends avec son nourrisson à un stade où je commençais à peine à m’asseoir sans douleur. Quelle injustice…J’avais échoué, je partais à reculons grossir les rangs de celles qui n’arrivent jamais à retrouver leurs corps.

Si nous pouvons réussir alors nous courrons aussi inévitablement le risque d’échouer…Et quelles sont les conséquences de cet échec ? L’adage dit que « tout se joue avant 6 ans »…combien de mères se stressent dès les premiers jours, semaines, mois de leur bébé en pensant qu’elles enclenchent des mécanismes pour la vie, que la relation se construit ou se fissure dès les premiers temps. Et donc qu’inexorablement, elles courent le risque de « mal démarrer », qu’un échec post partum peut peser sur la relation pour toujours.

Et pourtant, c’est la vie

Il y a autant de post partum que de maternités ; non pas de mères, mais de maternités. Comment pourrions-nous construire une échelle commune et pourquoi le devrions-nous. Il y aura du sang, du lait, de la peau mollassonne, des couches, des cernes, des larmes, des yeux qui se ferment, des lèvres qui embrassent, des nez qui respirent des odeurs inédites magiques, des bras qui serrent, portent, bercent. C’est une réalité millénaire dont nos mères se sont bien gardées de nous parler.

Le corps a besoin de temps pour se remettre, laissons donc aussi du temps à notre cœur et à notre tête. Laissons entrer les émotions sans se demander si elles sont bonnes, acceptables, normales. Elles sont là et c’est tout ce qui compte. Tout ce qui compte c’est de vivre ce que nous avons à vivre et d’être à l’écoute de soi-même.

Le post partum ne se réussit pas ; c’est un passage obligé qui vous apprend une des clefs de la parentalité : il n’y a pas de succès ou d’échec, il n’y a que de l’expérimentation.

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