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Le burn-out parental se manifeste de nombreuses manières. Certaines mamans font le douloureux constat qu’elles ne prennent plus de plaisir avec leurs enfants. C’est un signal fort, l’alerte qui peut nous forcer à tout poser pour nous faire aider.
Je porte toutes leurs émotions en moi. Leurs colères, leurs cris, leurs tristesses, leurs frustrations s’insinuent dans mon cœur et dans mon corps. Je sens physiquement le poids de leurs émotions sur mes épaules. Je sur réagis à la moindre petite étincelle, je ne suis plus capable de trier les crises de détresse des larmes temporaires. Le moindre conflit de frères et sœurs me met dans un état de tension disproportionné. Je n’arrive plus à accueillir leurs émotions, elles m’envahissent. Je me mets à crier plus fort que tout le monde, je prends des mesures radicales (que je regrette 20 secondes plus tard), je n’explique pas ma décision ou ma réaction; je suis en mode survie. J’essaie d’éteindre le moindre feu avec une frénésie inhabituelle. Je lance des ultimatums, j’assène des jugements généraux « De toute façon, vous êtes ingrats, vous ne savez faire que vous battre, vous êtes incapables de ceci ou cela ». Je n’ai plus de filtre, je suis injuste. Leurs réactions me sont intolérables.
Je me lève le cœur lourd, maussade et déjà stressée à la simple idée du petit-déjeuner en famille. Je vis les repas, les conduites, les bains, les petits rituels et même la douce histoire du soir comme une suite de contraintes qui vont charrier leur lot de complications et ne seront que des occasions manquées. La balade, l’activité me semble une montagne. D’abord, parce que j’ai perdu l’envie de leur faire plaisir. Et aussi, parce que je pars perdante « ça va forcément mal finir ». Les week-ends me semblent un tunnel que j’appréhende, je préfère largement mes semaines de travail chargées. Je me sens marcher sur des œufs, à l’affut de la prochaine question, du prochain problème, de la crise à venir. Mes enfants m’apparaissent comme des inconnus inquiétants, une boîte de pandore dont il ne sortira rien de bon. La perspective d’avoir si peu de contrôle sur la qualité de ma vie lorsqu’ils sont là me rend malade. Je n’ai aucune idée de ce qui va partir en vrille mais je suis convaincue que ce sera le cas, je m’y prépare.
Personne n’a des enfants parfaits, aucune vie de famille n’est parfaite. Mais il y a toujours des hauts et des bas, des grâces qui équilibrent les virages plus difficiles à négocier. Des mots, des gestes, des attentions,…sur lesquels s’attendrir. D’habitude, ces joies prennent le pas sur les moments plus délicats. En fin de journée, je me rappelle le moins bon et le bon, l’excellent aussi. Il y a des jours avec et des jours sans ; mes bilans sont généralement positifs. Mais depuis quelques semaines, je n’arrive plus à extraire le positif des moments que je passe avec eux. J’en garde un goût amer, je n’ai pas de souvenir gai. Mon cœur s’alourdit encore plus et je porte la culpabilité de ne plus pouvoir profiter d’eux. Je me dis que le temps file et que je passe complètement à côté de leur enfance. Pourtant, je n’arrive plus à voir la lumière entre les nuages.
Chères mamans, si vous partagez ce ressenti, faites un pas de côté et prenez conscience que vous êtes probablement engagée sur une pente glissante. Ces constats ne sont pas votre échec, ce sont vos symptômes. Ne vous sentez pas coupable de vos émotions ou de votre état, acceptez-les et faites-vous aider.
Crédit photo : Orlane Boissard pour Maman Vogue