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« Se réaliser en tant que femme est une suite d’étapes. Ma deuxième maternité a été une révélation. »
« J’ai fait de longues études qui m’ont permis de décrocher un boulot qui me plaisait beaucoup. J’évolue dans un milieu très masculin, marqué par la nécessité d’être intellectuellement performante et physiquement endurante. Je fais partie de celles qui se sont entendu dire dès qu’elles ont eu la bague au doigt, qu’elles ne pourraient plus faire ce métier…
Les idéaux féministes auxquels je me suis accroché (et une solide dose d’entêtement personnel) m’ont poussé à continuer à travailler. Et en toute honnêteté, je n’en ai pas été malheureuse. J’ai eu un 1er enfant et j’ai trouvé un mode de fonctionnement relativement équilibré avec mon boulot et une super nounou à domicile. Je suis retombée enceinte 1 an après et ai eu un 2ème petit garçon. Un congé maternité compliqué… des débuts difficiles avec deux petits et beaucoup trop de fatigue accumulée avant la naissance. J’ai attendu la reprise de ma nounou avec impatience ; elle allait s’occuper de mon aîné et j’allais retrouver (peut-être) un peu de temps pour moi. Mais non, finalement, elle n’a pas pu revenir et j’ai vécu l’annonce de sa maladie comme un ouragan. Je n’allais jamais y arriver…
J’ai très vite eu une révélation. Après 2/3 jours un peu chaotiques, je suis rentrée dans une phase d’acceptation et j’ai essayé de me dire « tire en le meilleur ». Moi qui ai toujours été très control freak, j’ai décidé de lâcher prise.
Quel bonheur ! Quelle joie d’avoir toute la journée pour constater les progrès, faire des câlins, des baisers, panser les petits bobos, accompagner les découvertes, expliquer plein de choses, lire des histoires et constater qu’on est super heureux ensemble. Quelle chance de pouvoir être disponible pour mon foyer, de pouvoir enfin rendre les services qu’on m’a tant rendus, en faire plus à la maison pour soulager un peu mon mari, de faire les choses en décalé des gens qui bossent, de prendre le temps de décorer ma maison, … Quel épanouissement de pouvoir accorder un peu de temps à des passions un peu trop délaissées comme la couture et la lecture…
Aujourd’hui, je réalise la chance que j’ai eue que ma nounou tombe malade. Sinon, comment me serais-je rendue compte que j’étais capable d’être mère au foyer et que j’en étais heureuse ?! Aujourd’hui, je ne me dis pas que je ne veux plus bosser ; j’ai d’ailleurs repris le travail depuis. Je me laisse le temps de mûrir tout ça, d’en discuter avec mon mari parce que c’est un projet de famille mais je me sens tellement chanceuse d’avoir pu faire cette expérience.
Elle m’a permis de réaliser que je n’avais pas pris avec assez de recul cette pression inversée que j’ai subi depuis la fin de mes études, qui me dicte de chercher l’égalité hommes/femmes à tous prix et sous-entend que ne pas se battre en permanence pour de nouveaux droits est rétrograde. Finalement, peut-être qu’il existe quand même un peu d’inné, des codes propres à chaque sexe et que chacune devrait pouvoir s’approprier pour faire librement ses choix dans sa vie de femme et de maman. J’ai l’impression d’avoir temporairement atteint une forme de complétude, un peu comme si j’incarnais mieux ma propre féminité.
Ma vie est belle au bureau, entre les réunions, les pauses café et les powerpoint ; elle est belle en famille, elle est belle au foyer entre les machines, les repas, le bazar, les pleurs et les sourires. Merci la vie de m’avoir donné l’opportunité de voir tout ça et bravo à toutes celles qui ont trouvé leur voie de maman ! »
© crédit Nathalie Coster pour MAMAN VOGUE
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