Lorsque nous devenons mère, l’enfant que nous avons mis au monde prend toute la place dans notre vie et dans notre cœur. C’est beau, nous sommes comblées. Nous l’avons parfois si longtemps espéré. Ainsi, nous sommes mères. Quel grand bonheur, mais aussi quelle responsabilité ! Au fur et à mesure que notre enfant grandit, nous nous rendons compte à quel point ce tout petit être remplit notre quotidien, quitte à évincer tout le reste. Où est passée la femme que nous étions auparavant ? Celle qui prenait le temps de bien s’apprêter le matin, celle qui sortait le soir sans se soucier de rien, celle à qui tout semblait si facile, maintenant que l’on regarde en arrière. A-t-elle à jamais disparue ? Si nous cherchons bien, elle est toujours là, et elle a toute sa place dans notre nouvelle vie. Osons être encore cette femme avant d’être mère !
À la seconde où nous devenons maman, notre vie change, pour toujours, et nous nous retrouvons, parfois malgré nous, dans la « catégorie des parents ». Et dans un monde où on programme de plus en plus la venue d’un enfant, il nous faudrait toujours assumer à 200 % ce statut.
Pour devenir parent, il faudrait être tout à fait prêt, que tout en soit en ordre, que ce soit le moment parfait, comme pour devenir propriétaire. Le monde peut nous renvoyer l’image que nous sommes à présent débordés et donc que nous ne pouvons plus profiter de la vie. Et si par chance, nous arrivons à nous octroyer du temps à deux, ou encore à développer une carrière en parallèle, alors nous pouvons être facilement qualifié d’égoïste. Parce que vous comprenez, on ne « fait » pas des enfants pour les abandonner ! Si c’était aussi simple que cela !
Il y a une certaine réalité dans tout cela. Oui, devenir maman chamboule la vie, et nous fait passer un peu dans une autre catégorie de personnes. Et c’est vrai, il arrive qu’en devenant mère, nous nous éloignons peu à peu de certaines amitiés que l’on avait avant. Nos priorités deviennent naturellement autres, et nous avons moins de temps qu’auparavant. Notamment pour nos amies qui n’auraient pas fait le choix d’être mère, ou qui n’ont pas encore eu l’occasion de le faire.
Mais attention à ne pas trop se ranger dans une catégorie. Oui, nous sommes mères, mais nous ne sommes pas que cela. Notre vie n’est pas faite que de choix de vie radicaux ou de revendications d’appartenance à telle ou telle catégorie de personnes. Devenir mère, c’est un choix, mais c’est bien plus que cela.
Notre corps de femme est conçu pour donner la vie, et en devenant mère, nous semblons accomplir notre vocation profonde de femme. Bien sûr, cette fécondité peut être déclinée de bien des manières, mais la maternité en est la plus charnelle. Elle nous atteint au plus profond de notre corps, c’est d’une beauté parfois indicible, mais cela peut être aussi si douloureux et si bouleversant. Nous pouvons nous sentir coincées dans cette condition de mère, tant elle est parfois difficile.
Nous avons toutes une vision de la mère parfaite que nous désirions tant pouvoir être pour nos enfants. Et certaines femmes ont l’air de s’y prendre tellement mieux que nous à cette histoire de maternité. Celle qui a accouché sans péridurale et qui a trouvé cela formidable, celle qui jure ne jamais crier sur ses enfants, celle qui leur trouve toujours une activité manuelle quand ils s’ennuient… Bref, la voisine parfaite qui n’existe pas ! C’est une belle vocation, parfois si lourde à porter, que nous regrettons le temps où nous ne l’avions pas encore accomplie !
La bonne nouvelle, c’est que nous n’avons pas à oublier la femme que nous étions sous prétexte que nous sommes devenues mères. Osons être femme ! La question est de savoir comment. La première chose à laquelle nous pensons est notre corps de femme, quelque peu altéré par la maternité, et qui le sera peut-être à nouveau. Acceptons les changements qu’il a subi, et partons à la recherche de notre féminité, de notre sensualité, que nous avons parfois rangé dans un coin après l’accouchement.
Être femme, c’est assumer pleinement sa féminité, dans tous ses aspects et toute sa diversité. Prendre soin de soi, accepter ce corps qui a donné la vie, et la redonnera peut-être à nouveau. Malgré les kilos en trop, les vergetures, une poitrine qui n’a plus rien à voir avec notre poitrine de jeune fille, nous demeurons pleinement femmes. Des femmes belles, désirables, qui ont le droit d’être épanouies. Accordons du temps à ce corps, apprêtons-nous, pas nécessairement pour les autres, mais d’abord pour nous, pour notre bien-être.
Accueillons également le retour de notre cycle, et de ses multiples variations. Notre cycle, c’est ce qui fait nos forces et nos faiblesses. En étant mère, nous voudrions pouvoir toujours être au top de notre forme et de notre productivité. Mais le surmenage, bien que malheureusement à la mode ces temps-ci, n’a rien de positif. Sans en être prisonnière, c’est à nous de nous adapter à notre corps et à ses signaux, et non à lui de coller au rythme que nous voudrions lui imposer.
Être femme, c’est également être épouse. Avant de devenir mère, nous sommes devenues l’épouse d’un homme. Il faut garder à l’esprit que le premier enfant du couple, c’est justement le couple ! Notre époux, a lui aussi, en devenant père, vécu des bouleversements. Et en tant que parent, il est de notre devoir de témoigner auprès de nos enfants, d’un couple lié, qui s’aime, se respecte et se désire. Oublions les idées reçues ! La venue d’un enfant n’a pas à détruire le couple, et à en faire des colocataires. C’est en accordant toute sa place à notre relation conjugale que nous révélerons à nouveau notre féminité, et sa masculinité.
Il peut nous arriver de regarder en arrière et regretter sa vie, plus libre, d’avant. C’est normal et ce n’est pas un défaut. Mais nous qui sommes parfois épuisées, le corps fatigué, la sensualité cachée, ne prenons pas notre condition de mère comme un fardeau qui nous serait imposé, ou comme une tâche à accomplir. La nature de mère n’est pas une charge, c’est un don. Ce don n’est pas un obstacle à notre féminité. Il ne nous affaiblit pas, au contraire, il nous transforme de la plus belle des manières, même si c’est douloureux, et que cela nous pèse de temps en temps.
Il faut bien comprendre que la maternité nous sublime, nous rend, malgré tout, plus belle, et plus femme. Chacune, à notre manière, nous devons laisser s’exprimer notre sensibilité féminine, sans renier notre maternité. Parce que nous sommes mères à présent, c’est un fait, rien ne pourra nous l’enlever, et il ne s’agit pas d’effacer notre maternité. Il s’agit au contraire de l’embrasser totalement, sans regret du passé, en laissant s’épanouir la femme sensible et lumineuse que nous sommes.
Lire aussi