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Depuis que j’ai mes enfants, j’ai l’impression que mon cerveau s’est mis en mode « maman ». J’ai switché, vrillé… Je pense tous les jours à ce dont ils ont besoin, ce qu’il faut leur acheter, ce qu’ils doivent manger, ne pas oublier l’heure d’aller les chercher, penser au gouter, penser au dîner, penser à les inscrire pour les activités de l’année prochaine, ne pas oublier les devoirs, espérer qu’elle va bien dormir et ne pas tomber malade pour la trentième fois de l’année… Bref…mes enfants ont envahi mon cerveau.
Je suis une maman suiveuse… c’est à dire que j’ai suivi mon mari là où il travaille, nous avons déménagé trois fois dans deux pays différents et j’ai du m’occuper des enfants dans ces changements et ensuite trouver un travail.
Cela me procure une sensation d’étouffement…comme si le fait de devoir être au service de mes enfants me coupait du monde réel. Pour moi le travail c’est la liberté et souvent je rêve d’être celle qui part le matin en métro pour s’asseoir derrière un bureau toute la journée…
Il paraît que lorsque l’on devient maman il faut penser à soi et à son couple…alors oui, c’est une merveilleuse idée ! Mais concrètement on fait comment ?
J’ai rencontré une personne lors d’une conférence qui m’a conseillé de me lever plus tôt et prendre ce temps pour moi le matin…
Alors comment vous dire, cher Monsieur… ma fille peut se réveiller à 6h ou à 7h30 et mon fils, en semaine, je dois le secouer du lit pour aller à l’école et le weekend il est au garde à vous à 7h pour regarder Pokemon !
Donc non ! Je suis désolée mais c’est impossible ! Je mettrai donc en œuvre cette magnifique technique dans 15 ans quand mes enfants ne pourront plus sortir de leur lit avant 10h du matin.
Quand arrive le tunnel du soir, (ah oui le fameux tunnel je suis sure que vous voyez de quoi je parle !) c’est le moment où notre cerveau se met à dysfonctionner… toutes nos pensées vont vers l’heure ultime du coucher et il va falloir passer ces dernières heures en revêtant notre robe de la maman parfaite, à l’écoute, alerte, avec des recettes dignes d’une instagrammeuse en chef !
Le plus difficile dans cette situation c’est de ne pas culpabiliser. Comment accepter de dire que l’on préférerait être à un séminaire de deux jours à Dieppe plutôt que de coucher ses enfants ce soir ?
J’imagine que c’est le lot de beaucoup de parents. Ce qui est étonnant c’est que l’on a toujours l’impression d’être seule dans cette situation…
Peut être la honte nous empêche-t-elle de parler, d’avouer ses pensées, de dire que nous ne sommes pas des êtres parfaits.
Comment avouer que l’on aimerait garder un petit bout de notre cerveau intact, rien que pour nous ? Peut-on avouer lorsque l’on est maman que l’on aimerait ne pas être mère juste pour une pensée ?
Alice Malet
Photo ©Isabelle Dohin pour MAMAN VOGUE