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Bien que chacune ait sa propre histoire, Élodie et Marie vivent une situation commune : elles sont ce qu’on appelle « des mamans solos ». Toutes les deux, elles ont accepté de raconter leur quotidien, parler de leurs craintes, de leurs difficultés mais surtout apporter de l’espoir à toutes celles qui élèvent seules leur(s) enfant(s).
Pour ces mamans, le père de leur enfant n’est pas présent ou très peu mais ce n’est pas plus mal ainsi : mauvaise entente ou « difficulté à assumer un enfant non prévu », il vaut mieux finalement qu’il se tienne à distance. C’est même une condition pour pouvoir reconstruire sa vie avec un autre homme : « Être seule avec mon fils laisse une place plus grande pour la personne qui entre dans nos vies. C’est déjà compliqué de s’engager avec une femme qui a un enfant. À mes yeux c’est encore plus compliqué de s’engager avec une femme, un enfant et le papa de l’enfant qui est là mais pas vraiment » estime Marie.
Marie peut compter sur ses grands-parents et des amis fidèles : « Ma famille a toujours été derrière moi, sans faiblir. Je peux même dire que cela nous a tous rapproché et soudé. Mes grands-parents maternels ont été d’un soutien indéfectible psychologique et financier. Sans eux, je n’aurai pas pu avancer et grandir dans mon rôle de maman solo épanouie. Concernant mes amis, malheureusement un tri s’est fait presque naturellement. Restent à mes côtés ceux sur qui je peux vraiment compter en cas de coup dur ou pour me garder mon fils le temps d’aller boire un petit verre».
De son côté, Élodie s’est rapprochée de ses parents en s’installant à 160 km de chez eux mais elle estime cependant que « C’est dur au début de se retrouver avec un si petit bébé seule, de se dire que maintenant on est maman et que la vie tourne autour de ce petit bébé ! J’ai eu par bonheur mes parents qui étaient là quand j’avais besoin, besoin de leur laisser pour me reposer, sortir m’aérer un peu, faire quelques courses… ».
À nouveau en couple, Élodie a longtemps été maman solo et a dû vivre, comme Marie, sa grossesse seule : « Le papa m’ayant complètement lâchée durant ma grossesse, je suis allée au bout seule. J’ai tout préparé seule, choisi son prénom seule, vécu mes angoisses et bonheurs seule, mes rdv et échographies seule aussi… ». La jeune femme explique sa relation fusionnelle avec sa fille : « On a toujours été que toutes les 2, Lila a du mal à être loin de moi et moi loin d’elle… On vit l’une pour l’autre depuis le début, on fait beaucoup de choses ensemble, j’essaie de combler le manque « d’éducation paternelle » comme je le peux ».
Pour Marie, c’est la gestion seule du quotidien qui lui pèse le plus : « Le plus dur quand on est seule c’est de tout gérer. L’éducation, les courses, l’entretien de la maison, gérer un enfant au quotidien, se gérer soi-même ». Les journées sont très chargées pour les deux mamans qui doivent concilier études, travail, trajets, repas, bains, etc…
Les premières années ont été difficiles pour Élodie : « J’ai vécu une vie de maman durant 2 ans je dirais, ayant pris un congé parental pour m’occuper d’elle, lui faire découvrir le monde, la vie, les vacances, les sorties… Et donc peu de contact social, pas de contact de bureau, seulement ma meilleure amie que je voyais. […] Il y a eu beaucoup de moment de solitude, surtout la première année, les coups de fatigue, les coups de blues, le fait de s’en vouloir pour une situation qui finalement nous a échappée… Beaucoup de coups de blues aussi le soir, quand je couchais la petite, et que je me sentais seule… ».
Un sentiment partagé par Marie qui n’a pas fait les mêmes choix au début : « Ce qui m’a aidé, ça a été de continuer mes études en même temps, de continuer de voir mes amis et d’avoir encore un semblant de vie étudiante. Une autre clé est à mon sens de bien s’entourer et de faire confiance. Tout état de galère est passager, c’est ce que je me suis dit. Mais ça n’empêche pas les moments d’angoisse et de doutes. ».
« Il faut être un minimum organisée. Au quotidien j’essaye de ne pas avoir trop de cuisine à faire le soir, pour éviter que les soirées s’allongent. Je ne m’interdis pas de commander une pizza ou un take away. C’est rapide, ça fait plaisir et on se prend moins la tête. Et pour souffler, Netflix est mon meilleur ami ». Financièrement, il faut se montrer vigilante, mais ce n’est pas insurmontable. « Toujours avoir une saison d’avance dans la garde-robe ! Les enfants grandissent trop vite ! Faire les bourses aux vêtements et aux jouets, on y trouve des super choses pour pas cher même en puériculture. Et puis les soldes pour les saisons à venir.
Pour les repas, faire soi-même revient beaucoup moins cher que les petits pots en grande surface. Comme c’est long et que l’on n’a pas toujours le temps, je cuisinais une fois par mois en grande quantité et je mettais au congélateur. Et durant les premiers mois je préparais chaque soir tous les biberons de la nuit que je mettais au frigo, ça fait gagner un peu de temps ». Élodie rappelle que la relation maman solo et son enfant est souvent très fusionnelle, « il faut donc dès tout petit les habituer à être ailleurs et voyager pour ne pas les brusquer à l’entrée à l’école qui est un grand changement ».
Aucun ! Sur ce point les deux mamans sont sur la même longueur d’onde et restent positives. Même si elles sont conscientes des difficultés qui les attendent. « J’ai choisi de parier sur la vie. Mais je me suis promis de ne pas renoncer, ni à mes rêves, ni à mes études. Mais je me suis toujours demandée (et encore maintenant) si je vais m’en sortir, trouver un boulot, nourrir mon fils tous les jours. Ma plus grosse angoisse a été de me demander si un homme peut nous accepter mon fils et moi ».
« Si c’était à refaire je referais la même chose, je prendrais les mêmes décisions et j’élèverais ma fille comme je le fais jusqu’à présent. Aux mamans qui vivent aussi cette situation, j’ai seulement envie de leur dire de s’écouter, de faire comme elles le souhaitent, ne pas se sentir nulle ou dépassée, on passe toutes par là, c’est difficile mais pas insurmontable. Ne pas se couper du monde, vivre sa vie en tant que femme et mère, prendre du temps pour soi, pour se reposer, pour vivre ! ».
« Je voudrais que les mamans solos sachent qu’elles ne sont pas seules, qu’on est beaucoup dans la même galère, qu’elles ne lâchent pas, malgré les doutes, qu’elles s’en sortiront, que ce n’est pas impossible (dur mais pas impossible). Et qu’elles n’oublient pas que leur bien être en tant que maman passe aussi par leur bien être en tant que femme ». Et puis quel bonheur de voir son tout petit grandir à ses côtés, et prendre tout l’amour qu’on lui donne et redonne chaque jour…
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Perrine de Robien