Devrait-on valoriser plus le statut de « femme au foyer »?

La belle image de la femme au foyer

Quand on entend « femme au foyer », on entend quoi ? Quelle image nous vient spontanément ?

Soyons honnête, le terme, à priori, ne fait rêver personne. On l’imagine un chiffon noué autour des cheveux, un tablier bien crade, vêtue des vêtements de la veille et peu souriante. Non ? Vous l’imaginez sexy et épanouie vous?

Moi, personnellement, ce terme ne me fait pas rêver à première vue. J’ai bien dit à première vue, mais la première impression n’est pas toujours la bonne !

Certaines choses ne se voient qu’en s’approchant. Une mouche (ouais la verte, horrible qui mange ce que je pense!) révèle sa beauté au microscope, ses yeux irisés aux centaines de facettes.

Qui jette un diamant à la poubelle juste parce qu’il ne brille pas ? Personne ! On en connait que trop la valeur, et on se donne le temps de le polir pour en faire ressortir la beauté !

Avant guerre

A une époque les femmes n’avaient pas le choix. Se marier signifiait rester à la maison et s’occuper des enfants. Le tout, sans avoir le droit de voter, ni d’avoir de compte en banque, et pire (hahaha ! je ne sais pas si c’est ça le pire !) sans avoir le droit de conduire ! C’est à se demander si les femmes de l’époque pouvaient être épanouies dans ces conditions, non ?

En effet pour celles d’entre nous qui on eu la chance d’échanger avec leurs grand mères, ces dernières nous ont certainement raconté à quel point ce n’était pas la fête tous les jours ! Et pourquoi, nous aujourd’hui, nous avons tellement de chance de pouvoir faire nos propres choix.

Trouvez-vous notre génération plus épanouie ? Nous sommes en droit de nous poser la question !

Sur le papier, oui, ça semble plus épanouissant. Mais qu’en est-t-il de la réalité? Il me semble que notre génération rencontre aussi beaucoup de frustrations, d’anxiété, et tout un lot de difficultés.

Faut-il revenir en arrière ? Je ne crois pas. Mais posons nous les bonnes questions ! Est-ce que les femmes ont vraiment plus le choix aujourd’hui ? Ou s’agit-il encore de choix imposés, d’une autre façon ?

Et maintenant ?

Est-ce que la tendance s’est inversée ? Sommes-nous passés d’un extrême à un autre?

En cherchant sur le site .gouv, j’ai découvert une définition récente: « Les femmes au foyer d’aujourd’hui sont des femmes qui déplacent les frontières du travail non déclaré, du travail déclaré et des activités au foyer. Ce sont des équilibristes, qui partagent le destin de nombreuses personnes aujourd’hui, entre deux statuts, deux emplois ou deux modes de vie. » On essaie clairement de valoriser ce statut en le redéfinissant.

Y avait-il besoin d’ajouter un autre emploi pour parler d’équilibriste ? Les femmes au foyer sont intrinsèquement des équilibristes… Au détail près qu’elles n’ont pas de vie professionnelle.

Mais est-ce plus simple ? Pas de vie professionnelle signifie également moins de revenus pour le foyer, des économies imposées et une vie sociale limitée. Sans même parler du fait que, socialement, être femme au foyer en 2023 n’est pas une démarche perçue comme essentielle. N’avez-vous jamais entendu ces commentaires : « Mais t’as rien d’autre dans ta vie que tes enfants ??? » « Quand ils partiront, tu n’auras plus rien! » « Tu n’as pas fait des études pour rester à la maison ! »

Respect d’un choix

Aujourd’hui, je ne cherche pas à comparer qui – entre maman qui travaille et mère au foyer – a le rôle le plus dur, le plus dense, le plus ingrat, le plus lourd en charge mentale. Ni rentrer dans le débat de « qui aime le plus sa famille ? » car il est évident que les mères qui travaillent aiment autant leurs enfants que celles qui sont à la maison.

Ce que j’aimerai, c’est entrer dans une ère où les deux choix sont complètement valorisés et compris par l’entourage ! Qu’on s’émerveille devant maman qui assume sa carrière et autant que devant une maman « femme au foyer« .

Les mères au foyer seraient-elles plus nombreuses si la valeur de leur travail était plus reconnue ?

Il me semble que plusieurs femmes souhaiteraient être à la maison, mais la pression sociale et professionnelle les en empêchent. Quand ce n’est pas, bien entendu, des contraintes financières.

La valeur ajoutée

Un jour j’entendais un gestionnaire de patrimoine poser des questions à un couple sur leur biens matériels. En effet l’homme avait travaillé toute sa vie, rempli les comptes en banques et pourvu aux besoins financiers de toute une famille. La femme, de son côté, avait fait le choix de ne plus avoir de vie professionnelle pour s’occuper de la maison et de la famille.

Le monsieur expliquait, sans condescendance, que c’était lui qui avait le plus contribué au foyer ! Le conseiller, sourire aux lèvres, lui demande alors: « à combien estimez-vous l’amour et l’attention qui ont été offertes à leurs enfants ces quinze dernières années ? Votre épouse n’a certes pas apporté un seul centime, mais combien aurait coûté quelqu’un qui prépare chaque repas de la semaine, gère le linge, fasse le ménage, l’intendance…etc ? »

Griffonnant sur sa feuille quelques calculs basiques « ça aurait couté tant, et ça c’est pour ce qui peut se monétiser ! Parlons maintenant de tout ce qui ne peut pas se calculer: la présence de maman à chaque sortie d’école, une présence dans la maison, qui sèche les larmes des tous petits, fait un bisou sur le bobo, ou bien écoute les premiers états d’âme des ados assis sur leur lit pendant des heures? »

Non, il y a des choses qui ne sont pas estimables financièrement. C’est d’ailleurs pour cela qu’on les désigne comme inestimables. Il est très difficile de quantifier tout ce qu’une femme perd quand elle met sa vie professionnelle entre parenthèse. En revanche, il est absolument impossible d’estimer la valeur ajoutée de sa présence auprès de sa famille. Oui, elle sacrifie sa vie professionnelle, mais aujourd’hui j’aimerai lui dire: « sois libre de ce choix, assume le pleinement, et nous te valoriserons pour ce que tu accomplis à la maison. Ce n’est pas un choix inférieur ! Plus il sera valorisé, plus il sera valorisant ! »