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Ma petite Maddy Chérie
Ironie du sort ou destinée, peu importe le nom, mais voilà qu’aujourd’hui, nous sommes à trois ans, quasiment jour pour jour, de la date où tu m’as quitté. Que tu m’as laissé là, pantoise, vide.
Le ventre creux, vide à tout jamais.
Toi, ma petite puce, qui n’auras vécu que quatre mois et demi en moi. Bien cachée, trop cachée, car « mal placée » comme on dit… Sache que le fait que tu ne sois pas née fait que je t’y garderai à jamais…
Oui, il est difficile de coucher ces mots, et pourtant c’est la vérité, mon ressenti.
Lorsque je pense à toi, je pose ma main sur mon ventre, ce ventre sans vie, marqué par les cicatrices de ton départ, qui me rappelleront que tu n’étais pas un songe, mais ma réalité. Tel un tatouage, marques visibles, cachant ma peine immense et sans nom invisible.
J’ai toujours depuis ce jour, eu, énormément de mal à parler de toi. Encore aujourd’hui j’évite de penser à ces heures maudites où ma vie a subitement pris un virage à 180 degrés.
Tes soeurs sont présentes. Sans le savoir, elles me font penser à toi, jour après jour, mais me donnent malgré tout, la force de vivre, de continuer pour elles.
Je ne te nomme jamais, rares sont ceux qui connaissent ton histoire, la nôtre, car oui pour moi tu as bien existé. Officiellement, je suis maman de deux enfants, deux magnifiques princesses, mais pour moi, je suis maman de trois enfants.
J’ai porté la vie trois fois, et cela je le revendiquerai jusqu’à la fin de mes jours.
Bien sûr la loi veut que le foetus doive avoir au moins six mois, pour être reconnu, pour faire partie du livret de famille. Tu n’y seras jamais, tu fais simplement partie de moi, de mes antécédents médicaux comme ils disent. Si tu savais tout ce que j’aimerais leur dire, quand j’entends ça. Que pour eux, tu n’étais rien, que tu n’as pas été réelle…
Tu n’imagines pas la douleur, que je ressens en ces instants.
Mais ma petite chérie, tu fais partie de ma famille, de mes enfants. J’aurais aimé te voir, te caresser la joue, ne serait-ce qu’une seconde, mais malgré ma force de caractère, je n’en ai pas eu le courage.
Lorsque l’on m’a annoncé, que tu étais en parfaite santé, que ton petit coeur battait, que tu étais parfaite, pour tes 4 mois et demi, j’avoue avoir pris la plus grosse claque de ma vie, j’aurais aimé ne jamais le savoir. J’aurais pu avoir une photo de toi, mais j’ai refusé. Pas, parce que je ne t’aimais pas, ni parce que tu as mis ma vie en danger, car oui, disons-le, tu as bien failli me tuer. Si je n’avais pas été assez rapide dans mes démarches, je ne serais plus là, à t’écrire.
Cela s’est joué à quelques heures, quelques heures terribles et ancrées à jamais en moi. Peu importe mon Amour, je ne t’en veux pas. Parfois la vie, la croisée des chemins, ne dépend que d’une infime limite. Tu n’étais pas dans mon utérus, là où tu aurais pu grandir et puiser ta force en moi. Non tu étais à côté dans ma trompe et c’est toi qui prenais ma vie.
Je trouve cela joli en y réfléchissant, d’une certaine manière. Car tu te battais pour vivre, alors que tu étais simplement au mauvais endroit, à quelques centimètres de ce qui aurait dû te servir de cocon, de berceau maternel.
Aujourd’hui trois ans après, tout me rappelle à toi, tu aurais dû avoir deux ans et demi, tu marcherais de guingois, tu me ferais rire, avec tes mots inventés. Tu serais habillée des vêtements de tes soeurs. Mais voilà tu n’es pas là physiquement. Pourtant saches ma petite Maddy chérie, que tu seras à jamais dans le tréfonds de mon âme, bien cachée, rien qu’à moi…
Tu n’es pas mon petit ange du ciel, comme certaines femmes se plaisent à penser.
Je préfère être le tien et espérer que de là où tu es, tu es mieux qu’avec moi.
Les larmes montent ma Maddy, je ne vais pas pouvoir continuer…
Ta Maman…
Livre Mère Malgré tout, Nelly Topscher et Sophie Leseure