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Claire de Saint Lager est une trentenaire qui après un parcours académique en lettres et histoire, se découvre une passion pour le féminin et en fait son métier. Elle est l’auteur de l’essai dont je vais vous parler mais elle a également créé des parcours de formation destinés aux femmes et aux jeunes filles pour renouer avec le féminin. Il m’est extrêmement difficile de résumer une lecture aussi riche et éclairante, je vais plutôt essayer de vous décrire les révélations qui me sont venues en le lisant.
Le féminin est méprisé dans nos sociétés modernes. « Il semble que, dans nos sociétés occidentales, être une femme accomplie passe par le fait de s’approprier les codes et les valeurs du masculin dominant. La femme devient un homme comme les autres« . Je trouve cette phrase édifiante de vérité et en ai personnellement déjà fait l’expérience en moi ou en regardant d’autres femmes. Nous nous sentons souvent obligées de nous comporter en hommes pour exister dans notre société car les tâches et les responsabilités traditionnellement assignées aux femmes apparaissent comme subalternes. Il n’est pas vraiment à la mode d’avouer la joie que l’on a à s’occuper de ses enfants ou d’avoir le goût de tenir sa maison. Mais chaque être vivant porte en lui une part de féminin et de masculin et les deux sont nécessaires. Le féminin met en relation, il est alerte, attentif à ce qu’il entoure et intègre. « Il accueille le monde et en perçoit les changements ». Mais les deux sexes ne s’opposent pas, chacun a ses forces et ses faiblesses au service de la vie « Une intelligence sans cœur est sèche et stérile et un cœur sans intelligence est fou« .
Le féminin est une connexion au cœur. Pas au sens actuel de mièvrerie ou de sensiblerie exagérée mais au sens où il a ce pouvoir de connecter chacun avec ses aspirations profondes, sa vocation, en un mot: son désir et au sens où il créé des relations entre le cœur et le monde. C’est en cela qu’il est fécond, le désir est la meilleure des motivations. D’ailleurs pour l’anecdote, Claire de Saint Lager nous rappelle que les mots « cœur » et « courage » ont la même racine latine, on peut donc y voir un élan identique qui n’est pas que celui du sentimentalisme.
Même si je suis toujours résistante à lire des caractéristiques communes à un genre nous donnant l’impression que nous nous ressemblons toutes les unes aux autres, il me faut reconnaître que nous souffrons souvent des mêmes maux. Premièrement, la mésestime de soi. Les femmes ont une tendance à se sous-estimer et à ne pas voir les beautés qui sont en elles, alors « elle ne vit plus cet élan d’amour de soi, nécessaire et positif« . Les femmes ont tendance à considérer les revers de leurs qualités ou à projeter leur amour-propre en fonction de ce qu’elles lisent dans le regard des autres. « Cela demande souvent des années pour ne plus chercher la légitimité ou l’approbation à l’extérieur mais bien au fond de son être« .
La deuxième est souvent inséparable du premier: la culpabilité. Par leur attention au monde, elles intègrent « très profondément les attentes des autres et [étouffent] leur propre désir« . Mais elle est la plupart du temps nocive car elle pare à nos désirs profonds. « La culpabilité agite notre conscience pour des éléments passés sur lesquels nous n’avons aucune prise […] la culpabilité, comme le sentiment de « devoir », prive de l’élan d’amour« . Nous faisons les choses sous contraintes, sans vraiment les vouloir profondément. « Rompre avec la culpabilité est primordial pour une femme. C’est la seule façon de renouer avec ses désirs profonds […] car c’est dans le désir que se trouvent l’élan et la fécondité« .
Le contrôle. Nous sommes toutes tentées de tout maîtriser pour correspondre au maximum aux attentes des autres. Mais « lâcher prise, c’est se mettre en capacité d’accueil, et recevoir sa vie…Recevoir sa vie invite à vivre le silence et l’écoute intérieure« . Souvent, lorsque nous lâchons prise, nous réalisons des bienfaits inédits et inattendus. Nous sommes saisis quand nous baissons la garde et nous redevenons attentifs au merveilleux qui nous entoure. « Lâcher-tête c’est tout d’abord être et se laisser saisir »
Evidemment, il y en aurait d’autres mais ce sont les 3 qui m’ont le plus parlé.
Passer au delà des blessures c’est avant tout s’accepter telle que l’on est dans sa chair et dans son cœur. Les canons de beauté figés nous ont toutes soumises à des injonctions au travers des époques. Essayons chacune de dépasser cela et de se connecter avec nous-mêmes. « La beauté n’est pas figée, la beauté s’exprime dans les gestes, dans le charme, dans le caractère unique d’une femme« . Rappelons-nous que notre corps est avant tout un champ de possibles, un outil au service de notre réalisation « Se réconcilier avec son corps, c’est découvrir tout ce qu’il permet de vivre, de faire, de ressentir et d’éprouver« . Le corps est un don qui nous a été fait, essayons de nous émerveiller devant tout ce qu’il nous offre. Une femme qui habite son corps irradie.
De la même façon, le cycle féminin est une chance, pas une malédiction. Il nous offre des temps d’ouverture au monde et d’autres d’introspection, il apporte un équilibre qui sous-tend le féminin. Les quatre saisons que vit chaque femme à chaque cycle sont merveilleusement bien décrits par l’auteur: les règles c’est l’hiver le temps du retrait et de la renaissance; puis le temps pré-ovulation est un printemps animé par une énergie créatrice, une phase de jaillissement; après l’ovulation vient l’été et la plénitude dans laquelle on accompli ses projets et on s’épanouit; enfin, un automne qui prépare à l’hiver, une phase d’introspection, de lâcher prise et d’attente. Claire de Saint Lager nous rappelle que si le cycle a pour fonction d’accueillir des enfants, « Même sans grossesse, la fécondité du cycle est réelle« .
Claire de Saint Lager met l’accent sur le besoin que chaque femme retrouve son désir. Car « le désir, si il est apprivoisé, est un puissant vecteur de courage, d’action et de créativité. Il fait se mouvoir et donne envie de se hisser à la hauteur de ce que l’on désire. »
Nous devons toutes apprendre à nous écouter, être plus attentives à nos émotions pour retrouver le chemin vers nos aspirations profondes qui sont propres à chacune. « nous sommes bien souvent coupés de nos émotions, nous les subissons, mais nous ne savons pas les lire, les comprendre et les traduire, ni en tirer la sève nécessaire pour vivre l’harmonie. […] Emprunter la voie du cœur, c’est emprunter un chemin de connaissance« .
Rayonner dans notre personnalité et notre charme unique passe par la reconquête de sa propre unité; ce qui fait que les gens que nous admirons parfois nous font dire qu’ils sont à leur place. « Il passe pour chaque femme par la voie de l’unité qui conduit à révéler une beauté singulière, à transmettre sa part de merveilleux, de rébellion, de bienfaisance« . Le chemin de l’attention et de l’écoute de soi nous permettra de trouver notre mission, ce vers quoi tout notre être dans son unité aspire. « Notre mission nous ressemble et les signes qui l’accompagnent sont la joie, la paix, le sentiment de plénitude et la fécondité« . Les étapes du parcours:
« La fécondité d’une femme est réelle lorsqu’elle déborde le cadre de ses enfants selon la chair, lorsque ses talents sont au service de la vie; lorsque son foyer est un lieu d’accueil, lorsque sa joie est moteur pour les autres, lorsque ses qualités d’écoute consolent et réconfortent« . Pour ce faire, « il s’agit de combattre tout ce qui nous empêche d’apporter un surplus de joie et de vie au monde […] La maternité est un rayonnement de l’amour. Elle naît du plus profond de nos entrailles, elle naît de l’accueil confiant de la réalité et du débordement de l’amour« . « Une vie de femme doit constamment être nourrie, d’une part par une aptitude au silence fécond qui relie à l’intériorité , et d’autre part par l’explosion de l’amour excessif. […] Mais nous ne pouvons pas déborder d’amour si nous résistons […] Si on l’accueille, la réalité peut trouver un écho en nous et être transformée, alors la vie en jaillit« .
« La voie de l’amoureuse » de Claire de Saint Lager, Artège Edition
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©Virginie Hamon pour MAMAN VOGUE