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Peut-on protéger nos enfants de la pornographie ?

 
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Dans notre monde hyper connecté, l’accès à la pornographie est désormais devenu facile, elle peut vite faire partie de notre quotidien et même nous rendre addict. Alors que nos enfants sont très attirés par les écrans, il est nécessaire, en tant que parents, d’ouvrir les yeux et de faire preuve de vigilance. Voici quelques pistes sur un sujet qui mériterait d’écrire un livre en plusieurs tomes…

La pornographie en chiffres

En 2005, une enquête de Michaela Marzano et Claude Rozier estimait que 58 % des garçons et 45 % des filles avaient vu leurs premières images pornographiques entre 8 et 13 ans.

85 % des garçons de classe de cinquième vont quotidiennement sur des sites de porno dur.

Selon une enquête de l’IFOP, l’outil d’accès au porno le plus fréquemment utilisé est le smartphone devant l’ordinateur portable, la télévision n’étant choisie que par une minorité de jeunes.

60 % des foyers français disposent d’au moins 6 écrans et 45 % des 6 à 11 ans consacrent plus de la moitié de leur temps de loisir aux écrans.

Il est facile pour un enfant de trouver du contenu pornographique

Quand vous et moi étions enfants, les images porno ou choquantes circulaient sous le manteau sous la forme de photos de lingerie du catalogue La Redoute, de magazines pour adultes ou de cassettes VHS et DVD loués dans des boutiques spécialisées ou des distributeurs. Ce discours parait quelque peu ringard ( « C’était mieux avant ! ») et pourtant il faut bien reconnaître qu’à notre époque, pour tomber sur du contenu pornographique, il fallait vraiment le vouloir.

Aujourd’hui toutes les familles sont équipées d’ordinateurs et il est facile, même pour un enfant de trouver des images pornographiques, en entrant simplement des mots clé sur le navigateur. Même si le filtre parental et un code d’accès permettent de limiter les dégâts, il reste encore les téléphones portables. N’oubliez pas que si votre enfant n’en possède pas, des camarades de classe peuvent en avoir un. Facile alors de voir un film sur Youtube ou des images pendant la récré…

 

La pornographie se trouve là où l’on ne s’y attend pas

Vous avez mis des filtres sur votre ordinateur ? Votre enfant n’a pas de téléphone portable ? Vous surveillez les films qu’il regarde ? Bien ! Pourtant sans vouloir vous décourager, ces précautions ne signifient pas à 100 % qu’il ne verra pas de contenu choquant et/ou à caractère pornographique. Ces 2 histoires vraies le prouvent :

C’est l’histoire d’un élève de CP à qui l’on demande dans le cadre de l’Armistice et de la célébration du 11 novembre de trouver sur Internet des photos de soldats de la guerre de la 1ère guerre mondiale. Il tape alors « poilu »- puisque sa maîtresse lui a expliqué que c’est ainsi qu’on les nommait- et se retrouve avec des images non pas de militaires mais avec des photos d’hommes nus.

C’est l’histoire d’une demoiselle de 13 ans qui souhaite aller voir un dessin-animé à l’affiche au cinéma avec ses amies un mercredi après-midi. Sa maman s’apprête à la laisser partir à la séance quand elle voit une publication sur Facebook : Sausage party est interdit au moins de 12 ans en France mais interdit aux mineurs aux États-Unis. Et pour cause, c’est un film d’animation avec des connotations sexuelles avec une partouze en scène finale.

Morale de ces deux histoires : le porno peut être là où l’on ne s’y attend pas et il est nécessaire que les parents fassent preuve de vigilance.

Que peuvent faire les parents ?

Vous l’aurez compris, la pornographie est désormais facile d’accès en raison des nouvelles technologies dont nous disposons à notre époque. À moins de vivre sur une île déserte sans réseau ou d’intégrer une communauté Amish, il est impossible de vivre sans écrans, tablettes, ordinateurs, smartphones, etc…

Aussi, désormais, l’enjeu éducatif est d’apprendre à vivre avec et de mettre le maximum de chances de son côté en mettant en place tous les moyens techniques dont nous disposons actuellement : contrôle parental, horaires et jours précis pour consulter Internet, code d’accès, ordinateur placé dans une pièce commune ou de passage et non une chambre… Pas question de faire de l’angélisme et comme le dit le dicton « Mieux vaut prévenir que guérir ».

Autre point essentiel : la communication. Veillez à discuter avec vos enfants notamment sur ce qu’il fait chez ses copains, en cours de récré, aux scouts, en colo, etc… Redoublez d’attention si vous remarquez un changement dans son comportement.

Si vous apprenez que votre enfant a vu du contenu porno, cherchez à savoir comment cela lui est arrivé (cela peut se produire contre son gré), discutez-en avec lui. Vous pouvez éventuellement prendre rendez-vous avec un pédopsychiatre afin de l’aider à exprimer ce qu’il ressent et obtenir des conseils éducatifs ou psy.

Soyez réglo avec vous-même : mettez hors d’atteintes les films, les BD et les lectures réservées aux adultes. Pas la peine de « tenter le diable » …

Donnez-lui une éducation affective et sexuelle. La question « Comment on fait les bébés ? » ne doit pas vous mettre mal à l’aise : votre enfant risque sinon de ne pas oser vous en parler et ira chercher ses réponses ailleurs, sur Internet ou auprès des copains pas forcément mieux informés ! Contrairement à nos parents, nous avons la chance d’avoir une foule d’outils à notre disposition : de la lecture, des ateliers (Chantiers-Éducation, Cyclo-Show, TeenSTAR…), des conférences (Inès de Franclieu, Thérèse Hargot, Inès Pelissier du Rausas, Anne-Sixtine Pérardel…).

Bref, formez-vous sur ce sujet qui peut s’avérer passionnant !

 

L’avis d’une spécialiste, Anne-Sixtine Pérardel

Anne-Sixtine Pérardel, est conseillère en vie affective et sexuelle, conférencière * et intervenante sans les établissements scolaires auprès d’élèves du CM2 à la Terminale. Auteur de Révolutionner sa vie affective – 10 exercices pour réussir elle nous apporte ses réponses.

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À quel âge dont-on prévenir nos enfants des dangers de la pornographie ? 

En fait, pour moi le plus important c’est qu’il y ait une éducation affective et sexuelle à la maison. C’est dans ce cadre-là à mes yeux que la prévention au sujet de la pornographie sera la plus appropriée. Parce que vous ne parlerez pas QUE de ça, vous laisserez à ce sujet sa juste place et il ne deviendra pas une espèce de monstre dont il faut parler absolument à ses enfants. C’est délicat oui, mais je pense que c’est bien plus simple lorsque l’on explique à son enfant la puberté d’intégrer le sujet de la pornographie. Donc en gros 10 ans c’est à dire en CM2.

Là où le bât blesse et où ce que je dis est en décalage, c’est que trop peu de parents prennent ce temps avec leur enfant pour leur expliquer la puberté et développer une écoute active vis-à-vis de lui. Or c’est la base pour ouvrir la discussion à d’autres sujets ensuite…

Mon enfant a eu accès à du contenu porno en dehors de la maison, comment dois-je réagir ? 

Vous pouvez ressentir de la colère parce que vous avez tout fait pour le protéger, de la tristesse de le voir blessé/sali par cela, de la déception vis-à-vis des personnes qui ont pu lui en montrer ou être négligentes… Mais vous avez de la chance d’être au courant. Vraiment. Réjouissez-vous parce que vous avez la possibilité de remettre les choses en place ! Quand d’autres parents ne le pourront jamais parce qu’ils ne le sauront pas.

Oui ça fait mal de savoir que son enfant a regardé de la pornographie. Néanmoins le plus important c’est d’en reparler avec lui. L’objectif, c’est qu’il puisse raconter ce qu’il a vu, dire ses émotions, sans qu’il ne se sente jugé, méprisé ou fautif. Chaque enfant traite dans son cerveau différemment ce qu’il a vu : parler et mettre des mots sur cette « expérience » avec lui le rendra plus libre, et ce sera pour vous le moment de lui expliquer ce que c’est et en quoi c’est un mal pour lui.

Important : ne jamais relativiser le fait qu’il en ait vu. Un mal est un mal. Sans le juger, lui dire que la pornographie est une cochonnerie à ne pas regarder parce que ça dit l’inverse de ce qu’est l’amour par exemple, que c’est du mensonge laid et sale (par rapport à ce que vous lui aurez dit de l’amour …) lui donnera un cadre. Qu’il transgressera peut-être, mais qu’il aura en tout cas reçu. Là est le rôle des parents je pense. Et je pense que les pères peuvent avoir un impact particulièrement important sur leurs fils si c’est eux qui leur disent.

 

Pensez-vous que le renforcement de l’interdiction des portables à l’école et au collège prévue pour la rentrée 2018 par J.M. Blanquer, ministre de l’Education, limitera la diffusion du porno ou est-ce utopique ?

C’est toujours ça ! Tout ce qui peut enrayer le porno est bon. Mais si les parents donnent quand même à leurs enfants un téléphone portable avec Internet et les réseaux sociaux, la situation ne changera pas. Trop d’enfants (primaire et collège) ont des téléphones super puissants d’adultes. C’est ça le problème ! Mes élèves de 6ème et 5ème ont parfois des téléphones plus beaux et performants que le mien (j’ai quand même un Iphone 6…). Aux parents de prendre la mesure du danger : pas de téléphone, ou un téléphone sans internet jusqu’au lycée. Il vaut mieux passer pour un ringard quelques temps et le protéger. C’est vous qui savez ce qui est bon pour votre enfant… pas lui ! Je préfère aussi passer pour une ringarde auprès des parents, mais vu ce que je vois et entends en interventions scolaires ou en Point Ecoute, ce n’est pas possible de ne pas le dire.

* Conférence le 7 mars à ND de la Gare, 7 rue Dunois (PARIS 13e) Spéciale Parents : « Révolutionner sa vie affective… et celle de ses enfants » 20H30.

AS PérardelAS Pérardel

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©photo Zara

 

Perrine de Robien

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