Faut-il boycotter Halloween ?

Halloween, une fête omniprésente

Nul habitant de France n’aura échappé au fait que le pays entier s’apprête à fêter Halloween ce soir ! De la petite épicerie du village jusqu’aux grands magasins du boulevard, en passant par les centres commerciaux… C’est affiché en gros caractères dans les vitrines, à grand renfort de sorcières en chiffon, fantômes de baudruche et citrouilles aux sourires menaçants !

Halloween vs la Toussaint

Je me revois encore, il y a des années, pestant contre cette fête commerciale, importée, laide, voire diabolique. Et je ne peux nier que ce sentiment remonte à la surface chaque année !

J’avais d’ailleurs à cœur d’expliquer à mes jeunes enfants, à peine scolarisés, que nous, nous étions chrétiens ! Que nous fêtions la Toussaint, la fête de tous les saints, c’est-à-dire la Vie, le Beau, le Bien et la joie éternelle ! Je ne suis pas sûre qu’ils comprenaient bien le message, dans la mesure où je n’incarnais sans doute pas la joie éternelle en leur donnant ces explications et ces mises en garde…

Les enfants ont grandi et, ayant des yeux pour voir et des oreilles pour entendre, ils ont commencé à nous parler d’Halloween. Du petit cours d’anglais de l’institutrice jusqu’aux camarades leur demandant en quoi ils se déguiseraient et s’ils allaient toquer aux portes pour réclamer des bonbons.

Là encore, la pharisienne en moi se réveillait pour leur rappeler que nous, chrétiens, ne fêtions pas Halloween. Sous-entendais-je « nous, les purs, eux, les incultes, qui aiment le laid et confondent la Toussaint et le jour des défunts fêté le lendemain… » ? Je laisse Dieu juge, mais la tête basse !

Donc non, mon chéri, tu n’iras pas avec tes camarades réclamer des sucreries aux voisins !

Boycotter… pourquoi ?

Et puis… J’ai fini par me demander en quoi empêcher mes enfants de passer un bon moment avec leurs amis les rendrait davantage chrétiens. Ou leur ferait davantage comprendre la beauté de la Toussaint.

J’ai aussi trouvé que les enfants qui venaient sonner à nos portes étaient bien mignons. Et que si on pouvait saisir le moment pour leur parler de la joie et de l’espérance de notre fête chrétienne… On pouvait aussi les accueillir joyeusement et avoir prévu quelques friandises !

Le déclic s’est surtout fait le jour où j’ai laissé mes enfants (déguisés en gentilles sorcières – princesses – fantômettes) faire le tour des voisins, à la campagne. Après un après-midi organisé par le village pour découper et décorer les courges et fabriquer des lanternes colorées.

J’ai compris, par l’expérience, que l’on y vivait la joie de la rencontre. J’ai vu les sourires et les yeux humides de bonheur des villageois âgés qui avaient acheté (en quantité déraisonnable !) des bonbons, dans l’impatience que les enfants sonnent à leur porte. J’ai rencontré des familles grâce à un bon moment de creusage de citrouilles. Et j’ai sûrement loupé quelque chose en manquant la soupe qui était proposée le soir pour ne rien gaspiller des découpages !

Marquer la fête de la Toussaint

Depuis, nous laissons nos enfants participer aux fêtes organisées dans le voisinage si ça les enchante. Ils n’ont aucun goût pour le morbide et célèbrent à fond la Toussaint ! Parce qu’on met le paquet ce jour-là, comme un jour de Pâques ou de Noël ! C’est d’ailleurs ma fête préférée ! Et la litanie des saints, le chant qui me touche le plus. D’autant plus depuis une fausse couche il y a quelques années, et la certitude d’avoir un enfant au Ciel.

Les manières de vivre la Toussaint en famille sont nombreuses ! Pèlerinage dans le village autour d’un saint local, jeu de piste organisé par les plus grands pour les plus petits, histoires de saints, coloriage, décoration, dessert de fête…

Et quand on fait les courses pour célébrer la Toussaint, on n’oublie plus, désormais, les bonbons pour les enfants qui viendront toquer la veille au soir !

Adeline Voizard, auteur de « Comment sauver la planète à domicile » et « Les 10 clefs pour protéger notre monde »