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Hier soir, je suis rentrée chez moi après une journée de boulot fatigante. En sortant, j’étais allée chercher mes couches livrées à 5km de chez moi, mes enfants à la crèche, les médicaments pour mon mari et je suis rentrée telle un sherpa chez moi sous une pluie battante. Vous l’avez sûrement toutes vécu, ce moment où on ressemble à un chien mouillé très énervé, avec un ou plusieurs petits fatigués à essorer (qui ne peuvent/veulent pas monter les escaliers seuls) et où on se demande « Pleurer ou rire ? »
Les rituels du soir, les sacs préparés pour le lendemain, les repas à emporter, les câlins, la machine étendue… C’est fini… Mais quand même, je suis encore crevée… Mon mari rentre et je me décharge maladroitement sur lui. « Je suis fatiguée. Ça me fait beaucoup de tout gérer seule. Si tu avais été là…» et m’entends dire « Ah oui et qu’est-ce que tu voudrais hein ? Que je reste à la maison et que je m’occupe des enfants pendant que tu mènes ta grande carrière c’est ça ?! On ne peut pas tout avoir dans la vie ! »
Je ne veux pas le top, je veux juste un équilibre. Et ce n’est pas une liste au Père Noël ou une liste de caprices puisque je m’en donne les moyens !
Je travaille fort même si j’y prends plaisir, je rapporte 40% des revenus de ce foyer fiscal, j’entretiens les relations avec tout le monde (amis et famille élargie), j’équilibre les relations entre nos 2 familles respectives, je me rends disponible pour les cousinades, j’appelle régulièrement mes parents et mes beaux-parents, je ne manque pas les grands rendez-vous de la vie de mes amis et je jongle avec les agendas de tout le monde pour que nous nous voyions le plus régulièrement possible, j’allège ta petite vie logistique pour que tu aies du temps pour toi, je ménage des moments de famille le week-end, je lis une quantité de posts ou de bouquins pour accompagner mes enfants dans leur développement et j’essaie de mettre quelques astuces en pratique, je passe des heures sur chaque liste de courses chaque semaine pour conjuguer raison et plaisir de tous, je prends soin de notre chez nous à tous, je nettoie, je pourvoie aux petits besoins transparents de chacun, …
Tout ça je le fais autant pour toi, pour vous que pour moi certes ; mais je crois que ça me donne totalement le droit de tout vouloir !!!! Comme toi mon chéri…
Ça me donne aussi le droit de vouloir un petit coup de main de temps en temps.
Finalement, je suis « féministe » puisque ce n’est pas uniquement se battre publiquement pour ses droits, ce n’est pas uniquement ces jeunes femmes qui n’ont que leurs seins nus dans la rue pour se faire entendre, ce n’est pas seulement des grandes luttes pour de grandes causes pour des situations de souffrance bien plus grandes que la mienne ; c’est aussi à ma petite échelle exiger le droit d’avoir les mêmes besoins que toi et de le dire…
Je veux tout et alors ?
Paola Marceau
photo Virginie Hamon pour MV