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A l’heure où l’égalité des sexes est proclamée, nous voici confrontées, nous les femmes désireuses de gérer notre carrière et notre famille, à devoir trancher de manière tout à fait binaire entre un travail à temps plein et un travail à 80%.
Difficile de trancher quand les convictions nous amènent à vouloir tout choisir : un travail intéressant et l’envie d’être présente pour sa famille.
Pourquoi à l’heure de l’égalité des sexes, ne pourrions-nous tout simplement pas avoir le choix ?
Le choix de gérer une carrière en adéquation avec notre niveau d’études supérieures et l’envie de prendre du temps pour sa famille avant que les enfants quittent le nid.
Cela fait 7 ans que je suis devenue maman. Maman de jumeaux garçons et d’un troisième garçon en 3 ans et demi. Depuis toutes ces années, je suis en quête de sens vers un travail suffisamment enrichissant intellectuellement et humainement qui me permette de conjuguer mes 2 vies : professionnelle et familiale.
Depuis que je suis maman, mon envie de travailler et de donner le meilleur de moi-même n’a pas changé. Seules quelques priorités ont été modifiées et raccourcissent les fins de journées (moins de réunions tardives, moins d’afterwork…).
J’ai choisi de devenir auto-entrepreneure pour gérer moi-même mes contraintes de planning familial. Je travaille 4 jours sur 5, parfois le soir, parfois le weekend pour tenir les délais de mes clients et garder mon professionnalisme qui ne m’a pas quitté.
Être entrepreneure est loin d’être facile tous les jours. Les montagnes russes sont un peu notre fardeau pour gagner en liberté. Entre des périodes d’activités creuses et des périodes overbookées, il est nécessaire d’être entraînée comme une coureuse de trail pour endurer les dénivelés.
J’ai eu l’opportunité de tenter un énième entretien d’embauche dans l’espoir de réussir à convaincre mon recruteur que le 4/5ème était synonyme d’équilibre sans en oublier ma performance et ma disponibilité en cas de présence à des événements indispensables.
Je me suis retrouvée une nouvelle fois face à un mur. Un mur malgré les valeurs fortes autour de la diversité, des valeurs sociales…
Comment ne pas avoir envie d’agir pour faire évoluer les pensées et laisser le choix aux nombreuses femmes, mamans, diplômées de saisir leur chance et de s’épanouir tant professionnellement que personnellement ?
Pourquoi tant de quêtes de sens ? de revirements professionnels ? de décisions prises à contre-cœur pour maintenir un travail intéressant mais pas toujours compatible avec ses valeurs familiales profondes ?
Comment peut-on promouvoir le bien-être au travail alors que le bonheur, l’équilibre pourraient – pour certaines – tout simplement résulter d’un équilibre adéquat entre vie pro et perso ?
J’en viens à me poser cette question et à chercher la vérité.
Si on décompose 5 jours de travail :
L’égalité des sexes a du bon dans de nombreux domaines. Elle n’améliore pas totalement l’équilibre d’une vie partagée entre un travail et une famille.
L’égalité des sexes est à l’heure du rendement et de la productivité pour tous. Elle en oublierait la notion de « choix » propre à chacun.
Comment expliquer que certaines femmes, mères de familles nombreuses arrivent à gérer leur 4/5ème d’une main de maître ? Et que d’autres galèrent autant à oser le demander et en bénéficier ?
La gestion familiale offre la possibilité d’être flexible, d’être organisée, de savoir anticiper, de manager une petite tribu en quête d’affection et repères, de gérer les émotions, les imprévus et de faire preuve d’endurance…
A quand l’entreprise du XXIème siècle qui adopterait un modèle plus flexible pour les mamans travailleuses ? Quand arrêterons-nous de proposer le télétravail le mercredi en guise de compromis absurde ?
Le télétravail est une belle évolution mais pas si l’on doit gérer un coup de téléphone à droite, un biberon à gauche et si l’on travaille à côté des cris de joie des enfants qui s’amusent à la maison le mercredi !
Vouloir et pouvoir tout choisir devrait être LA liberté d’une maman travailleuse qui n’a pas cessé de vouloir servir son entreprise malgré l’addition de ses responsabilités personnelles.
Alexandra Caroni
Crédit photo : @rosielondoner