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« Jeudi 18h12.
Je suis dans la file de caisse du biocoop à côté de la maison. J’achète les deux- trois produits qui me manquent pour finir la semaine. Je suis avec mes 2 filles de 4 ans et demi et 6 mois. Je viens de les récupérer à l’école et à la crèche après une journée de 10 heures. Mon bébé pleure, exténué. Ma fille réclame tout ce qui lui semble attrayant. A ce moment, je sais (merci Catherine Gueguen) que le cortex préfrontal de ma fille aînée est déconnecté par la fatigue et par les multiples stimulations du lieu, ce qui la rend incapable de raisonner et de se maîtriser. J’ai en tête toutes les astuces de parentalité positive. Et pourtant, je suis démunie.
Nous avons toutes vécus ces moments de désarroi. Nous courrons toutes après le temps pour réussir à faire ce qui doit être fait – le fameux trio bain, repas, coucher – dans les temps impartis. Et souvent, trop souvent, nous sommes en mode automatique. Nous serrons les dents. Nous ne profitons pas de ce moment, le seul de la journée que nous passons avec nos enfants. Pourquoi ?
Ces derniers mois, il a beaucoup été question de l’impact de la charge mentale dans le quotidien des femmes. Ce problème existe, évidemment, mais un autre élément doit être pris en compte. Il s’agit de nos équilibres de vie.
Nous vivons dans une société où nos rythmes ne sont pas adaptés aux besoins de nos enfants, où la responsabilité d’un foyer est dépréciée, où les multiples tâches qui incombent au quotidien des parents de jeunes enfants sont dévaluées.
Si nous prenons le temps d’y réfléchir, personne ne valorise un parent qui quitte son travail tôt pour récupérer ses enfants à la sortie de l’école. Bien au contraire, ce comportement aurait plutôt tendance à être mal vu, assimilé à un manque d’investissement. Pourtant après 8 heures passées en collectivité nos enfants ont besoin de rentrer chez eux au calme, de se reposer et de se coucher suffisamment tôt pour affronter la journée du lendemain. Néanmoins, une organisation différente et une valorisation du temps accordé aux enfants semblent inconcevables alors que l’impact pour la société serait énorme.
Donner de la valeur à la parentalité. Lui accorder du temps, de l’importance. Ne plus avoir de gêne, de scrupule, voire de honte à organiser sa vie, y compris sa vie professionnelle, pour être disponible et garantir un quotidien non subi à sa famille pourrait bouleverser le monde dans lequel nous vivons.
S’il fallait imaginer les premiers pas vers une société plus équilibrée, deux mesures seraient à prendre d’emblée:
Mathilde M.
© photo Anaïs Eynard pour MAMAN VOGUE
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