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Caroline Goldman : « HPI est un grand mensonge ! »

 
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Enfant HPI Caroline Goldman
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Alors que la polémique autour du bienfait des punitions a beaucoup remué la toile et les médias ces derniers mois, une nouvelle polémique survient cette semaine. Caroline Goldman, la spécialiste aux idées bien affirmées, a refait parler d’elle en évoquant un sujet des plus délicats: la douance. Lors d’une interview vidéo accordée à Lou.mediafr, on l’interroge au sujet des enfants HPI. La jeune femme évoque alors un « grand mensonge médiatique ». Son intervention n’a pas manqué de faire réagir les internautes, laissant perplexes de nombreuses personnes. Publiée le 7 juin, elle compte déjà 141 000 vues. Maman Vogue a souhaité revenir sur ses explications pour tenter de mieux les comprendre et de soulever les questions qui en découlent.

Le sujet est délicat et n’offre aucun consensus de la communauté scientifique. Nous nous efforcerons donc ici de relayer les différentes thèses des spécialistes aujourd’hui.

Ce que dénonce Caroline Goldman au sujet des HPI

Disons-le tout de suite avant de recevoir des tomates: Caroline Goldman ne nie pas l’existence des hauts potentiels intellectuels. En colère contre le traitement médiatique de ce sujet, elle met en garde des diagnostics biaisés qui déforment la réalité. Elle réfute principalement l’idée que le haut potentiel puisse être source première d’un mal-être.

« Le haut potentiel n’est pas une maladie ! »

« Etre très intelligent, être très sensible, ce sont des qualités », explique la psychologue dans sa vidéo. « Et ceux qui pathologisent ces qualités sont des vendeurs de livres, de rêves. Parfois de méthodes de coaching et de thérapies vaseuses et tout à fait nébuleuses sur le plan théorique. Encore une fois, être sensible c’est plutôt merveilleux. (…) Tout cela ne devrait pas être pathologisé. »

La psychothérapeute soutient donc l’idée qu’être une personne à haut potentiel n’est pas être malade. Le HPI n’est pas un trouble. Elle insiste: « l’intelligence est une qualité au même titre que la gentillesse, la loyauté ou la performance sportive. Et quelqu’un a inventé l’idée qu’être intelligent pouvait être un problème et donner lieu aux symptômes que l’on rencontre habituellement en psychiatrie. » Pour elle, et pour les professionnels qui la soutiennent, le haut potentiel représente tout d’abord une chance. Ces ressources hors normes, bien exploitées, peuvent être très riches et à l’origine de belles réalisations.

Maxime Vidal, psychologue clinicien, surabonde en ce sens. Il explique: « J’aimerais me permettre un petit rappel qui risque d’en froisser certains, mais qui n’a pour objectif que de provoquer un sursaut thérapeutique chez ceux qui se fourvoient: être HPI n’est jamais un problème. Si on prend 1000 personnes, qu’on regarde qui est HPI et qui ne l’est pas et qu’on évalue comment vont ces 1000 personnes, on voit que les HPI s’en sortent mieux dans la vie. On note moins d’anxiété, moins de dépression. »

Des études qui se contredisent

« Le haut potentiel est au contraire un facteur de protection concernant la vie sociale, la réussite scolaire, la santé mentale », poursuit Maxime Vidal. Ce dernier point reste encore controversé aujourd’hui. Les études à ce sujet, dans la littérature sur l’anxiété et la dépression chez les enfants HPI, se révélant contradictoires entre elles. Un HPI pourrait être un facteur protecteur de l’anxiété et/ou de la dépression pour certains enfants. Pour d’autres enfants, il pourrait être un facteur de vulnérabilité, en particulier lorsqu’il est associé à une faible estime de soi ou une absence de soutien social.

Ce n’est pas le haut potentiel qui fait souffrir, mais d’éventuels troubles associés

Si on écoute l’interview de Caroline Goldman, on comprend que cette dernière ne nie pas que des troubles peuvent être associés au haut potentiel ! « A partir du moment ou cette sensibilité fait souffrir, explique-t-elle, c’est qu’il y a un autre problème psycho-affectif dessous. Et c’est évidemment ca qui doit être le travail du psy, d’aller chercher de quelle souffrance il s’agit. » Ce que dénonce la docteure en psychopathologie clinique c’est « d’avoir créé une maladie qui n’en n’est pas une et d’inventer tout un marché autour ». Au lieu de soigner les causes, on en invente une factice, à base de chiffres. L’objectif est de rassurer (et de facturer) les parents.

Maxime Vidal résume cela de façon très claire: « Si on a longtemps cru que le fait d’être HPI était la source de problèmes affectifs, c’est parce que parmi tous les HPI, seuls ceux qui vont mal vont chez le psy. Et ceux-là, sont en fait HPI et déprimés, HPI et anxieux, HPI avec des troubles de l’attachement, TDAH, TSA… ». C’est ce que Caroline Goldman appelle, dans son podcast pour Le Carnet Psy, le « biais de recrutement. « Les psychologues reçoivent par définition des enfants en souffrance et ne croisent pas les enfants à HQI en bonne santé psychologique, « dans la nature ». Donc généraliser des observations issues de leurs consultations n’est pas valide pour définir un « profil » d’enfants à HQI. »

Nous restons malgré tout en droit de nous demander si le haut potentiel favorise l’apparition de ces troubles autistiques, dépressifs, anxieux, de l’attachement, etc.

L’intelligence n’est ni déprimante, ni isolante sur le plan socio-relationnel

« Ces fantaisies ne reposent sur absolument aucune réalité scientifique tangible et démontrée », s’insurge Caroline Goldman. « Il est toujours beaucoup plus attractif pour des psys de raconter à des patients que s’ils ont des troubles du comportement ou qu’ils sont déprimés c’est parce qu’ils sont géniaux sur le plan intellectuel », poursuit-elle.

Quand on sait en tirer partie et l’exploiter correctement le haut potentiel serait donc une immense richesse ! Souvent très créatifs, les hpi ne manquent ni d’idées, ni de ressources. Ils travaillent souvent plus rapidement que les autres et plus efficacement. Que d’atouts !

S’il est vrai que l’intelligence ne saurait être à l’origine à elle seule d’un mal être, est-ce qu’aujourd’hui elle ne marquerait pas, malgré tout, une séparation avec les autres enfants ? Quand on préfère lire un bon livre plutôt que traîner sur les réseaux sociaux, n’est-ce pas source d’isolement dans notre société actuelle ? On sait que la différence fait peur, peut-être est-ce encore exacerbé dans la jungle d’une cour de récréation ?

Les hauts potentiels à l’épreuve de l’incompréhension ?

Ennui, fatigue… et démotivation ?

L’ennui favorise les manifestations anxieuses chez les hauts potentiels, qui ont besoin de sources de stimulation intellectuelle et émotionnelle fréquentes. Les hauts potentiels ont souvent une hyper-cognition (le fait de penser sans cesse) qui génère beaucoup de fatigue émotionnelle, nerveuse et psychique. L’acuité avec laquelle la personne HP perçoit les informations et la vitesse fulgurante de sa compréhension sont à prendre en compte. Il arrive que leur cerveau ne semble plus pouvoir contrôler le flux de données qui lui parvient. Cela qui peut aussi occasionner beaucoup de peurs et d’angoisses !

Le cerveau de l’enfant est en ébullition permanente et souvent l’enfant HPI dort moins que les enfants de son âge. On comprend dès lors que le fatigue peut également favoriser des difficultés de concentration ou un manque d’entrain social. Sachant cela, on pourrait se dire que c’est ce décalage avec la normalité de la société actuelle qui pourrait engendrer de l’anxiété ou un mal-être chez certains enfants (et adultes !) à haut potentiel. Le flux perpétuel d’informations reçues de nos jours par internet n’aide pas non plus à calmer les troubles anxieux !

Pour Pierre Vrignaud, l’école a également sa responsabilité dans une mauvaise prise en charge des HPI. « La scolarisation des enfants intellectuellement précoces (EIP) a été longtemps, en France, un sujet négligé. Sans être explicitement destinées à ces enfants des mesures récente ont été mises en place. Par exemple, l’accélération ou les possibilités d’individualisation des pédagogies, ont permis de donner aux EIP un dispositif pédagogique jugé mieux adapté à leurs possibilités et à leurs comportements. »

Le haut potentiel: une richesse pas toujours bien exploitée

Si l’intelligence des personnes à haut potentiel devrait être source de création et de joie, celle-ci serait comme étouffée, mise en sourdine, par un contexte social, familial, éducatif et environnemental freinant son épanouissement ?

Selon le psychologue clinicien Maxime Vidal, « il faudrait éviter de réduire nos enfants à des cerveaux, excluant toutes les dynamiques familiales, éducatives. Je comprends que la pensée « neuro » très en vogue aujourd’hui est confortable car elle permet d’éviter de penser aux relations affectives qui entourent nos enfants. Mais adapter l’école à un enfant HPI qui va mal sur le plan affectif ne l’aidera pas… »

En effet, le haut potentiel ne saurait être une étiquette réduisant un enfant à cette seule et unique caractéristique. L’intelligence supérieure à la moyenne de l’enfant peut l’amener à plus vite mémoriser une leçon ou saisir un concept. Elle a également besoin d’espace et de liberté pour s’épanouir. Le rythme de l’école est parfois jugé trop lent par certains d’entre eux. Le contenu, répété alors que déjà retenu, peut lasser, ennuyer et, de facto, démotiver l’enfant. Son potentiel serait alors inhibé, mis sous cloche avec impossibilité de donner de beaux fruits.

« Un poison dans les extrêmes ? »

D’après Nicolas Gauvrit, mathématicien français spécialisé en sciences cognitives et en psychologie, les personnes ayant les QI les plus élevés sont « généralement plus rapides mentalement, ont une mémoire immédiate en moyenne plus développée et sont, en général, capables de résoudre des problèmes plus complexes que le reste de la population. Un QI au-dessus de la moyenne est un avantage certain, prédicteur de réussite scolaire et professionnelle. » résume t-il.

« Néanmoins, les cas de surdoués éprouvant des difficultés de vie existent bel et bien, largement documentés par des études de cas et des témoignages détaillés. Dépression, anxiété pathologique, mélancolie ou simplement faible satisfaction de vie : les surdoués ne sont pas immunisés contre ces difficultés du quotidien. Certains auteurs, dont le plus célèbre est peut-être le psychologue polonais Kazimierz Dąbrowski (1902-1980), ont même avancé l’idée que si l’intelligence est une force à dose courante, elle devient un poison dans les extrêmes… »

Le psychologue polonais Kazimierz Dabrowski émit dans les années 1960 l’hypothèse que les HPI souffrent d’hyperexcitabilité dans divers domaines. Selon sa thèse, les HPI seraient hypersensibles, une caractéristique débouchant sur un risque accru de dépression ou d’anxiété. Ils seraient aussi particulièrement curieux et assoiffés de connaissances, ainsi qu’agités, ce qui laisse supposer un risque élevé de trouble de l’attention avec hyperactivité, débouchant parfois sur l’échec scolaire…. Ces fameuses hypothèses que Caroline Goldman combat aujourd’hui.

Un sujet qui passionne et divise

Un débat loin d’être clos ! Pour N. T., docteur en Sciences Humaines et Sociales, « Il y a beaucoup de médiatisation autour de Caroline Goldman, et parfois les spécialistes se trouvent à devoir se ranger dans le « pour » ou dans le « contre », alors que les problématiques autour de la psychanalyse et des TND, ainsi qu’autour du HPI (qui n’est pas un diagnostic) sont vraiment complexes. Une mécompréhension est vite arrivée ». D’autres spécialistes contactés pour l’article, « ne souhaitent pas entrer dans cette polémique ».

Le sujet, on l’aura compris, est complexe et fait l’objet de nombreuses recherches du corps scientifique. Si les diagnostics de haut potentiel sont de plus en plus fréquents aujourd’hui. N’est-ce pas aussi tout simplement parce qu’on en parle davantage ? D’aucuns soutiendront qu’on en parle trop, au même titre que l’hyperactivité ? Si, avant, le haut potentiel faisait peur, on le connaît mieux aujourd’hui. Beaucoup cherchent à l’inclure dans un système éducatif qui ne fut pas pensé pour lui à l’origine. Différenciation, prise en compte des particularités de l’enfant, exploitation de ses compétences transversales: autant de sujets pris à cœur par les enseignants se formant à l’heure actuelle. Un vaste projet et une problématique à suivre !

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