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Vivre un Noël solidaire en famille

 
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Loin des repas familiaux interminables et des innombrables cadeaux sous le sapin, certaines familles font le choix de passer un Noël différent, auprès des plus démunis. Nous avons donné la parole à Béatrice, Juliette et Fanny, qui ont choisi de vivre, une ou plusieurs fois, un Noël solidaire avec leur famille.

Que ce soit auprès de personnes de la rue ou de personnes âgés, elles nous racontent avec émotion ces moments de joie simples avec les isolés de la société, le temps d’un repas ou d’un spectacle. De quoi nous faire réfléchir sur la véritable magie de Noël.

Béatrice & Jean-Christophe

J’ai perdu mon papa le 24 décembre 2016. Un an après, je me suis fiancée avec Jean-Christophe. Nous souhaitions passer un Noël un peu différent. Il n’avait plus sa maman, et son papa était assez âgé.

Un repas de Noël avec les plus démunis

Nous avons passé notre Noël avec Chemins d’espoir, un groupe de la paroisse de ma maman, qui réunit des personnes marginalisées par la société. Chaque année, ils organisent un Noël Solidaire. Des personnes de la paroisse font un don monétaire ou alimentaire, et le groupe se rassemble le jour de Noël dans une des salles paroissiales, pour fêter la naissance de Jésus. Il y a un repas, précédé d’une messe, où chaque bénévole participe en préparant des gâteaux, des plats, ou en apportant des jeux de société. La journée se poursuit avec un temps fraternel, en chantant des chansons, ou bien en regardant un film.

Une joie simple

Cela change vraiment des Noël ordinaires ! Nous étions face à des gens, pour la plupart illettrés, qui n’avaient aucune connaissance de Jésus. Nous avons eu des échanges simples et agréables, sans aucun jugement. Nous avons vraiment passé un moment simple et heureux. Il y avait beaucoup de joie. Les gens riaient et mangeait à leur faim. Cela nous a fait réfléchir sur ce qu’est vraiment Noël : la profusion des cadeaux ou la naissance du Christ ? Mon mari ne fêtait quasiment plus Noël depuis le décès de son papa, et cela lui a ramené un peu de la magie de cette fête.

La joie vécue pendant cette journée m’a beaucoup marquée. Certaines personnes présentes n’avaient pas l’habitude de fêter Noël. Cependant, cette joie palpable, nous ne l’avons pas retrouvée ailleurs. Certains ont goûté des huitres pour la première fois. L’aumônier avait même apporté une gigue de sanglier !

Le désir de recommencer

Cette expérience a créé en nous une vraie volonté de recommencer. Nous ne l’avons pas encore refait depuis que nous avons eu des enfants, mais nous aimerions beaucoup le vivre à nouveau avec eux, quand ils seront plus grands. Nous essayons déjà de faire des choses solidaires dans notre ville, avec nos voisins.

Il faut le faire au moins une fois dans sa vie. Les enfants sont aptes à donner et à vivre cet autre Noël, avec les plus démunis. Voir le sourire, et même le rire de certains, aide réellement à apprécier cette journée un peu différente de celles qu’on à l’habitude de vivre.

Juliette

Avec mon mari, nous avons vécu plusieurs Noël solidaires, à différentes étapes de notre vie. Notamment, lorsque nous étions en colocation avec des gens de la rue, avec la communauté de l’Arche, ou lors d’un repas solidaire avec des personnes sans abri.

Un spectacle enchanté

Mais un de ceux qui m’a le plus marqué fut le dernier de nos Noël solidaire, en 2020, lors du Covid avec nos enfants. Nous avons deux enfants, qui avaient alors 8 et 4 ans : une fille et un petit garçon porteur de trisomie 21. Nous habitons Barbezieux (Charente) et avec notre paroisse nous avions préparé un spectacle pour des résidents d’une maison de retraite.

Le Covid avait fermé les portes des maisons de retraite, pour la plus grande tristesse des personnes âgées, qui n’avaient alors que très peu de visites. Il a fallu trouver une formule avec la direction de la maison de retraite pour que nous puissions quand même organiser quelque chose. Nous avons donc monté un spectacle à l’extérieur de la maison de retraite, visible depuis leurs fenêtres. Une centaine de paroissiens, de tous âges, dont une trentaine d’enfants, ont participé !

Nous avons commencé par chanter des chants de Noël, avec une petite chorale. Puis, à la nuit tombante, est arrivée parade qui venait de loin dans la campagne. Il y avait deux géants sur des échasses en vêtements blancs lumineux, et les enfants, déguisés en anges, avec des leds à leur ceinture et dans leur couronne. Cela faisait comme une petite nuée lumineuse qui s’avançait, sur un air de Bach. Cela a suscité une grande émotion. La parade est arrivée au pied de la maison de retraite sous des applaudissements. Nous avons ensuite dansé une chorégraphie sur deux chansons des Restos du Coeurs, qui parlaient de la joie d’être ensemble.

Une émotion palpable

Il y avait une unité Alzheimer au sein de la maison de retraite. Les enfants circulaient tout autour de cette unité. Les infirmiers qui accompagnaient les personnes étaient aussi très émus. Je me souviens particulièrement d’une petite mamie qui avait des larmes qui coulaient sur ses joues. Elle faisait toute fragile, et pourtant elle était toute belle. Certaines personnes nous envoyaient même des baisers. C’était magnifique, surtout que ce sont des unités où il n’y a jamais d’enfant.

On leur a ensuite fait distribuer dans leur salle à manger des cartes et des bougies de Noël, pour leur apporter, à notre mesure, la lumière de Dieu.

La joie de se donner

Notre famille a donc reçu cette grande joie de vivre vraiment Noël. C’était une joie que ne venait pas de nous, mais du fait de transmettre la magie de Noël à ces personnes, grâce aux enfants. Car il n’y a pas vraiment de meilleur cadeau que de donner de la joie à ces personnes, qui sont souvent très abîmées mentalement et physiquement.

C’était beaucoup de travail et de stress d’organiser cela, notamment avec la technique qui nous a lâché au dernier moment. Mais j’ai vraiment eu cette impression de vivre Noël avec une intensité profonde. Nos enfants étaient très contents, ils se sont donnés très généreusement. Certains hésitent à faire un Noël solidaire avec des enfants, mais les enfants se donnent si les parents sont dans un mouvement de générosité ! Ils n’ont aucune retenue, et se donnent complètement.

La joie de noël est très axée sur le matériel et les cadeaux. Dans un Noël solidaire, la vraie joie vient nous surprendre de manière très profonde, plus qu’un Noël classique entre le foie gras et les cadeaux. C’est un état très particulier, difficile à décrire, mais qui mérite d’être vécu.

Le désir de se donner de plus en plus

On vit souvent dans des contextes comme ça, ça fait partie de notre vie. Je vois les fruits de ces actions tous les jours, puisque nous faisons des choix alignés avec ce type de projet. La récompense de ce Noël solidaire c’est aussi d’avoir embarqué beaucoup de gens dans cette aventure, et de voir à quel point ça a marqué les cœurs.

Avec mon mari, nous avons beaucoup reçu, et on ne sait pas pourquoi, mais on a ce désir de donner en retour, d’être avec les plus pauvres et de leur donner de la joie. C’est une vraie joie que d’ouvrir sa famille aux personnes plus fragiles. C’est un appel profond, ancré dans notre foi et dans notre cœur.

Plus on connait la joie des Noël solidaire, plus on aime, et on a tendance à vouloir retrouver cette joie intense. Je dirais que plus on en fait, plus on a envie de recommencer.

Fanny

Lorsque j’étais étudiante, nous avons passé, avec mes parents et ma soeur, plusieurs Noël solidaires, avec le Noël des Isolés, une association à Orléans.

Un repas joyeux et bienveillant

Nous étions en service auprès de personnes de la rue. C’était sous forme d’un repas à table, et chaque bénévole était responsable d’une table en particulier. Nous devions veiller au bon déroulement du repas, un peu comme un ange gardien.

C’était très beau. Nous étions vraiment dans le service, et à Noël cela a tellement de sens. Les échanges n’étaient pas nécessairement profonds, mais un lien d’affection s’est crée, car nous prennions soin des personnes qui étaient là, et elles en avaient conscience. Nous touchions de près la misère humaine. Il y avait des gens de la rue et quelques personnes âgées, qui n’avaient plus l’habitude qu’on prenne soin d’elles. Ils redevenaient un peu des enfants, et le fait que ce soit à Noël jouait beaucoup là-dessus.

Je me souviens en particulier d’une dame qui raflait tout ce qu’elle pouvait de papillotes en chocolat. On sentait chez elle, et chez d’autres personnes, l’angoisse du manque. Je la voyais envelopper des morceaux de pain dans des serviettes en papier, parce que le lendemain, elle galèrerait certainement pour trouver à manger. Et j’ai pris conscience que j’avais beaucoup.

C’était un repas très joyeux. Les personnes étaient toutes émerveillées, avec la conscience de passer une soirée hors norme. C’était comme un retour en arrière pour eux, dans leur vie d’avant ou dans leur enfance. Beaucoup ne racontaient pas tant que ça leur misère actuelle, mais plutôt ce qu’ils avaient perdu. Il y avait vraiment cette joie de retrouver la douceur d’antan. Il y avait de la nostalgie mais pas de regret. On était dans le moment présent.

La féérie du don de soi

Quand, avec ma famille, nous sommes partis à la messe après le repas, nous ne parlions plus. Nous étions vraiment remplis de ce que nous avions vécu, en termes de dons. Cela n’a fait que confirmer le fait que quand on donne, on reçois au centuple. Nous étions peut-être encore plus heureux que les gens à qui nous avions rendu service. C’était un Noël de l’ordre du féérique, alors même qu’on avait vu de près la misère humaine. C’était comme dans un conte d’Andersen !

Montrer aux enfants le vrai sens de Noël

Je suis certaine que quand mes enfants seront plus grands, je le ferais avec eux. Avec mon mari, nous veillons ce que nos enfants fassent attention aux personnes de la rue. Ils ont conscience que certaines personnes sont vraiment démunies, mais j’aimerais qu’ils soient plus grands (adolescents) pour encaisser les histoires de vie parfois très dures. Je suis certaine qu’on peut apprendre à nos enfants la générosité et la bienveillance, de pleins de façons différentes, avant de vivre un Noël avec les sans-abri par exemple.

Forte de cette expérience, je pense plus facilement aux personnes qui sont dans la rue. Avec mes enfants, nous faisons souvent des gâteaux à Noël, que nous donnons ensuite aux personnes qui font la manche. On pose des jalons pour qu’ils comprennent que Noël, ce n’est pas seulement les cadeaux et le foie gras.

Il est vrai que certains peuvent être bloqués par les obligations familiales et ne pas oser passer de Noël auprès des pauvres. Ça peut faire un peu grincer des dents dans certaines familles. Mais je suis certaine que si on met la main dedans ça donne envie de recommencer.

Merci à toutes les trois pour vos magnifiques témoignages !

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