Chaque 8 mars, nous fêtons la journée de la femme et, chaque année, nous oublions une partie de l’énoncé. Non, le 8 mars n’est pas la journée de la femme, mais bien la journée internationale des droits des femmes. Quelques petits mots qui font toute la différence…
Alors que célébrons-nous exactement lors de cette journée ? D’où vient cette date du 8 mars ? Et qu’en est-il des droits des femmes en 2024 ?
Internationale, car cette journée a été officialisée en 1977 par les Nations Unies. Mais la tradition d’une journée consacrée à la condition des femmes est plus ancienne. Dès 1909, les Etats-Unis fêtent la journée nationale de la femme le dernier dimanche de février. Puis, en août 1910, sous l’impulsion de la conférence internationale des femmes socialistes et d’une militante allemande, Clara Zetkin, cette journée s’universalise sans que de date précise ne soit avancée. D’autres pays commencent alors à célébrer cette journée comme l’Allemagne, l’Autriche, le Danemark et la Suisse. En Union soviétique, une journée des ouvrières existe dès 1914.
Finalement, la date du 8 mars sera retenue officiellement en mémoire des manifestations d’ouvrières à Pétrograd marquant les débuts de la révolution russe de 1917. En 1945, au sortir de la guerre, la journée des femmes est fêtée dans tous les pays socialistes. En France, il faudra attendre 1982 pour que la journée internationale des droits des femmes soit reconnue.
Le 8 mars n’est pas une espèce de saint valentin bis où on offre des fleurs à sa dulcinée et où les hommes se souviennent soudainement des bienfaits de la galanterie. Non. Il s’agit de sensibiliser à travers le monde aux droits des femmes et à l’égalité entre les filles et les garçons. Un programme bien plus ambitieux et essentiel, vous l’accorderez.
La journée internationale des droits des femmes est un puissant outil de sensibilisation et permet d’impulser de nombreuses actions internationales. Dans les écoles, les bureaux, les universités et au sein de la société civile, cette journée est un tremplin pour une réflexion et initier de nouvelles pratiques en terme d’égalité homme / femme. Ensemble, nous pouvons réfléchir aux avancées qui ont déjà été faites en la matière mais également faire le point sur tout le chemin encore à parcourir.
De Paris à Alger, en passant par Mexico et New Delhi, partout dans le monde des manifestations s’organisent ce jour-là pour dénoncer les inégalités toujours présentes entre les hommes et les femmes. Mais, en 2024, où en sommes-nous ?
Certains gros progrès ont été faits comme l’indiquent les chiffres de scolarisation dans le monde. L’écart entre les garçons et les filles non scolarisés s’est réduit, passant de 6 points d’écart à seulement 2 (en 2000, 18% des filles n’étaient pas scolarisées, contre 10% en 2020 *). L’accès à l’école primaire s’est amélioré ces vingt dernières années, profitant majoritairement aux filles.
Cependant, l’inégalité entre les hommes et les femmes reste un sujet majeur dans toutes les sociétés. En France, les femmes gagnent toujours 15% de moins que les hommes à temps de travail équivalent. Et, plus on progresse dans l’échelle des salaires, plus l’écart se creuse. Ainsi, les 10% des femmes les mieux rémunérées ont un salaire minimum inférieur de 17% à celui des hommes. Dans le domaine professionnel, l’inégalité n’est pas seulement salariale puisque moins d’une entreprise sur trois est dirigée par une femme. Et, lorsque l’entreprise dépasse les 50 salariés, le chiffre tombe à une femme sur cinq parmi les dirigeants.
Alors pourquoi un tel constat ? Cette inégalité d’accès aux hautes fonctions s’explique probablement par une forte scission en France entre les métiers dits “féminisés” et les métiers dits “masculinisés”. Les femmes se dirigent majoritairement vers les domaines professionnels du soin, de la santé, des services aux particuliers et des postes administratifs. Les métiers de secrétaires, comptables, assistantes maternelles ou encore employés administratifs sont exercés à 70 % par des femmes. Au contraire, dans les métiers de l’industrie, de l’informatique ou du bâtiment, on retrouve 64 % d’hommes. De grands progrès sont encore à faire pour casser ces codes professionnels et ce depuis les toutes premières filières de spécialisation et de professionnalisation.
Chaque année, l’ONU choisit une thématique spécifique pour cette journée. En 2024, la journée des droits des femmes est consacrée à ‘Investir en faveur des femmes : accélérer le rythme’.
Ce sujet est loin d’être anodin et traite directement l’agrandissement des inégalités entre les hommes et les femmes dans le futur. L’un des principaux obstacles à la réalisation de l’égalité des sexes d’ici 2030 est le manque alarmant de financement, avec un déficit annuel vertigineux de 360 milliards de dollars US pour les dépenses consacrées aux mesures en faveur de l’égalité des sexes. Les organisations féministes prennent la tête des initiatives contre les inégalités et la pauvreté des femmes mais ces projets ne perçoivent que 0,13 pour cent du total de l’aide publique au développement.
Salaire, métier, orientation professionnelle, précarité… Voici une infime partie des sujets que nous pourrons soulever lors de ce 8 mars. De nombreux sujets attendent encore sur la table (partage des tâches domestiques, représentation des femmes en politique, accès aux hautes fonctions…), alors au boulot !
* Les chiffres cités sont issus de l’Observatoire des inégalités
** Chiffres donnés par le site des Nations Unies