Que c’est miiignoooon!
Est-ce que je le recommanderais à d’autres ?
Non!
Mais honnêtement: on ne se marie pas sur recommandation.
Se marier jeune a ses avantages et ses inconvénients, se marier plus tard en a d’autres, et il paraît que c’est surtout
- avec qui on se marie,
- pourquoi on se marie (pour quelles raisons),
- et pour quoi on se marie (dans quel but),
qui comptent.
L’âge du capitaine, là-dedans, ne pourra influer que sur, éventuellement, la capacité à discerner ces 3 points.
Bref, quoi qu’il en soit, nous nous sommes mariés jeunes, avant même la fin de nos études, et c’était mignon, et tout notre entourage présent ce jour-là était ravi d’être témoin de notre bonheur.
Ce qui fut moins mignon, ce fut l’année qui suivit. Et évidemment, peu de gens furent témoins de nos malheurs.
Mais à vous, je vous le dis: notre première année de mariage, à Monsieur Bout et à moi, fut calamiteuse.
Affreuse.
Nous avons rempli des jerricans de larmes, gueulé à rendre sourd un troupeau d’éléphants, boudé/fait la gueule à qui mieux mieux, et nous sommes balancés des vacheries à faire pâlir d’envie un humoriste de boulevard.
Mais bon, ce fut une année de transition, une année d’apprentissage.
Apprentissage de la vie à deux, de la communication de couple.
Un apprentissage un peu violent, un peu hard-core, mais dont les leçons nous ont bien servi par la suite et nous servent toujours.
Alors pour vous aujourd’hui, voici 3 leçons que nous avons tirées de cette première année (grosso modo, hein) en mode Koh-Lanta du couple (et comme pour mon billet sur la compatibilité entre le fait d’être parent et ses propres limites, je vais découper ma réflexion sur plusieurs parties : 1, 2, 3 !).
Leçon n°…0 (ouais, je triche déjà)
ça a TOUJOURS l’air de fonctionner mieux dans le couple du voisin.
Pourquoi est-il crucial de garder cela en tête?
En ce qui nous concerne, nous en avons fait les frais à l’époque: les difficultés de nos premiers mois de mariage ont été empirées par le fait que je me disais que ce n’était pas normal, que y avait qu’à nous que ça arrivait. Un mode de pensée assez désespérant et qui laisse la porte ouverte à des doutes en mode
« eh mais si ça se passe si mal chez nous, ne serait-ce pas qu’au départ y a une erreur de casting?«
Notons que cette illusion qu’un couple « bien construit » est un couple dans lequel tout baigne, ou presque, est abondamment nourrie par les médias de toute sortes.
- On nous y montre des gens marchant main dans la main sur une playlist adaptée, avec, au mieux (si les héros ne sont pas trop occupés à sauver le monde et/ou lutter contre des ennemis extérieurs au couple), une bonne grosse dispute au milieu qui est résolue à la fin,
- mais pas du tout l’enchainement de mini broutilles qui donne envie de massacrer son conjoint / fait de lui l’ennemi intérieur au couple.
- Dans la plupart des livres et des films, si ça ne va pas, si vraiment y a des trucs pas chouettes qui se passent / se disent, c’est que: c’est pas l’bon.
En ce qui nous concerne, nous avions pourtant, dans le cadre de notre préparation au mariage, réfléchi au fait que nous pourrions être amenés à rencontrer des difficultés entre nous, et étions déterminés à les affronter, mais… pas si tôt! Oui, un passage à vide autour de 10-15 ans de mariage, OK. Mais avant, et surtout au début, ce serait cui-cui les petits oiseaux.
Illusion, et sentiment de solitude dans notre malheur du coup, encore renforcés par le fait que, jeunes mariés, notre entourage (qui, rappelons-le, nous avait trouvés si mignons par une belle journée d’août), nous accueillait avec des « alors, les tourtereaux, toujours sur votre petit nuage?«
(nooooooooooooooooooooooooooooon)
Quand 8 mois plus tard j’ai pu avoir une grande conversation avec une amie très chère, également jeune mariée, et réaliser que chez elle aussi c’était compliqué, j’ai pu me détendre un peu.
Or, être un peu plus détendu, pour aborder des problèmes de couple, c’est précieux: ça permet de se focaliser sur les vrais problèmes sans perdre du temps à se demander ce que le destin voulait.
Depuis, j’ai toujours en tête que peu de couples étalent au grand jour leurs petites, moyennes, et grandes disputes!
Ce n’est pas parce que nous débarquons chez des amis et envions l’harmonie qui règne entre eux (alors que nous n’avons arrêté de nous enguirlander qu’au moment d’appuyer sur leur sonnette), qu’eux-mêmes n’ont pas également interrompu une splendide engueulade à l’instant où le bruit de ladite sonnette a retenti (voire c’est pour cela qu’ils ont tardé à répondre à notre coup de sonnette; ce qui, à nous, nous a laissé le temps d’un dernier coup bas).
Il est donc souvent contre-productif de se lamenter en se disant qu’on aurait bien la relation qu’ont les voisins d’à côté
- ce sont deux individus différents des deux individus qui constituent notre couple, donc forcément la relation ne peut pas être la même
- cette relation a incontestablement ses points sombres, aucun doute à avoir là-dessus
- Il vaut mieux ne pas perdre d’énergie à regarder par dessus la haie du voisin, mais continuer à bêcher ses propres plates-bandes
Une exception!
Quand on s’entend suffisamment bien avec le voisin pour pouvoir vraiment discuter de points spécifiques de jardinage: « comment gères-tu tel aspect?« .
- En ayant confiance qu’il aura la simplicité de dire si il ne gère paaas duuuuu toooooout
- et peut-être, retirer de la conversation l’une ou l’autre astuce / point de vue différent et enrichissant, ou en tous cas une incitation à continuer à travailler l’aspect en question.
Bref, donc, c’est un peu comme en parentalité: non, il n’y a aucun enfant qui ne fait jamais de colère et aucune maman qui arrive toujours à tout bien gérer; donc le fait de patauger n’est pas un souci en soi. Ce qui fait toujours un souci de moins!
Bon, et une fois qu’on patauge bien, comment peut-on faire pour éviter de rester englués dans la boue?
Suite au prochain numéro
Conséquence accessoire de ces quelques lignes: si par hasard en lisant les billets qui vont suivre vous vous désespériez de ne pas avoir épousé Monsieur Bout / ne pas fonctionner comme ça….
STOP.
D’abord Monsieur Bout est monstrueusement relou, je n’ai pas écrit de billet contenant la liste de ses défauts, tout simplement parce que déjà que j’ai tendance à écrire un peu longuement en général, là je battrais tous mes records.
Ensuite à vous de voir ce que vous pouvez retirer de notre expérience, ce qui pourrait être transférable, ou non, dans votre microcosme conjugal à vous. Prenons une métaphore botanique: si vous êtes de type climat équatorial, ne vous désespérez pas de ne pas voir pousser de sapins chez vous! En revanche, certaines expérimentations demeurent possible et des plantes à qui on ne prédirait pas une grande espérance de vie peuvent se révéler capables, à l’usage, de coloniser un terrain pourtant jugé hostile.